Pour autant, la presse est en difficulté financière, et les chaînes de télévision privées peinent à trouver leur rentabilité. L'indépendance et la pluralité sont menacées, même si la loi de 1996 stipule l'impossibilité de posséder plus de trois organes de communication pour un Sénégalais, et plus d'un pour un étranger[1].
Une offre radiophonique diversifiée publique et privée couvre le pays, des radios généralistes aux radios communautaires, musicales et religieuses sans oublier la présence des radios internationales. En 2017, le pays compte 276 radios, réparties comme suit : 222 radios communautaires, 48 commerciales et 6 radios internationales, ce qui représente 457 fréquences attribuées par l'ARTP[2].
Les satellites permettent néanmoins de capter des chaînes privées internationales.
Internet
Selon l'Observatoire sur les Systèmes d'Information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal (OSIRIS)[3], le nombre d’utilisateurs d’Internet serait de 650 000 en septembre 2007.
Au , il y avait 34 907 abonnés, dont 33 584 avec une connexion ADSL.
On estime actuellement à plus de 800 le nombre de points d'accès à Internet dans le pays.
En , 1 921 domaines .sn étaient déclarés et 540 sites étaient effectivement en ligne.
Les principaux fournisseurs d'accès Internet sont la Sonatel (3G, ADSL), Expresso (3G) et Tigo (3G).
Les principaux sites internet et d'actualité sont seneweb.com, rewmi.com, nettali.net, xibar.net, canalactu.com, senego.com, lesoleil.sn et limedia.org.
Limedia.org (l'observatoire de l'information et des médias) est le premier site web de critique média au Sénégal et même en Afrique. Il a été lancé en par des citoyens libres et indépendants[5]. Limedia fait un remarquable travail de critique des médias, très proche de l'école de Pierre Bourdieu.
Liberté de la presse
En , le journaliste d'investigation Pape Alé Niang, directeur de Dakar Matin est arrêté. Il est poursuivi pour « divulgation de documents militaires de nature à nuire à la défense nationale », « diffusion de fausses nouvelles » et « attaques répétées, non fondées et inacceptables dirigées contre les forces de sécurité » et mis en prison. Son arrestation serait liée à des informations gênantes pour le pouvoir dans le procès de l'opposant Ousmane Sonko. Son incarceration mobilise les journalistes au Sénégal (rassemblés derrière la Coordination des associations de presse (CAP)) et à l'étranger. Il est libéré à titre provisoire le mais de nouveau mis en prison le 20. Il entame alors une grêve de la faim et son état de santé se dégrade. Le , il est de nouveau remis en liberté provisoire avec contrôle judiciaire. Les journalistes critiquent la dégradation de la liberté de la presse au Sénégal[6],[7],[8].
En , le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) décide de bloquer pendant 7 jours la chaîne de télévision Walf TV (télévision du groupe Walf). Cette décision fait suite à la couverture d'une manifestation interdite par les autorités, à Mbacké, de partisans de l'opposant Ousmane Sonko et des heurts entre ceux-ci et les forces de police. Cette décision est critiquée par Ibrahima Lissa Faye, le président de l'Association des professionnels de la presse en ligne (Appel) et par Moustapha Diop, le directeur général de Walf TV, qui considère que les journalistes ont fait leur travail. Le CNRA considère qu'il cherche à protéger les jeunes des images de la manifestation[9],[10].
En , le journaliste Pape Ndiaye, chroniqueur judiciaire de Walf TV, est mis en garde à vue et inculpé de « diffusion de fausses nouvelles » et « outrage à magistrat » pour un reportage sur l'affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr, une affaire très sensible politiquement[11]. Pape Ndiaye refuse de divulguer ses sources lors de son interrogatoire et il est incarcéré[12]. Dans ce contexte, Amnesty International critique la répression de la liberté de la presse, de la liberté d'expression et de réunion pacifique[13],[14].
À partir du , Walf TV est suspendu pour un mois pour avoir couvert les manifestations consécutives à la condamnation d'Ousmane Sonko. Pour pallier le manque de revenus à la suite de cette suspension, une cagnotte est organisée en ligne mais le gouvernement sénégalais interdit à l'opérateur de transférer l'argent à Walf TV[15],[16].
(fr) Le Pluralisme radiophonique en Afrique de l'Ouest. Enquête réalisée par l'Institut Panos Paris et l'Union des journalistes d'Afrique de l'Ouest, tome 1, Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Sénégal, Togo, radios étrangères, Paris, Institut Panos, L'Harmattan, 1993 (ISBN2738420702)
(fr) Sénégal : environnement juridique des médias, Paris, Ministère de la Coopération, 1995, 119 p.
(fr) Moustapha Barry, Histoire des médias au Sénégal. De la colonisation à nos jours, L'Harmattan, , 356p. (ISBN978-2-343-00712-0)
(fr) Badara Cissé, L'information locale dans les médias au Sénégal, 1990 (thèse [Où ?])
(fr) Saïdou Dia, De la TSF coloniale à l’ORTS : évolution de la place et du rôle de la radiodiffusion au Sénégal (1911-1986), Bordeaux, Université de Bordeaux III, 1987, 660 p. (thèse de 3e cycle)
(fr) Momar-Coumba Diop, Le Sénégal à l’heure de l’information. Technologies et société, Karthala, 2003, (ISBN2845863764)
(fr) Daouda Fall, « Le contrôle du pouvoir exécutif par l'opinion publique au Sénégal », Revue juridique et politique. Indépendance et coopération, n° 3, 1997, p. 312-319
(fr) Cheikh Faty Faye, L’opinion publique dakaroise, 1940 à 1944, Dakar, Université de Dakar, 1973, 133 p. (mémoire de Maîtrise)
(de) René Grossenbacher, Journalismus in Entwicklungsländern : Medien als Träger des sozialen Wandels ?, Université de Zurich, 1988, 236 p. (thèse publiée)
(fr) Issa Thioro Gueye, Les médias sous contrôle : liberté et responsabilité des journalistes au Sénégal, L'Harmattan, 2006
(fr) Abou Bakry Kébé, Le rôle des radios privées dans les dynamiques des langues en Afrique francophone (Sénégal) : interaction entre situation sociolinguistique et processus de création lexicale, thèse de doctorat, Université de Rouen (France), 2011
(fr) Sophie Le Callennec, Politique-religion-médias : enjeux de pouvoir : le Sénégal à la recherche d'une voie originale en Afrique noire, [Où ?], 1987
(fr) Abou Bakry Kébé, Le rôle des radios privées dans les dynamiques des langues en Afrique francophone (Sénégal) : interaction entre situation sociolinguistique et processus de création lexicale, thèse de doctorat, Université de Rouen (France), 2011
(fr) Ndiaga Loum, Les médias et l'État au Sénégal : l'impossible autonomie, L'Harmattan, 2003
(fr) Bathj Niang, Essai sur l’histoire du courrier postal et des lignes télégraphiques au Sénégal. 1850-1900, Dakar, Université de Dakar, 1977, 157 p. (mémoire de Maîtrise)
(fr) Moustapha Samb, La presse parlée : Évolution et impact de la radio au Sénégal de 1939 à 1972, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1991, 92 p. (mémoire de Maîtrise)
(fr) Martin Taureg et Frank Wittmann (sous la direction de), Entre tradition orale et nouvelles technologies : où vont les mass média au Sénégal ?, Dakar, ENDA, Études et recherches n° 232, 171 p. (ISBN9291300497)
Émile A. Tozzo, « La réforme des médias publics en Afrique de l’Ouest », Politique africaine, vol. 1, no 97, , p. 99-115 (lire en ligne)
(fr) Abou Bakry Kebe, « La wolofisation du discours journalistique au Sénégal », dans Alpha Ousmane Barry (dir.), Discours d’Afrique : Tome 1 : Pour une réthorique des identités postcoloniales d’Afrique subsaharienne, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN978-2-84867-267-0, DOI10.4000/books.pufc.25082, lire en ligne), p. 253-266.