Maïssa Bey suit des études universitaires de lettres à Alger puis elle enseigne le français à Sidi-Bel-Abbès dans l'ouest algérien, où elle anime l'association culturelle « Paroles et écritures », créée en 2000, dont l'objectif est d'ouvrir des espaces d'expression culturelle (création d'une bibliothèque en 2005, avec organisation de rencontres avec des auteurs, ateliers d'écriture, lecture de contes, animations diverses pour les enfants…)[2].
Elle a écrit des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, des poèmes et des essais. Elle a reçu en 2005 le grand prix des libraires algériens pour l'ensemble de son œuvre[3].
Appartenances littéraires
« Assia Djebar, Malika Mokeddem, Leila Sebbar, Maïssa Bey, Nina Bouraoui sont parmi les plus connues. Née en 1936, Assia Djebar est la première féministe algérienne, historienne et romancière, qui ouvre le chemin à ses consœurs pour prendre la parole de libération en Algérie dans leur combat pour l’émancipation des femmes et leurs libertés. »[4].
Les écrits des romancières[5] avaient pour but de parler et de s'exprimer au-delà du silence, d'ailleurs certaines écrivaines comme Maissa Bey utilisent des pseudonymes afin de s'exprimer plus librement. Les sujets de l’écriture étaient dans un but de quête d’identité propre, et une recherche d’un sens plus clair des issues sociales, politiques et sexuelles auxquelles les femmes de la société sont confrontées, et ce à travers des récits autobiographiques ou semi-autobiographiques, ou à travers des protagonistes féminins[6].
Maissa Bey est l'une des figures de l'écriture féministe qui s'est intéressée à la situation des femmes en Algérie. Elle incarne un personnage féminin social dans ses écrits où elle incite les femmes par le biais de l'écriture à revendiquer leurs droits et de s'assumer dans une société patriarcale. Cette écrivaine est considérée comme l'une des porte-paroles des femmes algériennes car elles ont trouvé dans sa plume les mots qui décrivent leurs situations et leurs oppressions[7].
Maissa Bey illustre dans ses œuvres des personnages (souvent des femmes) qui vivent une situation complexe et qui se trouvent dans un contexte de violence, d'injustice et de soumission, et où la révolte est sévèrement réprimée. Les femmes se sont prises en proie dans ces conditions et des contraintes objectives d'un quotidien en Algérie. L’écrivaine montre une réalité et dénonce (malgré elle) à travers ses textes cette réalité où elle se bat elle-même en tant que femme, avant l’écrivaine qu'elle est devenue[8].
Son roman Cette fille là a été adaptée au théâtre par la féministe et directrice de théâtre Jocelyne Carmichaël en 2003[9].
Elle a déclaré lors d'une interview : « Pour moi, tout s’est passé comme si tout à coup garder le silence équivalait à se rendre complice de ce que nous devions subir. Et les mots ont été et sont toujours - salvateurs en ce sens qu’ils m’ont aidée à mettre de l’ordre dans le chaos que nous vivions au quotidien »[10].
L'ombre d'un homme qui marche au soleil - Réflexions sur Albert Camus, Éd. Chèvre-feuille étoilée, 2004, 2013, 2019
L'une et l'autre, Éd. de l'Aube, 2009
Théâtre
Tu vois c'que j'veux dire ?, Éd. Chèvre-feuille étoilée, 2013
On dirait qu'elle danse, Éd. Chèvre-feuille étoilée, 2014
Chaque pas que fait le soleil, Éd. Chèvre-feuille étoilée, 2015
Textes divers
À contre-silence, entretien avec Martine Marzloff, Paroles d'Aube, 1998
Notes et références
↑Christiane Ndiaye (dir.), Introduction aux littératures francophones : Afrique, Caraïbe, Maghreb, Montréal/Paris, Les presses de l’université de Montréal, , 276 p. (ISBN2-7606-1875-7, lire en ligne), p. 248.
↑Claire Marca et Reno Marca, Algérie. Soyez les bienvenus, Paris, Aubanel- Minerva (Genève), , 239 p. (ISBN978-2-7006-0569-3), p. 237
↑S. Seza Yılancıoglu, « Unveiling the Individual Memory of War in the Work of Maïssa Bey », Human and Social Studies, vol. 4, no 3, , p. 73–89 (ISSN2285-5920, DOI10.1515/hssr-2015-0025, lire en ligne, consulté le )
↑Lila Ibrahim-Ouali, « Maïssa Bey: « des mots sous la cendre des jours »: Au Commencement était la mer et Nouvelles d'Algérie », L'Esprit Créateur, vol. 40, no 2, , p. 75–85 (ISSN1931-0234, DOI10.1353/esp.2010.0139, lire en ligne, consulté le )
↑Filles du silence. Adaptation du roman de Maïssa Bey "Cette fille-là" : Jocelyne Carmichael (lire en ligne)
↑Charles Bonn, Échanges et mutations des modèles littéraires entre l’Europe et L’Algérie : Contre le silence sur l’origine : position narrative et foisonnement de voix féminines dans “Cette fille-là“, de Maïssa Bey, Paris/Budapest/Torino, L’Harmattan, , 329 p. (ISBN2-7475-6261-1, lire en ligne), p. 269.