Elle est directrice de l’Observatoire économique de Champagne-Ardenne de 1974 à 1980, puis chef de la division conjoncture générale à l’Insee de 1981 à 1986.
De 1987 à 1989 elle est conseillère économique du Directeur du Trésor, Jean-Claude Trichet, puis directrice du service des études économiques et financières à la banque Indosuez de 1990 à 1996. Elle devient alors conseillère à l’OCDE en 1997-1998 puis Chef du service économique, financier et international au Commissariat général du Plan de 1998 à 2004.
Elle devient ensuite, de 2004 à 2007, conseillère auprès du ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement pour la conception et la mise en place du Plan de développement des services à la personne.
Elle est mariée à Xavier Debonneuil, ancien élève de l’École Polytechnique, issu de la même promotion de l’Ensae et conseiller du gouverneur de la Banque de France[7]. Celui-ci meurt dans un accident de voiture le 26-27 décembre 2002 avec leur fille.
Travaux
Évaluation de la pauvreté à Reims
Alors directrice de l’Observatoire économique de Champagne-Ardenne, Michèle Debonneuil réalise une étude novatrice des familles pauvres avec enfants à Reims, ces familles étant repérées par le croisement des nombreuses sources administratives existantes : fichier des Caisses d'allocations familiales, de la taxe d'habitation, etc.[8]. Ces données administratives, complétées par des enquêtes de terrain, ont permis la construction d’un « profil de pauvreté » pour Reims, utilisant une méthode novatrice pour la France[9].
Études sur la conjoncture et la croissance
Par la suite, Michèle Debonneuil devient progressivement une experte reconnue en matière de politique conjoncturelle et de croissance économique, avec des travaux sur les sujets les plus divers : l'économie du pétrole[10], le coût énergétique[11], la balance des paiements[12], la prévision économique[13], le commerce extérieur et la compétitivité[14], les taux de change[15], les salaires et l’inflation[16], le libre échange[17], le chômage[18], l’Union européenne[19], la finance internationale[20], le partage de la valeur ajoutée[21], les systèmes de retraite[22], la compétitivité[23], la mondialisation[24].
La nouvelle économie numérique
En 1998, Michèle Debonneuil publiait avec Daniel Cohen un ouvrage sur la révolution industrielle induite par le développement des technologies de l'information et de la communication (TIC). Le rapport notait le retard de l'Europe et de la France dans ce domaine par rapport aux États-Unis et recommandait un accroissement des efforts dans la production, la diffusion et l'assimilation des nouvelles technologies, et dans la R&D associée[25]
Les services de proximité, les services à la personne
Dans le cadre de ses analyses du marché du travail, Michèle Debonneuil s'est de plus en plus intéressée aux services de proximité ou services à la personne[26]. Pour elle, il s'agit d'activités aujourd’hui dévalorisées, mais du secteur qui créera le plus d’emplois dans le futur dans les pays développés. La qualité de ces emplois devrait s'améliorer avec les technologies numériques et par une professionnalisation croissante de ce secteur. Elle a pu approfondir ses analyses en participant au développement d'un plan de développement des services à la personne dans le cadre du plan de cohésion sociale ou « plan Borloo » de 2004[27]. De plus, ce développement devrait s'accompagner d'une croissance plus respectueuse de l’environnement[28]
Ces approfondissements ont conduit Michèle Debonneuil à développer le concept d'« économie quaternaire » ou « économie du quaternaire », comprenant un nouveau secteur économique (qui correspond à de nouveaux modes de vie et de production) conjuguant le secteur secondaire et le secteur tertiaire. Ce secteur comprend les nouveaux produits que les consommateurs achètent -. Ce ne sont ni des biens, ni des services, mais de nouveaux produits -« des solutions » - qui sont composés de biens et de services. Ils mettent à la disposition des consommateurs, grâce aux technologies numériques des biens (qui deviennent progressivement des objets connectés ou autonomes )ou/et des personnes qui prennent soin de ces biens ou de ces personnes sur leurs lieux de vie. Ce nouveau secteur "quaternaire" tirera la croissance de la nouvelle économie numérique comme le secteur secondaire a tiré jadis l'économie industrielle de la mécanisation. Dans ce contexte, tous les services publics et sociaux devront être repensés pour soutenir son développement au lieu de l'entraver[29]. Enfin, l’économie quaternaire constituerait la meilleure réponse au défi du développement durable, puisqu'elle permet de mettre en place de façon endogène l'économie de fonctionnalité et de circularité[30].
En , le premier ministre français chargeait Michèle Debonneuil d’une mission de coordination du suivi et de l'évaluation d'expérimentations concernant l'utilisation des TIC dans le cadre de cette nouvelle économie du quaternaire[31], notamment au travers de systèmes de contrôles automatiques et à distance portant soit sur des biens soit sur des personnes[32].
En 2017, Michèle Debonneuil publie un nouvel ouvrage positionnant l'économie quaternaire par rapport aux GAFA[33]
Distinctions
Michèle Debonneuil est chevalier de la Légion d’honneur et officier dans l'ordre national du mérite.
↑
Debonneuil, Xavier et Gollac, Michel (1978) « Structure sociale des villes », Économie et statistique, no 98, 1978, p. 51-65 ;
Debonneuil, Xavier (1978). « La 11e conférence de l’AISRU. Statistiques locales et aménagement urbain. » Économie et statistique, no 102, 1978, p. 75-78 ;
Debonneuil, Xavier (01-1980) « Principaux enseignements tirés de l’étude des variantes analytiques » Note no 320/215 du Service des Programmes, Insee, ;
Catinat, Michel ; Debonneuil, Xavier et Vignon, J. (09-1980). « Une représentation de l’économie française : le modèle DMS ». Revue économique, Vol. 31, no 5, ;
Catinat, Michel ; Chaillie, H. ; Debonneuil, Xavier ; Pochat, F ; et Raoul, E. (10-1980). « Variations sur la croissance et l’emploi à moyen terme », Économie et statistique, no 126, octobre 1980, p. 47-63.
↑Debonneuil, Michèle (11-1994). « Le chômage : idées fausses et vraies solutions », Perspectives de la Banque Indosuez, novembre 1994.
↑Debonneuil, Michèle (1996). « Naissance et vie de l’Union européenne », Perspectives de la Banque Indosuez, avril 1996
↑Artus, Patrick et Debonneuil, Michèle (1999) « Critères de gestion, investissement dans les pays émergents et relation rendement-risque ». Rapport pour le Conseil d’analyse économique, 1999; Artus, Patrick et Debonneuil, Michèle (08-1999) « Crises, recherche de rendement et comportements financiers : l’interaction des mécanismes microéconomiques et macroéconomiques ». p. 55-96 in Bergsten, Fred ; Davanne, Olivier ; Jacquet, Pierre ; Artus, Patrick ; Debonneuil, Michèle ; Aglietta, Michel et de Boissieu, Christina « Architecture financière internationale », Conseil d’analyse économique, La Documentation Française, Paris, 1999, 241 pp., (ISBN2-11-004367-9)
↑Debonneuil, Michèle et Fontagné, Lionel (05-2003). « Compétitivité », Conseil d’analyse économique, La Documentation française, Paris, 2003, 253 pp. (ISBN2-11-005256-2). Disponible aussi ici.
↑Debonneuil, Michèle et Lahidji, Reza (1998) « Services de proximité, État et marché ». p. 41-60 in Cette, Gilbert ; Héritier, Pierre ; Taddei, Dominique et al. « Emplois de proximité », Conseil d’Analyse Économique, La Documentation Française, Paris, 1998 - (ISBN2-11-004163-3)