Małgorzata Maria Gersdorf est diplômée de l'Université de Varsovie. Elle obtient son doctorat en 1981 sur les contrats de travail en 1981. Elle obtient en juin 2003 une habilitation à diriger des recherches de l'université de droit et d'administration de Varsovie[1].
Elle en devient professeure en 1992, puis vice-rectrice de 2005 à 2008[1]. Elle détient aussi jusqu'en 2014 la position de chercheuse dans le département de droit du travail et des politiques sociales de la faculté de droit et d'administration de Varsovie[2]. Elle a notamment participé à l'écriture de près de 200 articles universitaires sur le droit du travail[3].
Sur le plan politique, Malgorzata Gersdorf a participé au mouvement Solidarność de 1980 à 2005, lorsqu'elle fut nommée vice-rectrice de l'université de Varsovie[2].
Carrière juridique et politique
En 1989, après la chute du régime communiste, elle est nommée à la Commission de Conciliation Sociale qui a contribué à la réinsertion sociale des prisonniers politiques[4].
Elle sert comme conseillère juridique à la Cour suprême où elle est nommée juge en 2008. Elle occupe ce poste pendant six ans, avant d'être promue première présidente de la Cour suprême. Elle succède ainsi à Stanisław Dąbrowski, décédé en 2014, et Lech Krzysztof Paprzycki, premier président par intérim[5].
En 2015, elle s'oppose à un amendement devant modifier certains pouvoirs de la cour suprême polonaise, ainsi qu'aux conditions dans lesquelles cet amendement devait être acté, qui ne correspondaient pas aux règles[6].
Małgorzata Gersdorf tente aussi de changer l'image du système judiciaire polonais en permettant de créer un porte-parole de la cour suprême de Pologne[7],[8].
En 2017, elle s'oppose aux réformes judiciaires engagées par le parti Droit et justice[9]. Cette opposition s'inscrit aussi dans une vague de protestation des membres du système de justice polonais contre le recul de l'État de droit en Pologne[10],[11]. Dans une lettre ouverte à ses collègues, elle se prononce contre cette mesure, déclarant que « les tribunaux risquent d'être transformés en un jouet entre les mains des politiciens » et exhortant les autres juges à préserver l'indépendance du pouvoir judiciaire. Le président Andrzej Duda oppose son veto et la loi est adoptée par le Parlement polonais. Une de ses dispositions prévoit une mise à la retraite obligatoire à compter du , obligeant Małgorzata Maria Gersdorf et 26 autres juges à prendre leur retraite[12]. Soutenue par des protestations publiques, Maria Gersdorf a continué de siéger, accusant le gouvernement de mettre en place « une purge de la Cour suprême sous le couvert de la réforme des retraites » et notant que, selon la Constitution de la Pologne, son mandat n'arrive à son terme qu'en 2020[13].
Małgorzata Gersdorf a également appelé la Commission européenne à faire pression sur le gouvernement polonais pour éviter que « la vague de populisme ne s'empire en Europe »[14],[15].