Marie Fouré ou Catherine de Poix de son nom d'épouse ou encore Marie de l'Arc[1], fut une héroïne de la ville de Péronne, qui défendit la cité, en 1536, lors du siège de la ville par les troupes de Charles Quint. Elle serait, en fait, Françoise de Suzanne devenue de Fouilleuse par son mariage en 1540.
Biographie
Une identité incertaine
Cette dame apparaît début 1535 dans une chanson « Pour quoy alle vous seullette » avec messages cachés où elle est nommée « Marion » par dérision et soi-disant nonne. On la nomme par erreur dans les sources la « femme de l'eslu de Poix » sans doute par moquerie avec confusion (royaulme pour royaume/flamme pour femme sont certainement écrits dans le texte officiel[2]et elle serait suite à ces erreurs de paléographie l'épouse de Jean-François de La Rocque de Roberval, hérétique, qu'elle a bien connu). Il est actif au siège de Péronne en 1536. Il est surnommé l'élu de Poix en raison de ses possessions à Poix-Terron (Ardennes) - ce titre figure sur son portrait par Jean Clouet conservé au château de Chantilly) -. On ne lui connaît pas de descendance.
Par contre Françoise de Suzanne devenue de Fouilleuse (déformation probable de " Fouilleuse " en " Fouré ") a eu seize enfants. Parmi ses descendants certains se sont illustrés au service des rois de France.
Le récit de ses exploits rappelle l'histoire de Jeanne Hachette, lors du siège de Beauvais, en 1472 et semble être inspiré directement de celui des héroïnes de Saint-Riquier en 1536.
Étant attaquée dans la chanson pour des relations scandaleuses (Fin' Amor) avec L'eslu de Poix, beaucoup plus âgé et hérétique... elle redore son blason au propre et au figuré l'année suivante.
La tradition rapporte que pendant le siège de 1536, lors d'un assaut, Marie Fouré se trouvant non loin des remparts vit un soldat ennemi tentant de poser pied dans l'enceinte de la ville. Il portait l'étendard ennemi et devait le planter pour marquer la prise de Péronne.
Or Marie Fouré se rendit sur le rempart et précipita le soldat dans le vide, saisissant néanmoins son étendard. Elle alla ensuite au cœur de la cité munie de l'étendard ennemi. Elle y fut acclamée, car elle avait donné la victoire à la ville.
Selon un récit populaire Marie Fouré, alors que la ville ne possédait plus qu'une petite quantité de farine, fabriqua des pâtisseries, les fit cuire et tels les Romains assiégés dans la Capitole, les jeta par-dessus les remparts de Péronne pour faire croire aux ennemis que la ville possédait d'abondantes ressources en farine[1].
Hommages
Le Péronnais Hubert du Saussay composa un poème en latin relatant le siège de Péronne.
En 1897, la Ville de Péronne rendit hommage à Marie Fouré en inaugurant sa statue en bronze sur la place du marché aux herbes, sculpture de l'artiste picard Athanase Fossé. La statue fut fondue par les Allemands en 1916. Une copie en bronze oeuvre de Maurice Guiraud-Rivière fut réinstallée en 1928 et à nouveau fondue en 1942, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux.
Le fut inauguré le monument aux morts de Péronne. Sur le socle, l'un des deux bas-reliefs en bronze, œuvre de Paul Theunissen représente Marie Fouré enlevant l'étendard d'un assaillant lors du Siège de Péronne de 1536.
En 1996, une nouvelle statue de Marie Fouré le drapeau arraché aux Espagnols contre son épaule, œuvre du sculpteur Michel Bonnand, a été placée devant l'église Saint-Jean-Baptiste de Péronne.
Le 17 décembre 2023 Gautier Maes maire de Péronne inaugure la présentation du livre " Péronne 1536... l'héroïne et l'hérétique " avec ses auteurs et l'interprétation de la chanteuse luthiste Emma-Lisa Roux. La véritable identité de Marie Fouré est enfin révélée.
Notes et références
↑ a et bJules Dournel, Histoire générale de Péronne, Péronne, J. Quentin imprimeur, .
↑Alain Barbier et Roger Traversac, Péronne 1536 ... L'héroïne et l'hérétique, Nîmes, MONDIAL Livre, , 86 p. (ISBN979-10-415-3527-9), Pages 1 à 86
O. Poli, « Les Héros de Péronne (1536) » dans Annuaire du conseil héraldique de France, Paris, C.H.F., 1898, p. 67-164
Alexandre Pierrard, Benoît Decottegnie, Robert Embry - Société archéologique de la région de Péronne, 2005 - Péronne 1536 - Le Siège Héroïque (ISBN2-906996-25-4)
Société archéologique de la région de Péronne, 2006 - " Le parchemin retrouvé " (ISBN2-906996-26-2)
Alain Barbier et Roger Traversac " Péronne 1536... L'héroïne et l'hérétique " Éléments inédits sur Marie Fouré " 2023 (ISBN979-10-415-3527-9)
Brantôme, Les Dames galantes
Jean-Baptiste Caruel, Essai sur Rethel, G. Beauvarlet, Libraire-Éditeur, Rethel, 1891.
Bernard Allaire, La rumeur dorée Roberval et l'Amérique, Les éditions La Presse, commission de la capitale nationale du Québec, Musée de la civilisation (ISBN9 782897 051570)
Registre des " Foy, hommaiges et seremens de fidelite qui ont faictz et prestez " à Henri de Foix en 1533 et 1534 à raison de fiefs mouvants dudit seigneur dans les terres dont les noms suivent ... Source Gallica - Bnf/département des manuscrits - Français 4800
1316-1784 Liasse ... Archives du Palais de Monaco : " Aveux "
Pierre-Yves Testenoire Les Anagrammes, Que sais-je ?, n° 4176 1re édition 2021 (ISBN9 782715 400900)
La tradition d'une cryptographie satyrique médiévale - Lucien Janssens - Revue belge de Philologie et d'Histoire - Année 1992 - 70-4
Fédération des Sociétés d'Histoire et d' Archéologie de l'Aisne, Mémoires, Tome XLVII (2002), Une tour-résidence fortifiée de la fin de l'époque gothique à Cerny-lès-Bucy, pages 7 à 44, Christian Corvisier ISSN 0248-1535