Marie Vignon

Marie Vignon
Biographie
Naissance
Décès
Père
Jean Vignon
Mère
Françoise Rognon
Conjoint
Ennemond Matel (1er époux)
François de Bonne de Lesdiguières (2nd époux)
Enfant
Madeleine
Françoise
Catherine

Marie Vignon (1576 - ), qui devient en 1617 la seconde épouse de François de Bonne de Lesdiguières, lieutenant général du Dauphiné, a été pendant 26 ans sa maîtresse. Elle est à l'origine de sa conversion au catholicisme en 1622, ce qui lui permet d'accéder au titre de connétable de France. Il meurt en 1626, elle lui survit trente-et-un ans.

Biographie

Fille de Jean Vignon, fourreur, et de Françoise Rognon, tous deux bourgeois de Grenoble, elle était réputée pour sa beauté[1]. Elle épouse en premières noces Ennemond Matel, marchand de soie à Grenoble. Deux siècles plus tard, la romancière Louise Drevet l'a considérée comme une courtisane ambitieuse qui s'est servie de ses charmes pour séduire Lesdiguières âgé de 47 ans. Les destins et les fortunes de ses frères et sœurs furent étroitement liés à son éclatante ascension sociale[2].

Liaison avec François de Bonne

Elle a une longue liaison avec François de Bonne de Lesdiguières, nommé gouverneur de Grenoble en , alors que la femme de ce dernier, Claudine de Bérenger du Gua, qu'il a épousée en 1565, est encore en vie[3]. Elle l'avait rencontré, selon la légende, lors de son entrée triomphale à Grenoble, à la tête des troupes huguenotes le [4].

Pour elle, Lesdiguières achète en 1593 la seigneurie de Theys dont il nomme châtelain son père, Jean Vignon, tandis qu'Ennemond Matel, le mari trompé, devient le troisième consul de Grenoble. Il la fait Dame de Moirans puis Marquise de Treffort lorsqu'ils se marient. Deux filles naissent de leur liaison : Françoise de Bonne (1604-vers 1647) qui épousera en 1623 Charles Ier de Blanchefort de Créquy, veuf de sa demi-sœur Madeleine de Bonne, et Catherine de Bonne (1606-1621) qui épousera en 1619 son neveu, François de Bonne de Créqui. Le duc de Lesdiguières les légitimera, respectivement en 1610 et 1615 et les dotera largement.

En 1608, lorsque meurt Claudine de Béranger, Marie quitte le domicile conjugal et va s'installer dans un hôtel particulier proche de la résidence grenobloise que Lesdiguières s'est récemment fait construire[5]. Tandis qu'il fait construire sa splendide villégiature de Vizille, elle réside aussi au château-fort de Sassenage.

En 1614 a lieu l'assassinat aussi mystérieux qu'opportun de son époux légitime : elle l'aurait fait assassiner par le colonel Jean-Jacques Allard, un piémontais en relation avec le couple. La justice ne tarde d'ailleurs pas à arrêter le colonel Allard, que, selon Tallemant des Réaux, François de Bonne de Lesdiguières fait immédiatement libérer[6]. D'autres sources présentent François de Bonne comme l'instigateur, qui aurait ensuite fait éliminer l'homme de main, ou affirment que le colonel Allard, agent du duc de Savoie, aurait agit de son propre chef pour gagner les bonnes grâces de l'influente Marie[4].

Mariage avec le duc de Lesdiguières

Fiancés, selon un chroniqueur de l'époque, par l'évêque de Grenoble à Saint-Vincent-de-Mercuze en 1615, ils sont mariés le par l'archevêque d'Embrun Guillaume IX d'Hugues, à la cathédrale d'Embrun. La noce a lieu au château du Touvet, chez le baron de Marcieu. François de Bonne de Lesdiguières aurait fait cette réflexion au Marquis de Villeroy sur son mariage « Mon ami, vous, vous êtes marié à dix-huit ans et moi à soixante-quatorze, n'en parlons plus, il faut une fois en sa vie faire une folie ».

Agent plus ou moins conscient du parti catholique, Marie va prendre un grand ascendant sur son époux. Elle est à l'origine de sa conversion au catholicisme : le il abjure solennellement le protestantisme en la collégiale Saint-André de Grenoble, ce qui lui permet d'accéder au titre prestigieux de connétable de France[4], qu'il sera d'ailleurs le dernier à porter, l'office de connétable étant supprimé le , peu après sa mort.

Après la mort du duc de Lesdiguières, Marie est emprisonnée par son gendre, le maréchal de Crequy, nouveau lieutenant-général, sous prétexte de lèse-majesté et d'intelligence avec le Duc de Savoie, au Fort Barraux, où elle restera trois ans[4], avant que Louis XIII et Richelieu, finalement alertés par le Parlement de Grenoble, ne la fassent libérer.

Elle meurt le et est inhumée dans le couvent des Clarisses mais les sœurs vénèrent toujours le chef de Jeanne dans leur couvent du Clos Saint-Nizier à Voreppe[7],[8].

Tableaux

Un portrait de Marie Vignon installé à côté de celui de Lesdiguières sont exposés au-dessus de la grande cheminée de la salle Lesdiguières au musée de la Révolution française.

Citations

Dans Les Aventures du baron de Fæneste (IV, 20), Agrippa d'Aubigné la fait figurer dans le Triomphe de la Gueuserie :

«C’estoient les mesmes honteuses contenances qu’avoit la Connestable le jour de ses nopces : car, quelque fardée qu’elle soit, tousjours paroissent en son visage les rides de sa première condition.» (édition Prosper Mérimée, p. 335).

Bibliographie

  • Jean-Joseph-Antoine Pilot de Thorey (1805-1883), Recherches sur Marie Vignon, Grenoble, Xavier Drevet, , 87 p., introduction de Louise Drevet[2]
  • Joseph Roman, Dernières années de Marie Vignon, veuve du connétable de Lesdiguières, Grenoble, F. Allier père et fils, , 21 p.[1]

Notes et références

  1. a et b « Présentation de Dernières années de Marie Vignon par J. Roman », sur Bibliothèque dauphinoise (consulté le ).
  2. a et b « Présentation de Recherches sur Marie Vignon de Pilot de Thorey », sur Bibliothèque dauphinoise (consulté le ).
  3. Historiettes, Tallemant des Réaux, Bibliothèque de la Pléiade (ISBN 2-07-010547-4), notes P 731
  4. a b c et d « Marie Vignon, seconde épouse de Lesdiguières », sur 101 personnages célèbres du Grésivaudan (consulté le )
  5. Cet ancien hôtel particulier du XVIIe siècle, résidence de « la connétable de Lesdiguières », se situe 2, rue de Belgrade à Grenoble ; depuis le XIXe siècle, on le dénomme « hôtel de Franquières ».
  6. Historiettes, Tallemant des Réaux, Bibliothèque de la Pléiade (ISBN 2-07-010547-4), p. 55.
  7. Gabrielle Sentis, Grenoble aux 3 roses, DIDIER-RICHARD, , 166 p. (ISBN 2-7038-0038-X, BNF 34915708), p. 29
  8. Il existait à Grenoble depuis 1344 une communauté de Clarisses installée initialement près de la place Saint-André. Leur nouveau couvent construit à la fin du XVe siècle, dont Jeanne Baile, fille du premier président du parlement du Dauphiné, fut la première abbesse, était situé près de la porte Pertuisière, (ouverture sud de l'enceinte romaine). Les bâtiments ont été détruits en 1816. Les Halles Sainte-Claire furent construites en 1874 sur l'emplacement de la chapelle.