Mihail Sturdza naquit le , à Iași et il est mort le , à Paris. Il a été prince régnant de la Moldavie, entre le et le . Il a régné conformément au Règlement organique[1]. Bien qu'il ait été sous la suzeraineté de l'Empire ottoman[2], il est entré dans la sphère d'influence de la Russie. Il a aimé la culture et il était un bon administrateur.
Sa famille
Mihail Sturdza était le fils du logothète Grigorie Sturdza et de Marioara Callimachi (1762-1822) une fille du prince de MoldavieGrigorie Callimachi. Il se marie une première fois avec Elisabetha Rossetti qui lui donne deux fils, les princes Dimitri et Grigori, et une seconde fois avec la princesse Smaranda Vogoride qui lui donne un fils Michel et une fille, Marie.
Son règne
Éducation et culture
Mihail Sturdza était attentif à l’état de l’enseignement. En juin 1835, il a fondé une école supérieure, du niveau du lycée et de l’université: Academia Mihăileană, (ainsi appelée d’après son prénom), où de très connus professeurs roumains ont enseigné : Ion Ghica, Eftimie Murgu, et pour peu de temps, Mihail Kogălniceanu. Ce dernier enseignait l’histoire nationale. Les idées des cours de celui-ci n’étaient pas agréées par le tsar russe, Nicolas Ier, et, en conséquence, le consul russe de Iași a demandé et a obtenu la suppression de ces cours d’histoire nationale. Sauf l’histoire, on y enseignait les mathématiques, des langues, l’économie, l’agronomie, la philosophie. Les élèves pauvres, mais méritants recevaient des bourses.
À l’époque de Mihail Sturdza, on a réorganisé le séminaire théologique orthodoxe de Socola et on a organisé un contrôle concernant l’administration des biens des monastères et ecclésiaux.
Économie
Concernant l’économie du pays, pendant le règne de Mihail Sturdza, on a enregistré un remarquable essor, la production des céréales s’est intensifiée. Quelques batteuses à chevaux fonctionnaient, pendant la moisson, en Moldavie, à cette époque-ci. On a organisé des fabriques, on a construit de nouveaux ponts et de nouvelles chaussées, on a réglementé la navigation sur la rivière du Prut et sur la rivière du Siret, on a aménagé le port Galați, qui fut déclaré port franc (1837). Dans la région de Bacău, on extrayait du pétrole. Afin de moderniser les infrastructures, Sturdza a fait appel à des ingénieurs occidentaux tels que Xavier Hommaire de Hell (1841).
En 1835, la Moldavie, sous Mihail Sturdza, a conclu une convention économique et, en 1846, une union douanière, avec la Valachie, entrée en vigueur, le . La Moldavie de l’époque s’est intégrée, comme la Valachie, dans le circuit économique européen. On exportait du bétail, des céréales, du bois de construction, du poisson, du sel, du vin. On importait des produits industriels. En général, la balance commerciale de la Moldavie était excédentaire.
Réformes sociales
Le , Mihail Sturdza, imprégné d’humanisme, abolit la robie (servage des Roms ; la robie n’est pas comme on l’a souvent écrit un "esclavage" car le rob peut se vendre et se racheter lui-même, et ne peut appartenir qu’aux monastères, aux boyards et aux Voïvodes, mais non à des particuliers).
Son caractère
Mais l’humanisme de Mihail Sturdza était très modéré et plus proche du « despotisme éclairé » que de la démocratie, et il était hostile à toute révolution. Avide d’argent (bien qu’il possédât une immense fortune), la seule chose qu’il « démocratisa » furent les titres de noblesse : par cupidité, il vendit des milliers de titres de noblesse, contre de grosses sommes d’argent. Au début de son règne, il y avait en Moldavie 853 boyards, et à la fin de son règne on en comptait 3750 (boieri noi). Vers la fin de son règne, il était très inféodé au gouvernement impérial russe et il réprima le mouvement révolutionnaire de 1848, ce qui le rendit très impopulaire et aboutit à la perte de son trône. L'argent amassé lui permit de vivre fastueusement en exil durant quarante ans. Sa fille, Marie (1849-1905), épousa à Paris en 1868 le prince Constantin Gortchakov (1841-1926).
↑En Moldavie, Le Règlement Organique (en roumain: Regulamentul Organic) a été en vigueur depuis le et jusqu'à son abrogation par le traité de Paris (1856).
↑La monarchie était élective dans les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie. Le souverain (voïvode, hospodar ou domnitor selon les époques et les sources) était élu par (et souvent parmi) les boyards, puis agréé par les Ottomans : pour être nommé, régner et se maintenir, il s'appuyait sur les partis de boyards et fréquemment sur les puissances voisines, russe et turque, car jusqu'en 1859 les deux principautés étaient vassales et tributaires de la « Sublime Porte ». Le candidat au trône devait ensuite "amortir ses investissements" par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, payer ses mercenaires et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'un semestre au moins était nécessaire, mais la "concurrence" était rude, certains princes ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique le "jeu des chaises musicales" sur les trônes, la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). Quant au gouvernement, il était assuré par les ministres et par le Sfat domnesc (conseil des boyards). Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls quelques petits territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.
Bibliographie
L'article homonyme sur Wikipedia, Enciclopedie liberă, en roumain.
Alexandru Dimitrie XenopolHistoire des Roumains de la Dacie trajane : Depuis les origines jusqu'à l'union des principautés. E Leroux Paris (1896)
Nicolae IorgaHistoire des Roumains et de la romanité orientale (1920)
(ro) Dicționar enciclopedic român, vol. IV, Editura politică, București, (1966)
(ro) Istoria lumii în date, Editura Enciclopedică Română, București (1972)
(ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor Volume III (depuis 1606), Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti (1977).
Georges Castellan, Histoire des Balkans, XIVe – XXe siècle, Fayard, Paris, 1991 (ISBN2-70283-492-2).