Mafia turque
La mafia turque est un ensemble d'organisations criminelles d'origine turque qui ont infiltré la société civile et les institutions en Turquie et à l'étranger. HistoireLa mafia turque d'abord impliquée dans le commerce des armes dans les années 70, s'est ensuite diversifiée avec l’héroïne dans les années 80, puis dans le trafic d'êtres humains[1]. Au début des années 1980, la libéralisation de l'économie turque à la suite du coup d'État de 1980 permet aux groupes mafieux de s'infiltrer en profondeur dans le tissu économique et politique du pays[2]. Selon Xavier Raufer, le mandat du Premier ministre Tansu Çiller de 1993 à 1995 a marqué le début du mariage entre politique et mafia en Turquie. En 1996, le journal quotidien Sabah affirme que 80 % des bons du Trésor public turc sont détenus par les 5 plus grands propriétaires de casinos du pays, tous des mafieux notoires. Les forces politico-mafieuses s'approprient les appels d'offres publics[3]. En 1995, le journal quotidien Milliyet estime que 23 000 tueurs à gages opèrent pour le compte de la mafia turque[4]. Le 3 novembre 1996, la présence de 4 personnalités dans une même voiture et victimes d'un accident à Susurluk fait scandale. Étaient présents dans la voiture Hüseyin Kocada (directeur adjoint de la police d’Istanbul), Abdallah ÇatlÈ (narcotrafiquant recherché par Interpol), Gonca Us (maîtresse de ÇatlÈ) et Sedat Bucak (député du DYP et seul survivant de l'accident). La voiture était remplie de drogues et d'armes[3],[5]. En 1998, la Drug Enforcement Agency (DEA) estime qu'autour de 6 tonnes d'héroïne sortent de Turquie chaque mois, soit les trois quarts de la consommation européenne[6]. En 2002, le nord de Londres a été le théâtre d'une guerre de territoire entre les gangs turcs locaux. Une grande partie de la communauté turque de Londres est victime de racket. Jusqu'en 1998, la mafia turque jouissait d'un quasi-monopole sur le trafic d'héroïne à Londres[3]. En 2004, la chambre de commerce d'Ankara estime à 60 milliards de dollars par an les revenus de la mafia en Turquie[3]. En avril 2020, le chef mafieux Alaattin Çakici, arrêté le 17 août 1995 à Nice[6], est libéré après 16 ans de détention. Il a, entre autres, commandité le meurtre de sa femme Ugur Cakici, assassinée le 19 janvier 1995, sous prétexte d'adultère[2],[6]. En 2020, des enquêteurs français retracent le parcours de 80 millions d'euros en billets qui avaient disparu des caisses de Mouammar Kadhafi en 2010 et ont été réintroduits en Europe via la mafia turque[7]. CaractéristiquesLa Turquie est un pays dont la situation géographique en fait un point de passage obligatoire pour des narcoroutes caucasiennes et asiatiques. La mafia turque moderne date des années 1940 avec l'explosion du trafic de stupéfiants. Selon le criminologue Xavier Raufer, l'Union européenne ferme complètement les yeux sur cette situation[3]. Parmi ses activités majeures on recense le trafic de drogues, d'êtres humains, d'organes et d'armes, ainsi que le racket et les jeux. On recense 44 gangs de grande envergure en Turquie, dont un grand nombre à Istanbul. Le chef d'un gang est appelé le baba (papa). La mafia turque est très présente en Angleterre (3/4 du trafic d'héroïne), en Allemagne, en Espagne, en France (quartier de Strasbourg-Saint-Denis à Paris) et aux Pays-Bas. Les organisations criminelles turques ont de très profonds liens avec des politiciens grâce à la corruption. La mafia turque n'est pas homogène et on distingue les familles kurdes proches du PKK et les familles turques proches des Loups gris. Mais la distinction n'est pas nette, certains groupes criminels kurdes sont opposés au PKK et proches des Loups gris. Personnalités
Notes et références
Bibliographie
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