Michael TomaselloMichael Tomasello
Michael Tomasello, né en 1950 à Bartow (Floride), est un psychologue cognitiviste américain. Après un doctorat à l'université de Géorgie, en 1980, il rejoint le Yerkes Primate Center à titre d'assistant (1982-1998), puis, à titre de codirecteur de recherche, l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionnaire à Leipzig (1998-2018). Il est également professeur honorifique au département de psychologie de Leipzig, co-directeur du Wolfgang Köhler Primate center (2001-2018), et professeur de psychologie à Duke University (2016- ). Thèse principale et grands axes des travauxL'œuvre de Tomasello s'élabore principalement sur les résultats de tests expérimentaux créés et administrés par ses soins afin de comparer les capacités cognitives des humains (des enfants d'âge pré-scolaire principalement) et des grands singes (chimpanzés principalement). Ces observations le conduisent à établir une thèse fondamentale, diversement ramifiée, notamment au plan inter-disciplinaire (vers la philosophie et les sciences sociales) : La capacité, dite hypersociale, à partager buts et intentions dans des activités collaboratives, est unique à l'être humain[1]. Elle consiste en l'intégration de différentes capacités cognitives présentes chez nos plus proches parents, chez qui elles demeurent toutefois mutuellement rivales et exclusives les unes des autres. Du partage d'intentions découleraient, notamment, le caractère cumulatif de l'innovation symbolique et technique (évolution culturelle), le sentiment normatif ou prescriptif (y compris moral), la spécification et interchangeabilité de rôles et de perspectives distincts mais interdépendants, et la prise de perspective multiples (contrastées voire contradictoires, comprenant une perspective de nulle part, ou dite à vol d'oiseau bird's eye view) sur une seule et même entité ou activité. Dans la théorie du langage, les implications de ses découvertes expérimentales amènent Tomasello à s'opposer à l'innéisme défendu par Noam Chomsky, et par nombre d'autres à sa suite (dont Steven Pinker)[2]. La capacité linguistique ne relève en effet pas, selon lui d'un mécanisme inné et automatique de structuration syntaxique, mais s'acquiert au fil d'une séquence de développement débutant par l'imitation, la gestuelle (tel que pointer), et le partage d'attention (soit la capacité, pour ego, de reconnaître qu'alter porte, accidentellement ou intentionnellement, son attention sur le même item que lui). Le langage repose sur différentes capacités sociales dont il dépend de manière nécessaire, mais aucune de celles-ci ne conduit nécessairement, mécaniquement au langage. Dans différents ouvrages datant de la fin 1990, début des années 2000, Tomasello estime que l'attention conjointe, dont la psychogenèse s'initie au cours des premiers mois (10 à 13 mois), est en réalité le seul universel anthropologique recevable et cohérent avec l'observation. À partir de ce noyau, comprenant l'interchangeabilité des perspectives sous la référence à une même scène attentionnelle partagée, l'ensemble des formes linguistiques prendraient forme dans un processus de grammaticalisation[3]. À partir de ces recherches portant sur l'acquisition des capacités de communication, Tomasello peut concevoir plus largement l'ensemble des phénomènes culturels comme le résultat d'une évolution : de par sa rapidité de modification, de transmission et d'élargissement, la culture surpasse l'hérédité comme support dominant de l'adaptation chez l'Homme, en ce sens elle occupe une niche spécifique dans l'évolution du vivant. L'abondance et la rigueur de ses appuis en recherche expérimentale en font l'un des psychologues actuels les plus influents, et les plus lus aujourd'hui. BibliographieEn anglais
En français
Prix et récompenses
Références
Liens externes
|