Manius Acilius Glabrio (consul en 91)Manius Acilius Glabrio
Manius Acilius Glabrio est un sénateur romain du Ier siècle, consul en 91 et mis à mort par Domitien en 95. BiographieIl appartient à une des familles les plus nobles de Rome, les Acilii, et de nombreux Acilii Glabriones ont occupé le poste consulaire, de Manius Acilius Glabrio en 191 av. J.-C. jusqu'à la fin du IIIe siècle. Il est surtout connu pour être le collègue de Marcus Ulpius Traianus, le futur empereur Trajan, au consulat de l'an 91 sous Domitien[1]. Comme il est d'une grande force, Domitien lui ordonne de descendre dans l'arène et de combattre un énorme lion de Numidie[2]. Il tue l'animal, ce qui est accueilli avec beaucoup d'applaudissements. Cela éveille la jalousie de l'empereur, qui quelques années plus tard utilisera ce prétexte pour bannir Acilius Glabrio, puis le faire mettre à mort[3] en 95[1],[4]. Selon Suétone, l'empereur fait exécuter plusieurs sénateurs et consulaires, dont Glabrio, pour conspiration contre l'Empire[5] ». Pour Dion Cassius, Glabrio et Titus Flavius Clemens sont tous deux exécutés, ainsi que « plusieurs autres » pour « ne pas adorer les Dieux » et pour avoir « embrassé la religion des juifs »[6]. Son exécution est peut-être par ailleurs liée au fait qu'il se soit probablement converti au christianisme[1]. Manius Acilius Glabrio, consul en 124, est son fils. Motif de son exécutionAprès avoir relaté l'exécution de Flavius Clemens, accusé par Domitien « de ne pas adorer les Dieux », l'historien romain Dion Cassius poursuit son propos en disant que « plusieurs encore qui avaient embrassé la religion des juifs, furent punis pour le même sujet, les uns de mort, les autres de la confiscation de leurs biens. [...] [Manius Acilius] Glabrion qui avait été consul avec Trajan, fut aussi condamné à mort, tant pour ce même crime que parce qu'il avait combattu contre les bêtes[7]. » Cette formulation a donné lieu à un vif débat pour savoir si Manius Acilius Glabrio était juif ou s'il était chrétien. En effet, l'accusation « d'athéisme » (« ne pas adorer les Dieux ») a souvent été utilisée à l'encontre de ceux qui tendent vers le judaïsme, mais encore plus contre les chrétiens qui refusaient de sacrifier aux Dieux païens. D'autre-part, dans les années 90 le judaïsme et le christianisme ne sont pas encore séparés[8], il n'est donc pas invraisemblable que Domitien considérait le mouvement chrétien, comme l'une des nombreuses « sectes » du judaïsme. Ainsi, « vers 90, en Épire, Épictète (Arrien, Entretiens, 4, 7) connaît un groupe d'hommes prêt à mourir, insensibles aux menaces de l'empereur Domitien ; à ses yeux, ces gens ne sont pas mus par la raison, mais par le fanatisme[9] », derrière lesquels on reconnaît des chrétiens[9]. Pourtant ce n'est pas ainsi qu'il les appelle, mais il utilise le nom: « Galiléens »[9], désignation attestée pour les adeptes du mouvement de Jésus pendant un temps au moment de sa naissance[10]. De plus, les Flaviens qui ont adopté le christianisme semblent avoir été des judéo-chrétiens, comme en témoigne la très forte revendication de l'évêque Clément de Rome par les auteurs du Roman pseudo-clémentin réputé, selon les Pères de l'Église, avoir été écrit par des ébionites[11], c'est-à-dire des judéo-chrétiens, alors qu'a contrario, les ébionites rejetaient l'apôtre Paul[12], parce qu'il avait incité à abandonner la circoncision[13]. Plusieurs sources donnent des indications qui montrent que Clément de Rome était proche des Flaviens. Il aurait été un neveu du consul Flavius Clemens[14]. Enfin, on peut noter que dans le cycle pseudo-clémentin, le futur évêque Clément, tout comme ses deux frères Nicétas et Aquila, se convertissent d'abord au judaïsme, avant d'adopter « la doctrine de vérité » et de reconnaître Jésus comme Messie[15]. Une adoption de la doctrine des Nazôréens[16] qui est clairement conçue, comme une « Voie » dans le judaïsme[17], à l'instar d'autres Voies existant à l'époque dans le judaïsme: Pharisiens, Sadducéens, Esséniens, Baptistes (Hémérobaptistes, Masbothéens), Galiléens, Samaritains, etc[18]. Pour Simon Claude Mimouni, Clément est un judéo-chrétien, probablement de stricte observance juive « tout autant fortement messianiste que stoïcien[19] ». Des découvertes archéologiques effectuées à la fin du XIXe siècle par Giovanni Battista De Rossi conduisent à penser qu'Acilius Glabrio était chrétien[20] et donc que Titus Flavius Clemens et sa femme Flavia Domitilla, condamnés « pour ce même crime » étaient probablement aussi des chrétiens. Dans cette période (94 - 96), Domitien fait tuer ou exile plusieurs autres chrétiens membres de son entourage, comme la vierge consacrée Flavia Domitilla, ses chambellans Nérée et Achillée[14], l'évêque Clément de Rome, ainsi que d'après Philostrate d'Athènes un autre des parents de Domitien appelé lui aussi Clément, qui avait été marié avec une sœur de Domitien[21]. Il s'agit probablement de celui que le Talmud de Babylone appelle Kelonikus (T.B. Guittin, 56b) ou Kelonimus ( T.B. Avoda Zara, 11a), que les linguistes reconnaissent comme une déformation du nom "Clément" et qui dans le Talmud épouse une sœur de Titus (qui est donc aussi une sœur de Domitien), pour donner naissance à Onqelos[22]. Une déformation du nom Aquila, forme que l'on trouve d'ailleurs dans certains passages parallèles du Talmud de Babylone, où le nom Onqelos est remplacé par Aquila. Onqelos traduira la Torah en araméen depuis le texte hébreu, et son œuvre, toujours utilisée dans le judaïsme, est appelée le Targoum Onkelos[23]. Descendance d'Acilius Glabrio
BibliographieNotes et références
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