Morengy

Morengy
Élèves de BTS, adeptes du Moringue réunionnais lors d'une démonstration le 3 avril 2010, sur l'aire de repos de la plage de Saint-Pierre de La Réunion. Les gestuelles se rapportent aux danses tribales.
Élèves de BTS, adeptes du Moringue réunionnais lors d'une démonstration le , sur l'aire de repos de la plage de Saint-Pierre de La Réunion. Les gestuelles se rapportent aux danses tribales.

Forme de combat Sport de combat
Pays d’origine Océan Indien : Madagascar, La Réunion, Mayotte, Comores (Anjouan et Mohéli).
Fondateur Dynastie Maroseranana de l'ethnie Sakalava[1].

Le morengy (ou moraingy) est un sport de combat originaire de Madagascar, pratiqué dans les îles de l'Océan Indien. C'est une forme de combat debout à main nue, incluant les coups de pied, de genou et parfois les coups de tête[2] ; les techniques de corps à corps sont exclues. De nos jours, on en trouve encore une pratique authentique à Madagascar, Mayotte, Anjouan et Mohéli.

Variante réunionnaise : le moringue

La version réunionnaise moderne, connue localement sous l'appellation « moringue », a peu de choses en commun avec le moraingy originel. Cette version a été créée en 1996 à l'île de La Réunion et utilise pour sa part :

  • la codification de la lutte africaine (très largement inspirée d'un ouvrage de Frédéric Rubio édité en 1990 par la CONFEJES, l'organisme responsable des Jeux de la Francophonie)
  • et une gamme technique analogue à la capoeira brésilienne (avec musique et danse, mais sans frappes réelles).

Selon certains historiens et certains politiciens, le moringue trouverait son origine au XVIIIe siècle dans les grandes exploitations de canne à sucre – mais cette hypothèse est largement contestée dans les milieux universitaires réunionnais. Le code noir ne permettant pas aux esclaves de se battre, ceux-ci, originaires d'Afrique et de Madagascar, mirent au point le moringue, style de combat combinant musiques (notamment les percussions) et techniques martiales afin de ne point faire naître chez les maîtres la suspicion d'une capacité de révolte, en ne donnant à voir qu'une danse tribale.

Selon les connaissances actuelles, il est beaucoup plus probable que le moraingy malgache vienne du tomoi malais. Il aurait selon toute vraisemblance été introduit à Madagascar tout au long du peuplement de la grande île par les migrations austronésiennes (Malaisie, Indonésie, ..). Fin 2017, le premier film d'animation sur le moringue est réalisé par l'auteur Mickaël Joron : Le moring, l'art-martial réunionnais[3]. Le court-métrage animé est diffusé sur Youtube, il explique l'origine des techniques de ce sport de combat.

Étymologie

Le mot dérive du malgache moraingy, une lutte-boxe. Le moringue est donc pratiqué au rythme de percussions jouées pendant les matches ou les entraînements.

Le rouler est l'instrument primordial à la pratique. C'est autour de celui-ci que va se dérouler la danse/combat. C'est en fonction du rythme du rouler que le combat sera lent ou rapide.

Pratique

Tenue vestimentaire

La tenue vestimentaire des pratiquants de morengy se compose d'ordinaire d'une chemise blanche et d'un pantalon de même ton. La signification reste inconnue. Toutefois, il n'est pas rare de voir des adversaires s'affronter torse nu et le bas du pantalon remonté jusqu'au mollet. Par ailleurs lors de toute la pratique, les adeptes ne sont pas chaussés.

Les adeptes se laissent emporter par le son du rouler.

Hétérogénéité des pratiquants

Si, à l'origine, la pratique semble ne concerner que les hommes, il n'est pas rare de nos jours, notamment à La Réunion, d'y trouver aussi des femmes, tout aussi bien en tant que membre musicien que combattant.

Lieu

Le moringue se déroule sur un rond de moringue[4].

Il est essentiellement pratiqué :

À La Réunion, sa redécouverte et son développement actuel a notamment été porté par Jean-René Dreinaza, trois fois champion de France et trois fois champion d'Europe de boxe française.

Cependant, la sauvegarde des gestes et des musiques a été transmise aux associations de moringue par des anciens de la culture créole, notamment Narsama Maxime et Simapirave Bachelier[5].

Dans la culture populaire

  • 2017 : Le moringue, l'art-martial réunionnais expliqué aux enfants (court-métrage d'animation)

Sports semblables

À la Guadeloupe, le sové vayan, le mayolè et le bénodin. À la Martinique, le danmyé et le ladja.

Le tomoi : boxe pied-poing traditionnelle, originaire de Malaisie.

Notes et références

  1. (en) Thomas A. Green et Joseph R. Svinth, Martial Arts of the World: An Encyclopedia of History and Innovation [2 volumes]: An Encyclopedia of History and Innovation, ABC-CLIO, (ISBN 978-1-59884-244-9, lire en ligne)
  2. Ernest Ratsimbazafy, Deux pratiques traditionnelles de combat à Madagascar: Savika du Betsiléo et Moraingy du Menabe, éditeur inconnu, (lire en ligne)
  3. Un film d'animation pour expliquer le moring aux enfants Zinfos 974 article du 24/12/2017
  4. LP / Olivier de Larichaudy, « 20 Désanm  : La Réunion célèbre l’abolition de l’esclavage, une Fèt Kaf repensée à cause du Covid - Réunion la », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  5. Ma Région et moi, Edition N° 12 année 2009, dossier : identité, culture et mémoire, p. 29

Bibliographie

  • André Jean Benoît, Le moringue : un « sport » traditionnel à l'île de La Réunion, Musée de Villèle, Saint-Gilles-les-Hauts, La Réunion, 1994, 32 p. (ISBN 9782908837070)
  • Jean-René Dreinaza, Sport, culture, culte, réussite professionnelle: Le parcours atypique d'un Réunionnais, Océan Éditions, 2013.
  • Sudel Fuma et Jean-René Dreinaza, Le moring, art guerrier. Ses origines franco-malgaches, sa pratique à la Réunion, Océan Éditions, 1992.
  • Aurélie Lallement, Le « moringue » à travers son aspect identitaire, Université de La Réunion, 1999, 143 p. (mémoire de maîtrise d'Ethnologie)

Voir aussi

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