Mélanie Delattre-Vogt a d'abord fait connaître sa pratique du dessin par des publications. En 2006, le critique d'art et commissaire d'exposition Erik Verhagen adresse un premier texte aux Cahiers dessinés (éditions Buchet-Chastel) analysant sa pratique d'un dessin métamorphosé qui « tel un montage cinématographique qui superposerait plusieurs épaisseurs tant spatiales que temporelles, naît de la confusion d’éléments hétéroclites que les circonvolutions du hasard, de la mémoire et de l’oubli, ont su provoquer[1]. » La publication de ce texte est accompagnée des dessins de deux séries que l'artiste vient de réaliser : Les Fragments textuels et Le Père. Cette dernière série est présentée à l'Espace culturel Louis Vuitton à Paris en 2012, lors de l'exposition « Autobiographies », puis acquise et exposée au sein de ses collections par le musée d'Art moderne de la Ville de Paris en 2015[2].
« Sans doute ces dessins sont-ils approvisionnés par les rêves et les phobies de l’auteur, par ses lectures, par des souvenirs de Klinger et de Kubin et par un symbolisme dont le sens se laisse difficilement saisir[3]. »
Elle réalise entre 2009 et 2011 deux séries de dessins pour les éditions du Chemin de fer. La première, en regard du texte de Stig DagermanDieu rend visite à Newton, est acquise par le CNAP en 2011[4],[5]. La seconde, à partir du texte de Béatrix BeckCou coupé court toujours, est exposée à la galerie Di Meo à Paris en 2012 lors de son exposition personnelle « Largo con sordini »[6],[7]. Cette exposition présentait également une autre série de dessins ayant pour point de départ un ouvrage insolite : la biographie de la chienne Tongdaeng écrite par son maître, le roi de ThaïlandeRama IX[8],[9].
Delattre-Vogt participe en 2010 à l'exposition « Dynasty » simultanément au Palais de Tokyo et au musée d'Art moderne de Paris, dont les œuvres, réalisées à partir d'un manuel de congélation des années 1970, prennent la forme d'une série de 21 dessins et d'une installation sonore[10],[11]. Elle y réalise conjointement un ensemble de grands dessins dont le titre Je ne crois pas aux paysages est issu du Livre de l'intranquillité de Fernando Pessoa, dont elle tire régulièrement des passages au hasard pour l'aiguiller dans ses recherches[12].
Depuis 2015, Mélanie Delattre-Vogt collabore régulièrement avec l'atelier Michael Woolworth à Paris, ce qui donne lieu à des éditions et expositions[13].
Lors de l'édition 2020 de la Nuit Blanche à Paris, elle est sélectionnée par Fabrice Hergott pour réaliser une installation vidéo et sonore dans le jardin de la Nouvelle-France. Cette œuvre, Locus amoenus, est inspirée par les textes de Lucrèce et de Claude Élien ainsi que par les lettres de Denis Diderot à Sophie Volland[14]. Les dessins, d'inspiration végétale et minérale, ayant servi de point de départ à l'installation vidéo sont acquis et exposés dans les collections permanentes du musée d'Art moderne de Paris en 2021.