Petite-nièce du forgeron Desnoues qu’Alain-Fournier évoque dans Le Grand Meaulnes, elle travaille comme secrétaire d’un avocat à Paris et commence à écrire. Elle est découverte par Charles Vildrac qui l'encourage et la fait rencontrer de nombreux artistes parmi lesquels Colette et Lucien Jacques qu'elle vient voir à Montjustin. Son premier recueil paraît en 1947, année où elle épouse (coup de foudre) le poète et dramaturge belge Jean Mogin (fils de Norge) qui l’amène à vivre à Bruxelles. Ils passent leurs vacances en famille à Montjustin. Hélène Martin met en musique de nombreux poèmes et lui consacre une émission télévisée de Plain Chant. En 1983 le couple, qui a eu deux filles, Isabelle et Sylvie, s’installe définitivement à Montjustin. Jean meurt subitement en 1986, mais Lucienne, traumatisée, réussira à reprendre la plume, au grand plaisir de ses nombreux amis amateurs de poésie.
Style
Elle rédige en vers réguliers et rimés, ciselés, mélodiques, jouant avec les mots et utilisant des figures de style raffinées comme les holorimes
« Ah ! ce qu'on sert de faux ré À ce concert de Fauré »
« Notre bourgade a vu se bagarrer Les bigarreaux avec les bigarades. Ah ! mes amis, quelle vive algarade. »
Elle chante avec simplicité, mais habileté et puissance, la nature et la vie ; les aliments lui sont aussi une source d’inspiration.
Que mettrons-nous sur la table
Pour le tout premier festin ?
Le bolet farci, le râble
Et la fraise au Chambertin ?
Non, l’olive nue et pure
Et nus et crus les oignons,
Le fromage sans parure,
L’eau de source et le quignon.
Hommages
Lucienne Desnoues a reçu le prix Renée-Vivien de la Société des gens de lettres, en 1952. Elle a partagé avec son époux, en 1965, le prix Engelmann de Poésie et participé à la vie littéraire belge et française jusqu’à sa mort. Sa poésie a été reconnue et encouragée par la romancière Colette, les poètes Léon-Paul Fargue et Charles Vildrac.
Exposition hommage à Lucienne Desnoues. Médiathèque de Gréoux-les-Bains
Œuvres poétiques
Jardin Délivré, Raisons d’être, Paris, 1947. Préface de Charles Vildrac.
Les Racines, Raisons d’être, Paris, 1952.
La Fraîche, Gallimard, Paris, 1958.
Les Ors, Seghers, Paris, 1966. Préface de Marcel Thiry.
La Plume d’oie, Jacques Antoine, Bruxelles, 1971.
Le Compotier, Vie Ouvrière, Paris-Bruxelles, 1982.
Quatrains pour crier avec les hiboux, Gérard Oberlé, 1984.
Mes amis, mes amours, poèmes de Les Ors, mis en musique et chantés par Hélène Martin. Disques du Cavalier.
L’orgue sauvage et autres contes de Noël, dits par Éveline Legrand. Disques Pavane, Bruxelles.
La cerise de Montmorency, poèmes mis en musique et chantés par Isaïe et Jeanine Dishenaus. Disques Pavane, Bruxelles.
Hélène Martin chante Lucienne Desnoues
Dans sa chanson Liberté femme, Hélène Martin chante :
« Item à Lucienne Desnoues Et je me souviens du jour où L'ami Lucien Nous présenta et ce fut bien Le plus fameux etceterra De l'amitié sans errata. »
Hélène Martin a repris de nombreux poèmes de Lucienne Desnoues :
11 titres dans son album Mes amis, mes amours publié en 1968
16 titres dans la collection Poètes & Chansons
Le bol de café
L’enclos
Les Cigales
Les signes avant-coureurs
Mes amis, mes amours
Notre-Dame de Salagon
Les solennités
Les espèces
Les amants
Au relais de l’orée
Fêtes fixes, fêtes mobiles
Les époux
Marrons
A force d’insister
Matines
Les violettes
Bibliographie
Guy Chambelland, Le Pont de l'Épée no 39, 1er trimestre 1968, p. 56 à 59.
Anne-Marie Trekker et Jean-Pierre Vanderstraeten, Cent auteurs. Anthologie de la littérature française de Belgique, Éditions de la Francité, Nivelles, 1982, p. 131 à 184 ;
Robert Frickx et Michel Joiret, La poésie française de Belgique de 1950 à nos jours, p. 229 à 232
Bulletin no 1 de l'Association des Amis de Lucien Jacques, 2004
Norman R. Shapiro et Roberta Krueger, French Women Poets of Nine Centuries. The Distaff and the Pen, Johns Hopkins University Press, 2008, p. 1070 à 1085.