À la fin de l'année 1928, il s'installe à Paris, suit les cours de l'École Technique de Photographie et de Cinématographie (ETPC) qui vient d'être fondée en 1926 au 85 rue de Vaugirard ; il suit également des cours du soirs à l’Académie Moderne donnés par Fernand Léger dans son atelier du 86, rue Notre-Dame-des-Champs[1].
Moï Ver s'installe comme photographe indépendant. Il revient à Vilnius en et réalise un reportage sur le quartier juif de la ville. Ses photographies sont exposées lors du 16eCongrès sioniste qui a lieu à Zurich du au ; Emil Schaeffers, directeur de la collection Das Schaubuch aux éditions Orell Füssli, les publie en 1931 sous le titre Ein Ghetto im Osten. Wilna [Un ghetto à l’est. Vilnius]. Le livre paraît sous le nom de naissance de Moï Ver, Moshe Vorobeichic, et en deux versions : hébreu et allemand, hébreu et anglais[1],[2],[3].
En 1931 Moï Ver publie à Paris un livre de photographies, Paris, aux éditions Jeanne Walter, avec une préface de Fernand Léger[4].
Il commence en 1931 le projet Ci-Contre, un album de photomontages dont il envoie la maquette, composée de 110 tirages en vis-à-vis, à Franz Roh, historien de l'art et directeur de la collection Fototek ; Roh est intéressé par le travail de Moï Ver, qui se caractérise par des rapprochements inattendus entre les hommes, la nature et les formes de la modernité (rails, cheminées d'usine...)[5], et il cherche un éditeur ; mais la montée du nazisme arrête le projet ; la maquette reste en possession de Franz Roh et Moï Wer perd le contact avec l'historien en 1933. Deux collectionneurs allemands, Ann et Jürgen Wilde, achètent la maquette originale de Ci-Contre en 1968 avec les archives de Franz Roh et contactent Moï Ver. En 2004, après en avoir acquis les droits, Ann et Jürgen Wilde font publier Ci-contre : 110 photos de Moï Wer - Moshé Raviv - Vorobeichic[6],[1],[7].
En 1932, Moï Ver est envoyé comme photojournaliste par la revue La Vie parisienne et l'agence Globe-Photo à Tel-Aviv en Palestine mandataire, pour réaliser un reportage sur la première édition des Maccabiades, rencontres sportives juives organisées tous les quatre ans à l'image des Jeux olympiques[8].
En 1934, il émigre en Palestine mandataire ; il prend le nom de Moshe Raviv. Il continue à travailler comme photographe et réalise des missions de documentation et de publicité jusqu'en 1948, photographiant notamment la construction des infrastructures et la vie quotidienne dans les kibboutz[9]. Installé à Safed où il crée en 1953 une colonie d'artistes, il se consacre au graphisme et à la peinture, notamment religieuse, qui deviennent sa seule activité à partir des années 1950[6].
Publications
1931 : (de) (en) (he) Ein Ghetto im Osten, Wilna, Zurich, Orell Fussli, 64 p. de photographies, préface de Zalman Chnéour[4] ;
Rééditions :
* (de + he) Ein Ghetto im Osten. Wilna (préf. Herbert A. Strauss), Berlin, Hentrich, Frölich & Kaufmann, (ISBN978-3-88725-167-3).
* (lt), (en) Vilniaus žydų gatvė : 65 M. Vorobeičiko fotografijos / Hommage à Moï Ver = The Ghetto Lane in Wilna : 65 pictures by M. Vorobeichic, Vilnius, Lietuvių literatūros ir tautosakos institutas, 2019, 104 p. (ISBN9786094252693).
2004 : Ci-contre : 110 photos de Moï Wer - Moshé Raviv-Vorobeichic (éditeur scientifique : Hannes Böhringer), Cologne, Ann et Jürgen Wilde, 2004 (ISBN9783000148095).
2023: Moï Ver : exposition, Paris, Centre Pompidou, 12 avril-28 août 2023, Varsovie, Musée de Varsovie, 11 octobre 2023-4 février 2024, Tel Aviv, Tel Aviv museum of art, 10 mars-13 juillet 2024, Paris : Centre Georges Pompidou, 2023 (catalogue) (ISBN9782844269423)
↑En hébreu : מוזס וורוביצ'יק ; on trouve aussi les graphies : Vorobeichich ou Worobiejczyk.
↑Les sources divergent à propos du lieu de naissance de Moï Ver : soit Lebedevo (autres graphies : Lyebyedzyeva, Levijiev), actuellement en Biélorussie, soit Vilnius même en Lituanie ; toutes s'accordent à une enfance et une jeunesse passées à Vilnius.
↑(de) Marina Dmitrieva, « Die Wilna-Fotocollagen von Moshe Vorobeichic », dans Marina Dmitrieva, Heidemarie Petersen (dir.), Jüdische Kultur(en) im Neuen Europa: Wilna 1918-1939, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, coll. « Jüdische Kultur Studien zur Geistesgeschichte, Religion und Literatur » (no 13), (ISBN978-3-447-05019-7), p. 69-84.
↑ a et bSandra Alvarez de Toledo, « Un ghetto à l’est. Wilno, 1931 », Communications, no 79 « Des faits et des gestes. Le parti pris du document », , p. 151-167 (lire en ligne).
↑(pl) Anna Sańczuk, « Moi Vera życie w awangardzie », Spotkania z Zabytkami [Rencontres avec les monuments], (lire en ligne).
Bibliographie
(de + fr) Sandra Cattini, « Les expériences photographiques de Moshe Raviv-Vorobeichic, dit Moï Ver », dans Isabelle Ewig, Thomas W. Gaehtgens, Matthias Noell (dir.), Das Bauhaus und Frankreich, 1919-1940 = Le Bauhaus et la France, 1919-1940, Berlin, Akademie Verlag, (ISBN3-05-003720-2).
(en) Amanda Coulson, « Moï Ver Photo Book », Art on Paper, vol. 9, no 3, , p. 14-16.
Julie Jones (dir.) et Karolina Ziebinska-Lewandowska (dir.), Moï Ver (catalogue d'exposition), Paris, Centre Pompidou, , 207 p. (ISBN978-2-84426-942-3).
Hans-Michael Koetzle (trad. Wolf Fruhtrunk), Photographes A-Z, Paris, Taschen, , 439 p. (ISBN978-3-8365-1110-0), p. 277.
(de) Herbert Molderings, « Wer ist Vorobeichic ? », Fotogeschichte, no 26, .
(de) Manfred Sapper, « Das Antlitz des ermordeten Volkes: Anmerkungen zu den Fotos von M. Vorobeichic », Osteuropa, vol. 52, nos 9/10, , p. 1338-1345 (lire en ligne).