Michele Mercati est issu d'une famille bien connue de San Miniato, qui fait alors partie du duché de Florence. Son grand-père, de même nom que lui, appartenait au cercle humaniste de Marsile Ficin[6]. Son père, Pietro, est médecin[7] ; c'est lui qui se charge de sa première éducation.
Il est encore dans la vingtaine quand, probablement sur proposition de Cesalpino, on l'appelle à la cour de Pie V pour devenir préfet du jardin botanique de Rome, poste qu'il occupe durant les pontificats de Pie V, Grégoire XIII[8], Sixte Quint et Clément VIII ; il passe donc presque toute sa vie dans les États pontificaux. Aux collections vaticanes de livres (bibliothèque) et de végétaux (jardin botanique), il adjoint une collection minéralogique (« métallothèque »), aujourd'hui perdue[9] mais dont le catalogue posthume est son ouvrage le plus célèbre.
Sixte Quint le nomme protonotaire apostolique. Il profite de sa mission en Pologne[9], où ses dons pour la diplomatie se font remarquer, pour ramasser des pierres et des plantes pour ses collections. Il est plus tard nommé directeur de l'arcispedale Santo Spirito in Saxia.
En 1566 il devient citoyen de Florence, et, en 1579, de Rome[3]. Entre 44 et 49 ans il devient membre de la noblesse florentine, et l'année suivante de la noblesse romaine[10].
En médecine, Mercati écrit un ouvrage sur la peste, traduit en espagnol ; on peut mentionner que sa conduite durant une épidémie de peste à Rome lui vaut un grand respect[12].
En archéologie, il écrit (il est alors en Pologne, donc loin des objets eux-mêmes) sur les obélisques de Rome.
La Métallothèque
C'est par sa Métallothèque, publiée 176 ans après sa mort, que Mercati fait figure de pionnier.
« Métallothèque » désigne d'abord la partie des musées du Vatican créée par Mercati tôt après sa nomination comme directeur du jardin botanique, et destinée à recueillir des objets, des « métaux » (on dirait aujourd'hui des minéraux) ; d'où le rôle donné à Mercati dans la fondation de la minéralogie. Cette collection est aujourd'hui dispersée.
« Métallothèque » désigne aussi le catalogue de ce musée, rédigé par Mercati, illustré par Antonius Eisenhoit(de) et publié en 1717. Ce long retard à publier l'ouvrage peut expliquer la place — modeste — donnée à Mercati dans l'histoire de la science. Mercati a toutefois pu influencer Nicolas Sténon, qui a intégré à l'un de ses propres ouvrages une gravure préparée pour le manuscrit de Mercati[13],[14],[15].
Le mérite qu'on reconnaît à Mercati c'est d'avoir mis un début d'ordre dans les « curiosités » des cabinets de curiosités[16] et la justesse de ses intuitions en le faisant. Recevant les envois des missionnaires au pape, il a été parmi les premiers à classer des objets d'Amérique et d'Asie. Il soupçonne — parmi les premiers — que certaines des pierres que la foudre est censée laisser sur son passage (en latin « ceraunia ») sont en fait des produits de l'industrie humaine (des outils ou armes préhistoriques[17]). Avec ses ammonites, tirées du facièsRosso Ammonitico, il ouvre une voie vers la paléontologie ; un genre d'ammonites, Mercaticeras, porte aujourd'hui son nom.
(it) Gli obelischi di Roma, édition de Gianfranco Cantelli, Bologne, Cappelli, 1981 — Édition critique moderne
Posthume : la Métallothèque
La première publication est de 1717 ; deux ans après paraissent l’Appendice et une édition intégrant la Métallothèque et l'Appendice. Les hyperliens de nos notes conduisent vers des pages de l'ouvrage de 1717. Les illustrations de la galerie sont généralement tirées de l’Appendice.
Giovanni Maria Lancisi est présenté comme le responsable de l'édition, mais c'est son disciple et ami Pietro Assalti qui a accompli le gros du travail — notamment d'annotation[18],[9],[19].
On trouve dans cet appendice 19 gravures qui illustrent le texte de la Métallothèque et 8 lettres adressées à Lancisi, ou par lui, à propos de l'ouvrage.
↑Voir les articles it:Monte Petrano et it:Cantiano de la Wikipédia en italien. Mercati écrit (p. 310) : « Le troisième mont Petrano n'est pas loin ». Ces ammonites appartiennent au genre appelé Mercaticeras, en l'honneur de Mercati.
↑Cette gravure fut d'abord préparée pour le manuscrit de Mercati. Nicolas Sténon s'en servit, en mentionnant la source ; notre image est tirée du livre de Sténon. Ensuite le manuscrit de Mercati fut publié.
↑On lit : « Io. (=Giovanni) Dom[enico(?)] Campiglia delin[eavit] (=a dessiné) — Aloysius (=Luigi) (illisible) scul[psit] (=a gravé) Roma », c'est-à-dire : dessin de Luigi Domenico Campiglia, gravure de Luigi (patronyme illisible). Nous donnons l'illustration de la Metallotheca, pas celle de l'Appendice.
Abréviations
Arm. : armoire : numéro de l'armoire dans le musée
chap. : chapitre
p. : numéro de la page dans l'édition de 1717 de la Metallotheca (cela peut être la page non numérotée suivant celle dont on donne le numéro.)
↑Il n'y a rien d'étonnant à cette époque à ce qu'un médecin dirige un jardin botanique ; un médecin était celui qui soignait par les plantes et un jardin botanique était l'endroit où se trouvaient les plantes médicinales.
↑Suivant Marini, ces quatre papes sont : Pie V, Grégoire XIII, Sixte Quint et Clément VIII. Marini fait remarquer (p. 459, note e) que le préfet du jardin botanique avait le titre de médecin du pape, sans nécessairement le soigner (il était « médecin chargé des simples » (semplicista)) ; mais il pouvait également le faire, comme dans le cas de Grégoire XIII.
↑Médecin de Grégoire XIII (voir Marini, p. XXXVIII), Mercati l'assiste dans ses dernières heures et, sans doute à titre de précaution, écrit une relation, toujours manuscrite, de cette agonie : Andretta.
↑Chez Sténon, dans Elementorum myologiæ specimen, seu musculi descriptio geometria : cui accedunt Canis carchariae dissectum caput, et Dissectus piscis ex canum genere (1667).