Morris (auteur)Morris
Maurice de Bevere, dit Morris, né le à Courtrai (province de Flandre-Occidentale) et mort le à Bruxelles (région de Bruxelles-Capitale), est un auteur de bande dessinée belge connu comme créateur en 1946 de Lucky Luke, série populaire qu'il a dessinée jusqu'à sa mort, seul ou en collaboration avec divers scénaristes, dont René Goscinny. Il a qualifié pour la première fois la bande dessinée de « neuvième art » dans le journal Spirou, en 1965[1]. BiographieJeunesse et débutsMaurice de Bevere naît à Courtrai le [2]. Son père est fabricant de pipes. Flamand, il parlera néerlandais aussi bien que français. Il fréquente le collège Saint-Joseph à Alost, tenu par des jésuites en soutane (qui l'inspireront plus tard pour dessiner des croque-morts[3]). Il montre de l'intérêt pour le projecteur Pathé Baby qui lui permet de projeter des films en 9,5 mm image par image et ainsi décomposer le mouvement. Il apprend l'animation grâce aux cours par correspondance de Jean Image[2]. À 20 ans il travaille comme encreur dans un studio belge de dessins animés (CBA) et rencontre Peyo, André Franquin et Eddy Paape. Plus tard avec Franquin, Will et Jijé, il formera un groupe d'illustrateurs qu'on surnommera « La Bande des quatre ». En 1944, Morris fait de l'illustration pour Le Moustique, Humoradio (équivalent flamand du précédent) et Het Laatste Nieuws[2]. Avec Lucky LukeEn 1946 il crée le personnage de Lucky Luke dans une aventure appelée Arizona 1880 qui paraîtra fin 1946 dans L'Almanach Spirou 1947 des éditions Dupuis. En 1947 paraît le début de La Mine d'or de Dick Digger sur un scénario de son frère, Louis De Bevere[4] dans l'hebdomadaire Spirou[5]. À partir de 1949 la série sera éditée en albums. Si Morris choisit le journal Spirou pour publier ses bandes dessinées plutôt que Tintin, c'est parce qu'il trouve Spirou plus ouvert et plus fantaisiste que son concurrent très marqué par le style d'Hergé. En outre, il travaille déjà pour le studio de dessins animés des éditions Dupuis et a dessiné quelques cartoons pour le magazine Le Moustique, alors propriété de Dupuis. Sur conseil de son éditeur, il part habiter chez Jijé, seul auteur belge de l'époque à faire sérieusement de la bande dessinée, selon les propres propos de Morris. Il y retrouve André Franquin, qui vient de reprendre la série Spirou et Fantasio, et un peu plus tard Will, qui reprend Tif et Tondu. Au contact de Jijé, il apprendra beaucoup de techniques de la bande dessinée, notamment le dessin d'un croquis d'après nature, grâce à plusieurs séances par semaine sur modèle vivant[c 1]. En 1948, Morris, Franquin et la famille de Jijé décident de partir pour les États-Unis. Pour Jijé ce départ est avant tout politique, craignant une troisième guerre mondiale qui transformerait l'Europe en zone occupée par les troupes de Joseph Staline ou en zone dévastée par les bombes atomiques[6]. Pour Morris, ce voyage est plutôt motivé par l'envie de découvrir les décors et les méthodes de travail des auteurs aux États-Unis, qu'il considère comme le pays de la bande dessinée[c 2]. En , après plusieurs mois passés au Mexique, ses compagnons de voyage repartent vers l'Europe[7]. Morris reste aux États-Unis, d'où il continue d'envoyer régulièrement des planches au journal Spirou. Il fait la connaissance de Jack Davis et de Harvey Kurtzman et assiste à la naissance du magazine Mad en 1952. Début 1952, il retourne temporairement en Europe à la mort de son père et réalise avec son frère Louis L'Élixir du Docteur Doxey[4]. Aux États-Unis il fait également la connaissance de René Goscinny, qui partageait un studio de dessinateur avec Kurtzman et John Severin[2]. À partir de 1955 Morris, qui prend peu de plaisir au travail de scénariste et préfère se concentrer sur le dessin, commence à confier à Goscinny les scénarios de Lucky Luke. Leur premier album commun paraîtra dans Spirou en avec Des rails sur la prairie. Il rentre ensuite définitivement en Belgique et, après une dernière aventure réalisée avec Louis de Bevere, Alerte aux Pieds-Bleus[4], il collabore avec Goscinny jusqu'à la mort de celui-ci en 1977, après quoi Morris s'adjoint les services d'autres scénaristes[2]. De 1964 à 1967 Morris et Pierre Vankeer réalisent La Chronique du 9e Art[8], ainsi que quelques histoires brèves publiées dans Spirou. En 1968 Lucky Luke paraît dans Pilote. De à Lucky Luke est publié dans le mensuel Lucky Luke[2]. Après la mort de Goscinny Morris choisit d'autres scénaristes comme Xavier Fauche, Bob de Groot, Jean Léturgie, Lo Hartog van Banda, Vicq, Guy Vidal, etc., en utilisant alternativement les services de l'un ou de l'autre selon les albums[2]. En 1983, Lucky Luke arrête de fumer et troque sa cigarette contre une brindille. Le , à Genève, Morris est récompensé par l'OMS (Organisation mondiale de la santé) lors de la Journée mondiale sans cigarette. En 1987, il crée la série dérivée Rantanplan (le chien idiot d'un pénitencier, dont se moque volontiers Lucky Luke les quelques fois où il est amené à le retrouver), scénarisée par Xavier Fauche et Jean Léturgie, dessinée par Michel Janvier qui alternera les crayons avec Vittorio Leonardo à partir de 1993[2]. Fin 1990, il fonde Lucky Productions (actuellement Lucky Comics), en partenariat avec Dargaud[2]. Le il reçoit le Grand prix spécial du 20e anniversaire du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême. Le , Morris meurt à Bruxelles d'une embolie pulmonaire consécutive à une chute accidentelle[9]. Morris est un des rares auteurs de bande dessinée dont toute l'œuvre tourne autour d'un seul héros. La seule histoire de Morris à ne pas se situer dans l'univers de Lucky Luke, ni même dans le décor du Far West, est Du raisiné sur les bafouilles, une courte histoire de gangsters scénarisée par René Goscinny et publiée en 1956 dans Le Hérisson : les auteurs envisagèrent de donner une suite à cette histoire en lançant une nouvelle série, mais l'idée fut vite abandonnée, Morris étant à l'époque déjà trop pris par Lucky Luke[10]. En outre, il participe aux albums collectifs : Il était une fois... Les Belges (Lombard, 1980), Rocky Luke - Banlieue West (SEDLI, 1985), Images du scoutisme - 50 ans de calendrier FSC (FSC, 1991), Rire c'est rire (F.I.R., 1995), La BD du 3e millénaire (Loterie romande, 1999), Boule et Bill font la fête (Dargaud, 1999) et Contes de Noël du journal Spirou 1955-1969 (Dupuis, 2020). ŒuvresAlbums
Collectifs
Revues
InfluenceMorris a eu une forte influence sur des artistes belges comme Conz, Luc Mazel, Ever Meulen, Erik Meynen, Luc Morjaeu, Ploeg, Marcel Remacle, William Vance et Philippe Wurm. En France, il a inspiré Jean Bastide, Thierry Capezzone, Didier Conrad, Nikita Mandryka, William Maury et Jacques Tardi. En Suisse : Zep, en Allemagne : Flix comptaient parmi ses partisans[22]. RéceptionDistinctions
Prix et récompenses
PostéritéEn 1993, une fresque murale Lucky Luke faisant partie du parcours BD de Bruxelles est inaugurée. Elle est située à l'angle des rues de la Buanderie et T'Kint, elle couvre une superficie de 180 m2 et sa réalisation est due à l'association Art mural[27]. En 2021, le site BD Gest' le fait entrer dans le panthéon de la BD par le Hall of Fame franco-belge[28]. Notes et référencesNotes de type "c"
Références
AnnexesBibliographieLivres
Périodiques
Articles
Vidéographie
Liens externes
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