Certaines de ses œuvres ont été décrites comme « archaïques » ou « conservatrices » ; d’autres sont considérées comme des exemples du classicisme grandiose de l’art de la Haute Renaissance[1].
Biographie
Fils de l'orfèvre Biagio di Bindo Albertinelli, à douze ans (selon Giorgio Vasari), il laisse l'atelier paternel pour se dédier à la peinture dans l'atelier de Cosimo Rosselli, où il rencontre Piero di Cosimo et Baccio della Porta dit Fra Bartolomeo. Les deux hommes sont si proches qu'en 1494, ils forment une « compagnia », ou partenariat, dans laquelle ils exploitent un atelier commun et partagent les bénéfices de tout ce qui y est produit. Le partenariat dure jusqu'en 1500, lorsque Baccio rejoint l'ordre dominicain.
Au début de sa carrière, Mariotto Albertinelli est protégé par Alfonsina Orsini, épouse de Pierre II de Médicis et mère de Laurent II de Médicis[2]. Ses œuvres de cette période sont toutes de petite taille, exécutées avec une technique minutieuse et délicate, et un style dérivé des œuvres du principal élève de Rosselli, Piero di Cosimo, ainsi que de Lorenzo di Credi et du Pérugin. Comme de nombreux peintres florentins, il est également réceptif à l'influence de la peinture flamande contemporaine[1],[3]. Il étudie les modèles antiques dans les jardins des Médicis et est également influencé par le modèle sculptural de Raphaël.
Quand les Médicis sont temporairement bannis en 1494, il revient travailler avec Fra Bartolomeo, son meilleur ami, selon les mots de Vasari, dont il copie assidûment la manière, mais dont les résultats demeurent confus, selon les mots de Vasari.
À la suite de la campagne de moralité du réformateur Savonarole, Fra Bartolomeo rejoint l'ordre dominicain en 1500 (ce qui lui donne son titre de frère) et abandonne temporairement la peinture. Albertinelli est près de le rejoindre, mais, stimulé par son succès en terminant un Jugement Dernier non fini de Bartolomeo, il décide de continuer seul.
En 1503, Albertinelli signe et date son œuvre la plus connue, un retable pour la chapelle de Sant'Elisabetta della congrega dei Preti à San Michele alle Trombe à Florence (aujourd'hui à la Galerie des Offices). Le panneau central de cette œuvre représente la Visitation et la prédelle l'Annonciation, la Nativité et la Circoncision de Jésus[1]. La composition pyramidale, l'architecture de fond classique et les contrastes prononcés de lumière et d'obscurité font de ce tableau un exemple par excellence de l'art de la Haute Renaissance.
En 1503, il conclut un nouveau partenariat avec Giuliano Bugiardini, qui dure jusqu'en 1509, date à laquelle il reprend son partenariat avec Fra Bartolomeo[1]. À cette époque, Fra Bartolomeo et lui pratiquent des styles similaires et collaborent occasionnellement. Par exemple, le Kress Tondo, aujourd'hui conservé au Columbia Museum of Art, était auparavant attribué à Fra Bartolomeo, mais on pense aujourd'hui qu'il s'agit de l'œuvre d'Albertinelli, d'après le dessin préparatoire à l'échelle de Fra Bartolomeo[4]. L' Annonciation du Musée d'Art et d'Histoire de Genève est signée et datée (1511) par les deux artistes. Le partenariat prend fin en janvier 1513, comme le rapporte un document stipulant le partage des biens de l'atelier[5].
D'après Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes de Vasari, le peintre vivait en libertin et aimait la bonne chère et les femmes. Il aurait connu des problèmes financiers et aurait exploité une taverne pour compléter ses revenus de peintre. À la fin de sa vie, il fut incapable de rembourser certaines de ses dettes, dont celle envers Raphaël. Sa femme Antonia, qu'il épousa en 1506, remboursa une partie de ses prêts[1].
Les peintures d'Albertinelli mêlent le style du Pérugin, les études de Raphaël, pour leur sens du volume dans l'espace et la perspective, la coloration de Fra Bartolomeo, la technique de représentations des paysages des maîtres flamands comme Hans Memling, le sfumato de Léonard de Vinci.
Œuvres
Chronologie :
Vierge à l'Enfant, huile sur toile, (1495), (attribuée), Berlin, musées d'État,
↑ abcdefg et hLudovico Borgo and Margot Borgo. "Albertinelli, Mariotto." Grove Art Online. Oxford Art Online. Oxford University Press. Web. 20 May 2016
↑Mina Gregori (trad. de l'italien), Le Musée des Offices et le Palais Pitti : La Peinture à Florence, Paris, Editions Place des Victoires, , 685 p. (ISBN2-84459-006-3), p.184
Borgo, « Mariotto Albertinelli's Smaller Paintings after 1512 », The Burlington Magazine, vol. 116, , p. 245–250.
Norbert Hugedé, dans Le Peintre des Médicis, Mémoires de Mariotto Albertinelli (ISBN2704804087), romance la vie d'Albertinelli à la cour des Médicis.
Natalie Tomas, The Medici women: gender and power in Renaissance Florence, Aldershot, Routledge, .
(en) Federico Zeri et Elizabeth E. Gardner, Italian Paintings : Florentine School, New York, The Metropolitan Museum of Art; Greenwich, Conn., , 234 p..