Mariano BertuchiMariano Bertuchi Photo du Peintre Mariano Bertuchi et sa femme habillée à la mode arabe, posant à l'Alhambra, illustration de l'invitation à l'exposition à l'Alhambra, ca. 1900, dans l'article de Amelina Correa Ramon, « Entre oasis y desierto », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 37-1-2007.[1]
Mariano Bertuchi est un peintre espagnol né à Grenade, le et mort à Tétouan le . Il s'illustre dans le style orientaliste, considéré comme le peintre du Protectorat Espagnol, et peint des paysages du Maroc et la vie quotidienne de ses habitants. Lorsqu'il s'installa à Tétouan, où il resta jusqu'à la fin de sa vie, il deviendra Inspecteur des Services des Beaux Arts, et dirigea l'École des Beaux Arts indigènes de Tétouan, tout en conduisant la direction artistique de plusieurs revues et magazines et multipliant les partenariats de créations d'affiches publicitaires et de timbres postaux. Son importante activité d'enseignement et de défense du patrimoine culturel traditionnel fut un apport considérable pour le développement culturel du Maroc durant le Protectorat. BiographieNé à Grenade en 1884[1],il est issu d'une famille originaire de l'île de Malte, ayant émigré à Grenade après l'invasion napoléonienne au XVIIIe siècle. Il réalise plusieurs voyages au Maroc tout au long de sa vie, passant par les villes de Sebta, Chefchaouen, Tanger, El Hoceima et finalement Tétouan, où il s'établit jusqu'en 1955. Jeunesse et débutsBertuchi commence sa formation dans l'atelier du maître Eduardo Garcia Guerra et Joseph De Larrocha, puis fait ses études artistiques à l'Académie Régionale des Beaux Arts de Malaga avant de les poursuivre à Madrid. Commencent alors des séjours tout au long de la côte sud de la mer Méditerranée et en Afrique du Nord. Il s'y rend pour la première fois à l’âge de 15 ans avec l'interprète du général O’Donnell, en 1899, puis présente à Grenade ses œuvres Le Souk de Tanger et Marché aux fruits, ainsi que Le Christ de la Lumière. Durant l'été 1900, âgé de 16 ans, il retourne à Tanger, pour peindre un tableau pour le ministre britannique résidant à Tanger. Cette même année il est présenté à Madrid au Cercle Biennal, et y continue sa participation l'année suivante[2]. En 1903-1904, il retourne au Maghreb pendant la guerre civile marocaine en tant que reporter-graphiste, faisant 10 huiles sur carton qui ont été publiés dans la revue La Ilustración Española y Americana, et y retourne avec le même poste, suivant l'armée pendant la guerre du Rif. Le , après la mort de ses parents, il se marie avec Esperanza Malaga Brotons Espinosa, et le nait son fils unique Fernando. Bertuchi à CeutaEn 1918, Bertuchi et sa famille s'installent à Ceuta[3], et dès les premières années il commence à dessiner les affiches publicitaires de la ligne de Chemin de Fer Ceuta-Tétouan qu'il poursuivra pendant les 20 années suivantes. Entre 1919 et 1923, Mariano Bertuchi intègre le poste d'adjoint au maire à la Mairie de Ceuta et s'occupe jusqu'en 1926 de différents travaux dans la ville comme les fenêtres de l'escalier principal de la ville de Ceuta, pour lequel il a dessiné la verrerie vénitienne, la décoration du Casino Africaniste de Ceuta, un cadre dédié à la Commerce, de l'Industrie et de l'Agriculture, la décoration de l'hôtel de ville (dont des peintures qui ornent les trônes royaux de la salle du Trône) ou la restauration de l'étendard royal de la ville. Le il fait officiellement partie de l'Académie royale des beaux-arts de San Fernando, et travaille la même année en partenariat avec la Revista de Tropas Coloniales, et l'année suivante il recevra la Croix du mérite militaire. Bertuchi au MarocEn 1928, son fils Ferdinand commence ses études universitaires tandis que Bertuchi et sa femme partent s'installer à Tétouan, où il est nommé Inspecteur en Chef des Services des Beaux-Arts et d'Artisanat indigène du Protectorat du Maroc. Il accorde un soin particulier à la préservation du patrimoine culturel du Maroc et réalise le Pavillon Marocain de l'Exposition ibéro-américaine de 1929 de Séville. En , il est nommé directeur de l'École des Arts Indigènes de Tétouan et Tagsut - leur donnant une grande impulsion - et s'occupe d'autres institutions que Mohammed V souhaite garder après l’indépendance, avec l'intention de réunir dans les ateliers de ces écoles les meilleurs professeurs de l'artisanat et du folklore marocain pour essayer de transmettre ces connaissances aux générations suivantes. En 1947 cette école comprend des ateliers de menuiserie, peinture décorative mauresque, argenterie, luminaires, incrustation d'argent, tapis, boiserie et sculpture, cuir, broderie, cuir estampé en or, chaudières, mosaïques, poterie, céramiques décorés, et de tissage à la main[4]. Cette école existe encore aujourd'hui et contribue à former les artistes marocains. En 1935, à l'âge de 51 ans, il reçoit l'Ordre d'Alphonse le Sage pour la sauvegarde de l'artisanat marocain, pour son importante activité d'enseignement et de défense du patrimoine culturel traditionnel, et pour avoir fait de Tétouan la capitale artistique du Maghreb. Dix ans plus tard, il ouvre une école préparatoire pour les jeunes Marocains qui souhaitent rentrer à l'Académie espagnole des Beaux-Arts. En plus de son travail à dans l'École des Arts Indigènes, il continue la peinture à l'huile, les aquarelles, les encres et les gravures, avec des thèmes folkloriques, décrivant l'histoire contemporaine, le paysage et la décoration maghrébine, ainsi que la création d'affiches publicitaires et de dessins de timbres et la collaboration avec les magazines et revues locaux[5]. En 1947, en qualité d'inspecteur des Beaux-Arts du Protectorat Espagnol, il participe à la restauration du palais du Khalifa de Tétouan et de la façade extérieure du sanctuaire de Sidi Ali bugaleb à Alcazarquivir, et le , il inaugure le Musée Marocain. Mariano Bertuchi décède à Tétouan le à l'âge de 71 ans. Le lendemain, accompagné d'un impressionnant cortège formé par sa famille et les premières autorités civiles et militaires du Protectorat, son corps est transféré de son domicile à la rue Generalísimo, au cimetière catholique de Tétouan. Son styleMariano Bertuchi est généralement connu comme le grand peintre du Protectorat, le peintre du Maroc. Grâce à son œuvre, le spectateur peut se représenter cette période de pacification dans le nord du Maroc par l'armée espagnole. Son travail est peu connu car il n'est pas facile d'identifier toutes ses œuvres, notamment dans sa réalisation de timbres et d'affiches publicitaires. Son activité de peintre est principalement inspirée par les paysages urbains de Tétouan et Chefchaouen : marchés, cafés, jardins, rues, scène de vie quotidienne, fêtes et cérémonies, panoramas de la vie et du peuple maghrébin. Infatigable, il peint essentiellement à l'huile et à l'aquarelle, mais il se consacre aussi au dessin et à la gravure. La réputation de Bertuchi fut telle que la quasi-totalité des émissions postales du Protectorat reproduit ses œuvres, ses tableaux et ses dessins sur différents sujets, comme des thèmes andalous, la tauromachie, la peinture militaire, les paysages et les arabesques, et bien sûr le peuple marocain. Ses peintures atteignent la maturité à cette époque, toujours imprégnées de la lumière de la Méditerranée[6]. Son style montre l'importance des jeux de lumières et d'ombres, qui font penser au travail impressionniste de Joaquín Sorolla (1863-1923). Mais pourtant, il sera parfois qualifié de « rigide et officialiste »[7]. La préservation du patrimoine traditionnel fait également la particularité de ce personnage, et son désir d'agir avec le plus grand respect pour les monuments marocains l'ont conduit à faire connaître de manière extrêmement rigoureuse les réformes urbaines des bâtiments ou des sites d'intérêt historique ou artistique, en défendant toujours l'authenticité de Tétouan[8]. Distinctions
Responsabilités
HéritageAuteur d'une grande pédagogie dont il s'est servi pour donner sens et vie à l'art populaire marocain en matière d'artisanat comme dans le domaine pur des beaux-arts, créant deux établissements uniques dans leur genre dans le monde arabe à savoir l'école des métiers d'art et l'école devenue aujourd'hui le seul institut national des beaux-arts du Maroc, à Tétouan, Bertuchi a laissé aussi son empreinte sur une tradition et une école artistique devenue la base de départ de plusieurs artistes contemporains espagnols et marocains comme Meki Megara). Plus de cinquante ans après son décès, le peintre espagnol Mariao Bertuchi est dignement célébré des deux côtés de la Méditerranée, montrant ainsi les influences et liaisons mutuelles possibles entre ses deux pays aux cultures et à l'histoire si proche, comme l'avait fait avant lui d'autres peintres espagnols tels que Mariano Fortuny Josep Tapiró i Baró. Cette influence grandiose de cette artiste s'illustre par les multiples expositions, rétrospectives et hommages réalisés aussi bien en Espagne qu'au Maroc. Expositions
Bibliographie
Notes et références
Liens externes
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