Méthode SuzukiLa méthode Suzuki est une philosophie de l'apprentissage employée notamment pour celui de la musique. Elle a été développée au milieu du XXe siècle par Shinichi Suzuki. Les principes fondamentaux de cette méthode sont de commencer très tôt, de se baser sur le principe de l'apprentissage de la langue maternelle, de soigner le répertoire, de donner des cours en groupe et d'inviter les parents aux leçons individuelles. Histoire et principes
— Shin'ichi Suzuki La méthode Suzuki a été conçue au milieu du XXe siècle par Shinichi Suzuki, un violoniste qui désirait apporter de la beauté dans la vie des enfants de son pays, le Japon, après les ravages de la Seconde Guerre mondiale. Violoniste doué, mais luttant pour apprendre l'allemand, Suzuki remarqua que tous les enfants apprennent leur langue natale rapidement, voire des dialectes que les adultes estiment difficiles. Il en déduisit que si des enfants ont des facilités pour acquérir des langues nouvelles, on pouvait en tirer parti pour leur enseigner à jouer d'un instrument. Il explora le premier l'idée que n'importe quel enfant de maternelle pourrait apprendre le violon si les étapes d'apprentissage était bien calibrées et si la taille de l'instrument était réduite pour convenir à un enfant. Il élabora sa méthode, qu'il baptisa en japonais sainō kyōiku (才能教育), d'après ses théories relatives à l'apprentissage des langues. Suzuki était persuadé que tout enfant, si on lui apprenait correctement, était capable d'atteindre un haut niveau musical, ce qui était en son temps une idée révolutionnaire dans ce domaine. Il fit aussi clairement savoir que le but d'un tel enseignement était d'élever des générations d'enfants dotés d'un « cœur noble », par opposition à la formation d'enfants prodiges. La méthode Suzuki s'est d'abord développée au Japon. De là elle s'est propagée à d'autres pays asiatiques puis à l'Europe. On a commencé aussi à enseigner cette méthode en Afrique. Bien qu'à l'origine elle fut basée sur l'étude du violon, elle a été adaptée à d'autres instruments : la flûte traversière, le flûte à bec, le piano, la guitare, le violoncelle, l'alto, la contrebasse, l'orgue, la harpe et la voix humaine. En outre il existe quelques écoles maternelles Suzuki qui ont adapté la pédagogie de Suzuki aux compétences autres que musicales pratiquées dans ces classes (développement de la personnalité au point de vue social et émotionnel, communication et faculté à écouter et à parler, etc.) Philosophie
— Shin'ichi Suzuki La conviction cardinale de Suzuki, appuyée par ses théories sur l'acquisition universelle du langage, est que n'importe qui peut apprendre, et apprend, à partir de son environnement. Les principes essentiels de la méthode jaillissent donc du désir de créer « l'environnement adéquat » pour apprendre la musique. Il croyait en outre que cet environnement positif aiderait aussi à favoriser le développement d'une excellente nature dans chaque étudiant. Ces éléments sont les suivants :
La méthode n'encourage pas la compétition entre les instrumentistes, elle encourage la collaboration et l'émulation quels que soient l'habileté et le niveau. Néanmoins, il y a une audition si un élève souhaite jouer en public avec l'Orchestre américain des Jeunes Suzuki, une formation nationale sponsorisée par l'Association Suzuki d'Amérique. Un autre point important de la méthode est qu'un parent du jeune élève doit superviser la pratique quotidienne de l'instrument (au lieu de laisser l'enfant travailler seul entre les leçons) et assister à chaque leçon pour être capable de superviser efficacement le travail. Il n'est pas nécessaire que le parent sache jouer aussi bien que l'enfant, voire sache jouer tout court ; il est juste nécessaire qu'en assistant aux leçons il sache ce que l'enfant devrait faire et de quelle façon. Ce point de la méthode est tellement mis en avant que le Los Angeles Times l'a qualifiée de « méthode matri-centrée »[1]. Critiques et contre-argumentsLes critiques les plus usuelles de la méthode Suzuki, venues d'éducateurs extérieurs au milieu des associations Suzuki, portent sur le fait que jouer à l'unisson, écouter intensivement et imiter les enregistrements, se focaliser précocement sur la mémorisation conduisent à :
Les autres critiques portent sur :
De nombreux professeurs de la méthode Suzuki ont répondu à ces préoccupations en introduisant des exercices de lecture plus fréquents qu'au moment où la méthode fut introduite en Occident. En outre le fait d'apprendre à la base par l'écoute facilite le processus de lecture, car beaucoup d'élèves développent la capacité de prévoir l'évolution tonale d'une phrase ou comprennent intuitivement les figures rythmiques récurrentes. Certains enseignants insistent sur la cohérence acquise lors d'interprétations en groupe en faisant remarquer que c'est une compétence nécessaire « de même que dans le pupitre des cordes de n'importe quel orchestre symphonique ». Ils ajoutent que même si les prestations en groupe jouent un rôle prépondérant sur le plan de la motivation et s'affichent comme une caractéristique particulièrement remarquable de la méthode Suzuki, l'interprétation en soliste est aussi encouragée, et les leçons individuelles taillées sur mesure forment le cœur de la méthode[2]. De façon à assurer la qualité des professeurs, chaque association Suzuki définit au niveau national son propre référentiel pour la formation des professeurs. Par exemple afin de s'inscrire au programme des formations des professeurs, il fallait en 2002 passer une audition. La critique a aussi surgi à l'intérieur même du mouvement Suzuki :
Il est habituel chez de nombreux professeurs de la méthode Suzuki d'introduire des morceaux supplémentaires au répertoire telles que des airs ou d'autres pièces classiques comme ceux collectés par Barbara Barber dans son recueil Solos pour jeunes violonistes. Cette pratique est une réponse au fait que des élèves progressent trop rapidement ainsi qu'au choix restreint de styles de musique présentés par le recueil de Suzuki. La tendance des élèves à ne pas s'émanciper est majoritairement due à un trait culturel propre à l'Amérique et peut être résolue par un professeur exigeant de ses élèves un travail autonome (American Suzuki Journal, 1996) et mettant en place une démarche pour guider cette transition vers l'autonomie. Enfin, un enseignant de la méthode Suzuki a conscience des attentes exigibles d'un enfant de 3 à 5 ans quant au travail à la maison. Il guidera les parents vers une approche appropriée du travail personnel. Les techniquesNotes et références
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