Massacre d'Allende
Le massacre d'Allende est un massacre exécuté par le cartel Los Zetas qui débute le , dans la ville d'Allende et ses environs au Mexique, et qui s'étale sur plusieurs semaines. Il s'agit, de par son ampleur et de par la responsabilité des autorités mexicaines et de la DEA, d'un fait marquant de la guerre de la drogue au Mexique. Il se déroule un peu avant et en simultané avec le massacre de 2011 à San Fernando[1]. LocalisationAllende est une ville de 22 000 habitants située dans l'état mexicain de Coahuila. Elle se trouve à 60 km de la frontière avec le Texas, et plus précisément d'Eagle Pass. Elle forme, avec Morelos, Villa Unión, Nava, et Zaragoza, la région des Cinco Manantiales aux alentours de Piedras Negras. Allende est réliée à Villa Unión par la route COAH 15[2]. Le massacreContexteLos Zetas est un cartel de la drogue mexicain ayant émergé dans les années 1990, initialement comme le bras armé du Cartel du Golfe. En , le groupe se sépare du Cartel du Golfe et devient ainsi son adversaire. Il est, à l'époque, principalement basé dans le Nord et l'est du Mexique[3]. DérouléLe , à partir de 18 h 30 une soixantaine de sicarios de l'organisation criminelle Los Zetas entrent dans le ranch de Los Garza, famille originaire de l'état de Nuevo León. Débute alors une série de destructions, de maisons et de commerces, d'enlèvements et d'assassinats. Ils enlevèrent entre autres des personnes qui travaillaient pour les familles Garza et Moreno. D'après José Juan Morales, directeur de l'enquête sur les disparus au parquet de Coahuila, les membres du cartel font disparaître les corps en les brûlant. Dans le ranch de Los Tres Hermanos , des corps sont placés dans des barils et mis à feu pendant six heures puis jetés dans un fossé. Les maisons ont été pillées et les auteurs du massacre ont même encouragé les voisins à en faire de même, volant des réfrigérateurs ou des plantes. Une fois les pillages terminés, Los Zetas, aidés de plusieurs policiers, se mirent à détruire les maisons, à la grenade ou au marteau, voire à l'aide d'engins de chantier[1],[4],[5].
— José Juan Morales, directeur de l'enquête sur les disparus au parquet de Coahuila
— Márquez, vendeur de hot dogs Les autorités mexicaines étaient au courant du massacre qui se déroulait, mais 20 policiers reçurent l'ordre de ne pas patrouiller et de ne pas répondre aux appels à l'aide, de même que celui d'enlever toute personne appartenant à la famille Garza. Les assaillants ont même utilisé une patrouille de police pour déplacer des individus enlevés vers un ranch. De plus, certains documents attestent du fait que le maire de l'époque, Sergio Lozano Rodríguez, avait été menacé[1],[5]. Bilan humainD'après des observateurs, plus de 300 ou 400 personnes disparurent au cours du massacre et ne furent jamais retrouvées. Le gouvernement mexicain décompte officiellement 28 morts. Environ 20 Garza sont considérés morts. D'après les enquêteurs, il eut deux survivants, une fille de cinq ans et un garçon de trois ans, visiblement transportés par un policier membre de Los Zetas vers Piedras Negras[1],[4],[5],[6]. Raisons du massacrePlusieurs mois avant le massacre la DEA réussit à persuader un membre haut placé de Los Zetas de leur remettre les numéros d'identification des téléphones (code PIN) utilisés par Miguel Treviño Morales et son frère Omar Treviño Morales, leaders du cartel. Pour éviter la capture, les leaders de Los Zetas demandaient à leur proche lieutenant à Coahuila, Mario Alfonso Cuéllar, de leur fournir de nouveaux téléphones portables toutes les quatre semaines. Cuéllar a confié la tâche d'acheter ces téléphones à son bras droit, Héctor Moreno[4].
— Mario Alfonso Cuéllar, membre de Los Zetas, condamné Les agents américains décident par la suite de partager ce renseignement avec les autorités mexicaines. Les frères apprennent alors, certainement par des agents corrompus, qu'un des membres du cartel les a trahis. Les Treviño décident alors de se venger des indics présumés en visant la ville où résidait la famille Garza, Allende en l’occurrence. Il ne fallut que trois semaines pour que le cartel ne soit au courant de cette fuite. Des sources proches de l'affaire ont communiqué qu'après que Richard Martinez (un agent de la DEA) ait donné les renseignements à son supérieur hiérarchique, ceux-ci ont été transmis à un responsable de la DEA dans la ville de Mexico. Il a alors partagé ces renseignements avec une unité de la police fédérale mexicaine agissant sous l'encadrement de la DEA. En outre, Luis Garza et Héctor Moreno devaient aussi de l'argent à l'organisation criminelle, pour laquelle ils travaillaient depuis au moins[4],[5]. Les suites du massacreToutes les personnes qui portaient le nom de famille Garza ou Moreno étaient en danger. Ainsi, la procureur locale Blanca Garza, qui ne partageait aucun lien avec la famille Garza visée, dut fuir la région. De même, un membre de la famille Garza visée par Los Zetas, Sergio Garza, réussit à fuir le massacre en se réfugiant aux États-Unis. Un an et demi après, il décide de revenir à Allende, il est alors exécuté deux semaines plus tard, en même temps que son fils[5]. En , Héctor Reynaldo Pérez a déposé un rapport de disparition auprès des autorités du Mexique. Sa sœur, mariée à un membre de la famille Garza, avait disparu avec toute sa famille. Un an plus tard, Héctor Reynaldo Pérez lui-même a disparu. Il aurait été vu la dernière fois en garde à vue à Allende d'après des enquêteurs indépendants sur les droits de l'homme[4]. En , Rubén Moreira Valdez, gouverneur de l'état de Coahuila de 2011 à 2017, annonça une enquête sur le massacre. Des enquêteurs furent dépêchés sur place pour rassembler les preuves et prélever des traces ADN. Cette enquête ne produit rien de concluant au niveau de l'ADN et aucun nouveau bilan ne fut fourni. Quelques personnes furent arrêtées, principalement des policiers. Miguel Treviño Morales est capturé en 2013 et Omar Treviño Morales en 2015[4]. Allende est aujourd'hui parfois dénommé "Springfield", car toutes les maisons ont été repeintes en jaune. Les traces de destruction étaient encore visibles plusieurs années après le massacre. Un groupe de personnes tenta de créer un business de visite des ruines, ils furent tués[5]. En , la secrétaire à l'Intérieur, Olga Sánchez Cordero, et le gouverneur de Coahuila, Miguel Riquelme, ont présenté leurs excuses aux familles des victimes du massacre et ont promis qu'un tel massacre ne se reproduirait plus. Ces excuses sont présentées au cours d'une cérémonie dont la tenue a été recommandée par la Commission nationale des droits de l'homme du Mexique, organisme créé en 1992[7]. Dans la culture populaire
Références
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