Madeleine Eugénie Clémentine Victoria Cavelier est la fille de Pascal Frédéric Jean Baptiste Cavelier, jardinier, et d'Amélie Eugénie Blondel[1].
Elle passe son enfance à Barentin où ses parents ont acheté un petit commerce. Quand sa mère devient veuve, elle s’installe à Pissy-Pôville et, pour survivre, accueille quatre fillettes de l’Assistance Publique. Cette situation décidera de la vocation d’éducatrice de Madeleine Vernet. Elle écrit bientôt des articles dans Pages libres, le journal de Charles Guieysse, où elle s’insurge contre les abus dont sont victimes les enfants de l’Assistance. En représailles, les fillettes seront retirées à sa mère.
Madeleine Vernet qui n’a pas réussi à créer l’orphelinat de ses rêves en Normandie, part pour Paris, où elle exerce le métier de comptable. Elle entreprend des démarches auprès de journalistes, de syndicalistes, se lie avec les milieux libertaires, rencontre Georges Yvetot, Marcel Sembat, Albert Thomas, et en 1906, fonde à Neuilly-Plaisance (déplacé ensuite à Épône) l’orphelinat L'Avenir social avec Jean Louis Tribier, qu’elle épousera le 12 octobre 1909 à Épône.
En 1922, les communistes sont majoritaires au conseil d'administration de l’orphelinat et Madeleine Vernet doit bientôt abandonner son poste de directrice. L’orphelinat deviendra L'Orphelinat ouvrier, installé à La Vilette-ès-Aulne jusqu'en 1938.
Projet de loi Paul Boncour de 1927
Le 7 mars 1927, la Chambre des députés vote, à 500 contre 31, un projet de loi qui prévoit la mobilisation en temps de guerre « de tous les Français, sans distinction d’âge ni de sexe. » Pour la première fois en France, une mobilisation (non-combattante) féminine est envisagée.
Madeleine Vernet s’insurge :
« Alors qu’on a pu faire la démonstration que toute guerre était une défaite, même pour les victorieux, que la force violente restait inopérante pour assurer la paix, nos hommes politiques ne trouvent rien de mieux que d’organiser la guerre en mobilisant toutes les forces vives du pays. Désormais, du berceau à la tombe, le devoir de tout Français sera d’être « un bon soldat ». »
Elle distingue deux types de féministes. Elle appartient à la seconde et Hélène Brion à la première.
« D’une part, il y a les féministes-suffragistes qui déclarent : « Nous repoussons la loi parce qu’on ne nous accorde pas nos droits politiques. N’étant pas citoyennes, nous n’avons pas à être soldats ! » Cela revient à peu près à dire que ces féministes accepteraient d’être militarisées si on les déclarait électeurs. D’autre part, il y a les féministes pacifistes et antimilitaristes qui déclarent ne pas vouloir payer leur bulletin de vote de l’obligation de tuer. »
— Madeleine Vernet, « Comment la France prépare le désarmement », La Mère Éducatrice, n° 2-3, février-mars 1927, cité par Marie-Michèle Doucet, « Les femmes pacifistes et les parlementaires français : l’exemple du projet de loi Paul-Boncour de 1927 », Parlement[s], Revue d'histoire politique, n° 26, 2017/2, p. 107-123.
Elle fonde en 1927 le journal La Volonté de paix qui paraîtra jusqu’en 1936, date à laquelle il fut interdit après le procès de Louis Tribier pour activités antimilitaristes.
Anthologie populaire. Choix de poésies sociales et philosophiques des auteurs classiques, modernes et contemporains présentées par Madeleine Vernet. Volume 1. Pages contre la guerre, Epône, éditions de l'Avenir social, 1921
Tous les métiers, pièce-revue en 1 acte sur des chansons de Maurice Bouchor, Épone, Éditions de L'Avenir social, 1921
Le Rameau d'olivier, contes pour la paix, préface de Félicien Challaye, images et dessins de Sarah Menant, Levallois-Perret, Éditions de La Mère éducatrice, 1929
De l'objection de conscience au désarmement, les thèses de la volonté de paix, Levallois-Perret, Éditions de La Volonté de paix, 1930, (OCLC458503492).
L'Arc-en-ciel, contes pour la réconciliation, préface de Michel Corday, illustrations de Pierre Rossi, avec 2 estampes de Rouen de H. Madelaine, Levallois-Perret, Éditions de La Mère éducatrice, 1933
Maître Calvet, roman du terroir normand, Rouen, H. Defontaine, 1937
Agar et Ismaël, Mignolet, 1939
Poèmes de l'éternelle amante, Rouen, les Amis de M. Vernet, 1946
↑René Bianco, Répertoire des périodiques anarchistes de langue française : un siècle de presse anarchiste d’expression française, 1880-1983, thèse de doctorat, université d’Aix-Marseille, 1987, 3503 pages, L’Encyclopédie anarchiste.
Voir aussi
Bibliographie
Oakleigh Welply, Madeleine Vernet : féminisme et pacifisme du début du siècle à la Seconde guerre mondiale, IEP, 1997
Nicole Racine, Michel Trebitsch, Françoise Blum, Intellectuelles. Du genre en histoire des intellectuels, Bruxelles, Éditions Complexe, 2004.