« Mayfair » en français : « foire de mai » tire son nom d'une grande foire au bétail qui se tenait chaque année dans le quartier, au mois de mai[1].
Historique
Au début du XVIIe siècle, le West End de Londres est essentiellement rural : champs, bois, villages, manoirs et chasse royale de Hyde Park en composent le paysage[2].
Dans les années 1686-1688, la foire de mai (May Fair, en anglais), qui se tenait jusque-là à Haymarket, dans le quartier St. James's, est victime de son succès et est déplacée du côté de Shepherd Market, dans l'actuel Mayfair. En raison des troubles qu’elle occasionne, et sous la pression des riches habitants, cette foire populaire, qui se tenait du 1er au , est supprimée en 1764[3] mais elle donne son nom au quartier.
L'aménagement de Mayfair connaît une première impulsion dans les années 1660, avec la construction de Burlington House, située sur Piccadilly. Mais l'événement fondateur est le mariage du baronnet Thomas Grosvenor avec la jeune Marie Davies, âgée de 12 ans, en 1677. Grâce à ce mariage, la famille Grosvenor fait l’acquisition de 200 hectares, dont 40 hectares situés au sud d’Oxford Street et à l'est de Park Lane. Ce sont ces terrains, occupant le quart nord-ouest de Mayfair, qui sont peu à peu aménagés dans les années 1725-1731 par Richard Grosvenor, fils du précédent, et dont la construction est achevée dans les années 1770[3]. Grosvenor Square en constitue le centre.
Ce nouveau quartier séduit immédiatement les membres de l'aristocratie. Ainsi compte-t-on parmi les 51 premiers résidents payants de Grosvenor Place, entre 1727 et 1741, 16 pairs d'Angleterre, dont deux ducs et neuf comtes, six enfants de pairs, quatre baronnets, quatre chevaliers et cinq veuves titrées[4]. Plusieurs membres de la famille Grosvenor vivent également sur place[4].
En 1850, le quartier compte 36 000 habitants[5]. De grands immeubles de style victorien sont édifiés et, à la fin du XIXe siècle, des rues comme Mount Street prennent leur visage actuel.
Mais, après la Première Guerre mondiale, l'aristocratie cède la place. Les familles de la haute société sont peu à peu remplacées par des ambassades et des sièges sociaux d’entreprises. Plusieurs demeures historiques sont démolies : Aldford House en 1929, Chesterfield House en 1937.
Aujourd'hui
De nos jours, Mayfair est un quartier prestigieux et recherché, accueillant notamment des ambassades (comme celles de l'Italie et de l'Argentine) autour de Grosvenor Square, ainsi que des boutiques de luxe très prisées sur les artères commerçantes d'Oxford Street, de Piccadilly et de la très chic Bond Street.
Comme l'atteste le Monopoly anglais, qui en fait sa propriété la plus chère, Mayfair est l'un des quartiers les plus onéreux de Londres. Les loyers qui y sont pratiqués sont en effet parmi les plus élevés de la ville, et peut-être du monde. Cela n’est pas sans conséquences sur le marché immobilier local. En 2016, des ressortissants du Qatar possèdent dans le quartier des biens immobiliers évalués à 1,21 milliard d’euros[6]. Bon nombre de maisons et d’appartements sont loués par des ressortissants étrangers, souvent du Moyen-Orient, qui ne les occupent réellement que quelques semaines dans l’année. La vie du quartier s’en ressent, les mois les plus animés étant les mois d’été. Un commerçant de Mount Street, par exemple, rue-phare du quartier, peut difficilement prendre ses vacances en juillet ou en août. En dehors de cette période estivale, les rues de Mayfair sont souvent vides d’habitants[7].
La famille Grosvenor (famille du duc de Westminster et 1re fortune aristocratique du Royaume-uni) possède à travers le groupe immobilier Grosvenor une grande partie des immeubles de Mayfair[9].
La reine Élisabeth II est née à Mayfair dans la résidence londonienne de ses grands-parents maternels au 17 Bruton Street le [10].
Dans la littérature
Edward Frederic Benson, The Freaks of Mayfair, (publié en français sous le titre Snobs), 1916.
Paul Morand (Londres, 1933) : « Mayfair est moins un quartier qu’une manière d’être, une façon d’envisager la vie, de savoir tenir son parapluie à la main toute l’année, de ne pas reconnaître quelqu’un qui ne vous a été présenté que cinq ou six fois, de garder son chapeau melon jusqu’en juillet, après le match d’Eton contre Harrow, d’avoir l’accent d’Oxford et de ne pas terminer ses phrases. »
Notes et références
↑(en) Ken Mansfield , The Roof: The Beatles' Final Concert, 2018, Post Hill Press, (ISBN978-1642932843).
↑(en) Edward Jones et Christopher Woodward, Guide to the Architecture of London, Phoenix, 2013, (ISBN978-1780224930).
↑ a et b(en) Christopher Hibbert, Ben Weinreb, Julia Keay, John Keay, The London Encyclopaedia, Macmillan, 2006, 1 100 p. (ISBN978-1405049252).
↑ a et b(en) 'Grosvenor Square: Introduction', in Survey of London: Volume 40, the Grosvenor Estate in Mayfair, Part 2 (The Buildings), ed. F H W Sheppard (London, 1980), pp. 112-117. British History Online http://www.british-history.ac.uk/survey-london/vol40/pt2/pp112-117 [consulté le 12 mai 2018].
↑(en) Ann Callender, Godly Mayfair, Édité par Grosvenor Chapel, 1980.