Le loup[lu] est un terme appartenant au vocabulaire courant du français mais ne correspondant pas à un niveau précis de la classification scientifique des espèces. C'est en effet un mot ambigu qui désigne plusieurs espèces et de nombreuses sous-espèces de mammifères de la famille des Canidés, famille regroupant aussi les chacals, renards, etc. En général, loup fait référence au loup gris commun (Canis lupus lupus), ce dernier étant le plus connu et le plus largement répandu dans le monde. Mais les loups ne se limitent pas à cette espèce, qui a donné également avec le temps le chien et le dingo. Hormis ce loup gris, il existe en effet parmi les Canidés d'autres espèces de loups, dont la plupart sont menacées d'extinction et/ou protégées au XXIe siècle.
En Europe, le loup gris commun est la seule sous-espèce présente un peu partout sur ce continent, sauf en Russie, où vivent aussi deux autres sous-espèces, le loup de Russie (Canis lupus communis) et le loup de Sibérie (Canis lupus albus).
À la lumière des recherches génétiques du XXIe siècle, certains auteurs considèrent en effet ces derniers comme suffisamment différents du loup gris, de même que le loup des Indes (Canis indica) ou encore un loup de l'Himalaya (Canis himalayensis), pour les traiter comme des espèces distinctes dans le genreCanis. Les autres sous-espèces du loup gris étant éparpillées en Eurasie et même, autrefois, jusqu'au nord de l'Afrique où survit encore le loup d'Éthiopie (Canis simensis). Enfin, les francophones donnent le nom de loup à quelques autres canidés qui, bien qu'assez proches des renards, présentent des ressemblances avec ceux du genre Canis.
Étant parmi les plus gros carnivores en Europe, les loups y ont été pratiquement exterminés, mais ils ont conservé dans l'imaginaire des populations une place très particulière. Connus pour vivre et chasser en meute, ils ont en effet la réputation très discutable de s'attaquer aux troupeaux ou même à des humains, amplifiant ainsi les peurs collectives et les polémiques à propos de leur retour dans les territoires où ils avaient disparu.
Étymologie et vocabulaire
Le terme loup remonte au latin lupus via l'ancien français leu au nord et lou au sud-est[1]. On retrouve la forme ancienne dans l'expression à la queue leu-leu, qui désigne à l'origine le mode de déplacement d'une meute de loups en chasse.
La femelle du loup est la louve, son petit le louveteau. Une jeune louve de moins de 6 mois s'appelle une loupiote[2]. De six mois à un an, le louveteau peut aussi être appelé louvard pour le mâle, et louvarde pour la femelle mais ce terme n'est pas très utilisé[réf. souhaitée].
Le loup peut émettre de multiples vocalises : glapir, gémir, geindre, geindre plaintivement, lancer une plainte, gronder plaintivement, gronder, grogner, japper, aboyer, hurler[3].
Biologie, comportement et écologie
Les caractéristiques générales des loups sont celles des canidés, ce sont donc des mammifèrescarnassiers avec des différences pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations, notamment sur leur constitution physique ou sur leur mode de vie respectif.
Le loup avait disparu dans beaucoup de pays à la suite des campagnes de contrôle des maladies et de prévention des attaques sur le bétail par les animaux sauvages, ainsi qu'en raison de l'expansion agricole et urbaine (Peterson, 1966; Boitani, 2003; Jolicoeur et Hénault, 2003; Laborde, 2008; Musiani et Paquet, 2004). Selon Wabakken et al. (2001), le loup n’existait presque plus en Scandinavie dans les années 1960. Au Québec, la tête du loup fut mise à prix parce qu'il était un prédateur important du cerf de Virginie (Rateaud et al., 2001). À la suite de l’adoption de mesures de protection plus rigoureuses ou de campagnes de réintroduction, les loups regagnent du terrain dans les Alpes françaises et suisses (Benhammou, 2004), ainsi que dans plusieurs milieux naturels en Amérique du Nord (Hénault et Jolicoeur, 2003). La protection intégrale du loup dans les parcs nationaux québécois (sauf pour la récolte par les peuples autochtones au nord) a favorisé une augmentation des populations. Aujourd’hui, le loup est présent sur ~ 87 % du territoire québécois au sud du 52e parallèle (Jolicoeur et Hénault, 2002). L’occupation du territoire par le loup semble stable depuis une trentaine d'années (Jolicoeur et Hénault, 2002).
Le loup, l’un des carnivores les plus étudiés à l’échelle mondiale (Schmidt et al., 2007; Zimmermann, 2014), colonise des milieux naturels variés (Messier, 1985; Mech et Boitani, 2003; Kaartinen et al., 2005). Le loup est considéré généraliste au regard de l’occupation de son habitat, lui conférant ainsi la capacité de survivre dans des endroits marginaux (Mech, 1970; Mladenoff et al., 1995). On le retrouve dans la toundra arctique tout autant que dans les plaines, dans les forêts feuillues, mixtes et résineuses (Banfield, 1975). Le meilleur habitat pour le loup est celui dans lequel les proies sont abondantes et diversifiées (Mech, 1970; Massolo et Meriggi, 1998; Boitoni, 2003; Houle et al., 2010). Par exemple, une grande concentration de loups a été observée dans des milieux où la biomasse des ongulés était de 100 à 150 kg/km2 (Zlatanova et Popova, 2013).
L’utilisation du milieu naturel est la manière dont une espèce exploite les différentes composantes de son habitat (Hall et al., 1997). Le concept est différent de la sélection d’habitats, qui réfère au choix des différents types de ressources en fonction de leur disponibilité (Garshelis, 2000). L’utilisation de l’habitat par le loup varie dans l’année, au gré de la répartition saisonnière des proies et des activités de reproduction (Boitani, 2003). Au printemps, les loups fréquentent les tanières et les lieux de rassemblement pour la chasse (Peterson, 1977; Prescott et Richard, 2013). Le loup se déplace le long des lacs et rivières en hiver et utilise les chemins forestiers en été dans le but de marquer son territoire, mais aussi pour la chasse (Whittington et al., 2011). Certains auteurs soutiennent que le loup oriente rarement sa sélection d’habitats vers des compositions forestières spécifiques (Mech et Boitani, 2003). Dans la forêt boréale québécoise, les loups sélectionnent les sites favorables à l’orignal, au cerf de Virginie et au castor (Castor canadensis), leurs principales proies, tant en hiver qu'en été (Tremblay et al., 2001; Lesmerises et al., 2012a). Dans les habitats dominés par l’orignal, les loups fréquentent les jeunes peuplements en régénération et les peuplements mixtes matures (Houle et al., 2010). La densité de loups varie sensiblement d’une région à l’autre et est positivement associée avec la disponibilité alimentaire et négativement associée aux conflits entre loups et humains (Boitani, 2003). Le loup peut toutefois développer une relative accoutumance aux activités humaines (Blanco et al., 2005). Les loups peuvent par exemple utiliser les secteurs à forte densité de structures anthropiques durant les périodes de faible achalandage (p. ex. hiver) (Houle et al., 2010). En Amérique du Nord, la densité de loups rapportée se situe généralement entre 0,3 et 4,3 loups/100 km2 alors qu’en Europe, la densité est habituellement de 1 à 3 loups/100 km2 (Boitani, 2003).
Caractéristiques communes
Ces espèces ont toutes en commun d'être plus grandes que les renards, ou même que les chacals, et de n'être pas domestiquées contrairement aux chiens. Ce sont des carnivores qui vivent généralement en meute.
Loup et classification scientifique
Le terme de « loup » ne peut pas être pris comme strict synonyme de Canis lupus puisque le chien, le dingo et le chien chanteur sont souvent considérés comme faisant aussi partie de l'espèce Canis lupus. On distingue ainsi, dans le genreCanis, un grand nombre de sous-espèces parmi les Canis lupus, mais aussi des espèces distinctes, comme le loup d'Abyssinie (Canis simensis)[4] et peut-être de nouvelles espèces, qui ont dans leur nom français le terme « loup »[5].
En effet, la plupart des populations qualifiées de loups en français sont considérées traditionnellement comme des sous-espèces du loup gris Canis lupus, cependant les connaissances des spécialistes progressant, le statut taxinomique de certaines populations de loups, comme le loup rouge[4], le loup des Indes, le loup de l'Est ou encore un loup de l'Himalaya (Canis himalayensis) reste incertain, mais tend à les différencier des Canis lupus, à la lumière des recherches sur l'ADN mitochondrial au début du XXIe siècle[6].
Noms français des loups et noms scientifiques correspondants
Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires de canidés dont l'appellation « loup » attestée[7] en français. Note : certaines espèces ont plusieurs noms et, les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide.
En gras, les plus communes pour les francophones.
Utilisé comme symbole de la nature cruelle et sauvage, le loup est souvent présenté comme l'antinomie du chien, qui, lui, est considéré comme utile et fidèle. L'aboutissement de ces peurs étant l'image anthropomorphique du loup-garou. En fait, le loup évoqué dans la culture occidentale, depuis le Moyen Âge au moins, est surtout le loup gris mais il n'a que peu de rapports avec l'animal réel observé à l'époque contemporaine. Autant les loups sont des animaux sociaux assez craintifs, autant le loup mythique est un animal aussi solitaire qu'agressif. Son hurlement est aussi très souvent utilisé pour évoquer la peur[16]. Certains faits historiques sanguinaires sont restés célèbres, comme la terrible bête du Gévaudan dont il est vraisemblable qu'il s'agissait d'un loup.
Les loups sont souvent présents aussi dans les œuvres comme personnages de fiction et dans les contes populaires.
Certaines parties du corps des loups entraient même autrefois dans la composition de remèdes à base de loup.
↑R. K. Aggarwal, T. Kivisild, J. Ramadevi, L. Singh: Mitochondrial DNA coding region sequences support the phylogenetic distinction of two Indian wolf species. Journal of Zoological Systematics and Evolutionary Research, Volume 45 Issue 2 Page 163-172, May 2007 DOI10.1111/j.1439-0469.2006.00400.x
↑Attention aux appellations et traductions fantaisistes circulant sur l'Internet
↑Nom vernaculaire français d'après Dictionary of Common (Vernacular) Names sur Nomen.at
↑ abcdefghijk et lMeyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
↑ abcdefgh et iNom vernaculaire en français d’après Termium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
↑Marie-Claude PAUME, Sauvages et toxiques : Plantes des bois, des prés et des jardins, Aix-en-Provence, France, Édisud, coll. « Je choisis le naturel ! », , 256 p. (ISBN978-2-7449-0810-1), p. 6, 78