Marcel LecciaMarcel Leccia
Marcel Leccia (1911-1944) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent du Special Operations Executive, section F (française). Identités
Parcours militaire : SOE, section F, General List ; grade : lieutenant ; matricule : 309883. Éléments biographiquesMarcel Leccia naît le à Ajaccio (Corse) ou Mirande (Gers). Fils d'officier, il est sous-lieutenant en 1939 prisonnier en 1940 il s'évade de l'Oflag puis devient directeur de la Maison du Prisonnier à Limoges où il aide à l'évasion de pilotes britanniques abattus. Il passe ensuite en Espagne. Recruté par le Special Operations Executive, il est parachuté en France comme chef du réseau Labourer[1]. Mission en FranceLa mission assignée au réseau LABOURER par la section F consiste :
Le réseau comprend trois agents : Marcel Leccia, le chef du réseau ; Élisée Allard, son second ; Pierre Geelen, son opérateur radio. Les trois agents sont parachutés en une seule opération, dans la nuit du 5 au , à Néret (Indre). Récit de la réception de l'équipe LABOURER[2]
Le , Robert Monestier, responsable départemental des Mouvements unis de la Résistance, et son adjoint Robert Chabenat, rencontrent, comme c'est devenu le cas quasi quotidiennement, Maurice Southgate, chef du réseau STATIONER. Celui-ci leur dit : « Nous devons réceptionner, dans la même nuit, trois parachutages comprenant chacun trois personnes. Je dois donc, dans les quarante-huit heures à venir, trouver trois terrains n'ayant jamais servi, fournir trois équipes de réception et héberger neuf agents et leur matériel en attendant qu'ils puissent rejoindre une destination sûre dans une région voisine.» « Je vous propose de réaliser cette préparation », répond Robert Monestier. Il confère ensuite une demi-heure avec son adjoint et avec le capitaine Antoine, chef de l'Armée secrète de l'Indre (qui a pour pseudonyme Carpy). Monestier propose alors la solution à Maurice Southgate : à Saint-Gaultier, sur le terrain de Nuret-le-Ferron, avec, pour la réception, une "trentaine" de l'A.S. commandée par Dappe ; près de La Châtre, terrain de Néret, réception par la trentaine de Gaston Langlois ; près d'Issoudun, sur le terrain de Ségry, réception par la trentaine de Trommenschlager. Le soir même, les coordonnées des terrains et les messages de confirmation sont pianotés vers Londres par le radio de Southgate. Le , le responsable opérationnel du secteur de La Châtre, Gaston Langlois, dont dépend Néret, est prévenu par Robert Monestier et Robert Chabenat, de se rendre d'urgence à Châteauroux où le capitaine Antoine lui remet les instructions pour recevoir des parachutistes sur le terrain CHAT[3]. Le sachant homologué, les quelques résistants au courant s'attendent à recevoir des armes et du matériel et non des hommes. Aussi quelle n'est pas leur surprise, mais également leur fierté, de se voir confier la responsabilité d'une telle opération. Parmi les instructions, il y a le message « Le reptile se gratte l'oreille », et la lettre conventionnelle « R ». Le message passe à 13 heures sur la BBC : il faut revenir très vite pour prévenir le petit groupe habituel des opérations spéciales, dont le commandant Mignaton, chef de l'Armée secrète du secteur. Un brouillage intensif ne permet pas d'entendre les messages des émissions de 19 heures ni de 21 heures. Cependant, par précaution, l'équipe se rend sur le terrain, où elle passe une nuit blanche, car l'avion ne vient pas. Le , le lendemain, le message est capté à 13 heures, à 19 heures et à 21 heures. Cela confirme l'arrivée de l'avion dans la nuit. Départ rapide de Briantes pour Acre, entassés dans la camionnette marchant au gazo de Le Peutrec. Sur les lieux, mise en place du dispositif. Le commandant Mignaton, Albert Antixier, Gaston Langlois s'installent en ligne dans le sens du vent, à cent mètres les uns des autres, ayant chacun une lampe de poche au verre teinté avec du vernis à ongles. Le Peutrec, un ancien officier marinier, se tient à 20 mètres à gauche avec une lampe de poche au verre non peint pour passer au moment opportun la lettre « R ». Ernest Selleron, chaudement revêtu d'une "Limousine" se poste à proximité. Paul Théveriaud, le motard, se tient prêt à partir pour assurer la liaison. Auparavant, le commandant Mignaton, responsable AS du secteur, a prévenu le responsable du sous-secteur de Néret, Marcel Langlois, et son adjoint Gaston Fradet, pour assurer la protection, tandis qu'Allabergère et les frères Rotinat restèrent en réserve à Briantes. Le [4] à 0 h 45, un ronflement annonçant le passage assez bas d'un avion. Les hommes du comité de réception allument leur lampe. Le Peutrec avec la sienne transmet calmement en morse le signal. Le pilote de l'avion les repère, et, pour le faire savoir, un feu vert de l'appareil se met à clignoter. Puis l'avion s'éloigne à ne plus l'entendre. Toujours à faible altitude, il repasse, et s'éloigne à nouveau. Angoisse, inquiétude, peut-être un avion ennemi ! Puis soudain il revient encore plus bas pour se diriger vers Châteaumeillant, d'où il réapparaît encore plus bas que la fois précédente, passant au-dessus des têtes des gens du comité en fonction. À 1 h 30, trois parachutes blancs s'ouvrent, permettant de distinguer les hommes suspendus, puis trois autres plus sombres portant des containers. Les hommes du terrain bondissent vers ceux qui viennent de Londres. C'est l'effusion, des embrassades. Rapidement le capitaine Leccia, les lieutenants Allard et Geelen défont leurs combinaisons, se dépêchant de replier leurs parachutes. Les résistants les tranquillisent, leur assurant que la Gestapo n'est pas là. Les trois containers tombent plus loin, deux dans un champ de luzerne tandis que le troisième reste introuvable. Ce n'est qu'à la pointe du jour que Gaston Fradet et Marcel Langlois l'aperçoivent à une cinquantaine de mètres d'une ferme, alors que les gens commencent à vaquer à leurs occupations. En rampant, ils ramènent le précieux fardeau sans donner l'éveil. Une cultivatrice, peu de temps après, exprimera son étonnement, n'arrivant pas à comprendre pourquoi, au milieu de l'herbe chargée de gelée blanche, une plaque bien verte en avait été épargnée. À quelque cent mètres du terrain, à Acre, Madame Selleron sert un repas pantagruélique, de larges beefsteaks entre autres, le tout accompagné de l'excellent vin gris de Châteaumeillant. Leccia, Allard et Geelen n'en reviennent pas. Au petit matin, tout le monde, avec les containers, rejoint Briantes, à l'aide du gazo surchargé de Le Peutrec. Leccia et Geelen couchent chez le commandant Mignaton, Allard chez Autixier. Activité de l'équipe LABOURER[5]
Après s'être reposé, Geelen commence à émettre et passe un message à Londres. Des dispositions sont prises : Allard reste à Briantes chez Mignaton ; Leccia et Geelen s'installent à La Châtre chez Eugène Langlois, le père de Gaston. Geelen met en service trois postes d'émission : l'un chez ses hôtes, un autre rue de la fontaine à La Châtre, chez René Joly, le père de Ginette Langlois, qui elle-même, "Au P'tit Mur", assure la boîte aux lettres, tandis que le troisième reste à Briantes, les différents points d'émission permettant de déjouer l'ennemi toujours en chasse à l'aide de radiogoniométrie. Le , Harry Bonjour (Studio Harry, à Châteaumeillant, Cher), qui appartient au groupe de résistance de sa commune et est aussi agent du BCRA, photographie les trois parachutistes pour leur obtenir de fausses cartes d'identité. Le , sa fiancée anglaise, Odette Wilen (en) « Sophie », parachutée près d'Issoudun les rejoint et s'installe rue de la fontaine chez la famille Joly. Leccia part à la recherche des contacts, Geelen continuant d'opérer, les meilleures émissions-réceptions semblant être obtenues à Briantes, chez Mignaton. Le , une première fois, Geelen et Allard, accompagnés de G.L.[6], tentent d'avoir des contacts : ils se rendent en Creuse, aux « maisons » de Crozant, avec le gazo de René Rotinat, pour remettre à un agent « La tante » des « biscuits » (poste émetteur logé dans une boîte à biscuits). Ils ne peuvent la joindre : grillée, elle a fui. Vers le , le capitaine Leccia donne l'ordre à ses adjoints de le rejoindre à Cormery, près de Tours. Il les attendra sur le quai de la gare, ayant un point de chute près de Bléré (Cormery, comme Bléré, est à une vingtaine de kilomètres de Saint-Pierre-des-Corps. Munis de valises-radios et du matériel nécessaire, ils prennent le train à La Châtre accompagné de L[7]. Sur le quai de la gare de Cormery, le capitaine Leccia est fidèle au rendez-vous. Ses deux agents descendent tout en scrutant les alentours. Leur compagnon de route leur passe les précieuses valises, tout en faisant de même du haut des marches du wagon, puis, continuant sa route jusqu'à Tours, il conserve son poste d'observation jusqu'à ce qu'ils disparaissent. Une filature est toujours à redouter ou une arrivée surprise de la Gestapo. De retour à La Châtre, il ne tarde pas à revoir Geelen et Allard revenus rapidement eux aussi : le point de chute en Indre-et-Loire est brûlé à la suite d'arrestations[8]. Le , Leccia est de retour à Briantes accompagné d'un résistant sûr, « René ». Ils arrivent de Paris à bord d'une traction avant marchant à l'essence et pilotée par René. Par lui, Leccia vient d'avoir un contact sérieux à Paris. Ils doivent tous rejoindre la capitale rapidement. En conséquence, le capitaine Leccia et les lieutenants Allard et Geelen, sous l'œil bienveillant de René, chargent leur matériel, puis s'arrêtent à La Châtre pour prendre le reliquat. Ils se font des adieux. Odette Wilen reste à La Châtre. Puis c'est le silence, l'inquiétude grandissant au fur et à mesure que les jours passent. Le , dans la matinée, un homme avec un imperméable mastic et une femme brune s'arrêtent devant le magasin de Ginette Langlois, Au P'tit Mur. Ils observent, attendent, hésitent, puis entrent par l'épicerie. Gaston Langlois vient accueillir ces curieux clients. Ceux-ci cherchent à gagner du temps : ils demandent un kilo de sucre tout en fouillant du regard l'épicerie et le café. Quand Ginette arrive, leur visage s'éclaire. Ils lui remettent un papier sur lequel elle lit « Prière de remettre cette lettre à une jeune femme rousse, épicerie Au P'tit Mur, La Châtre. Que tous ceux qui ont touché de près ou de loin aux anges disparaissent immédiatement ». Les messagers étaient le commandant de gendarmerie Vassereau et sa femme, la sœur de Leccia. « René » Lavaud, le contact sûr, est en fait un agent double qui a livré, dès son retour à Paris, le capitaine Leccia, les lieutenants Geelen et Allard à la Gestapo de l'avenue Foch. Marcel Leccia avait recruté ses cousins, tous deux médecins à Tours. Ils furent déportés. Voir Joseph Leccia et Laurent Leccia. Aux mains de l'ennemiIls sont arrêtés fin , déportés en Allemagne à Buchenwald et exécutés le , pendus au crématoire du camp. ReconnaissanceDistinctionsIl est reconnu « Mort pour la France »[9].
Monuments
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
|