Peu après, éclate la Guerre des duchés au terme de laquelle le nouveau souverain danois doit abandonner le Schleswig et le Holstein à la Prusse et à l'Autriche. La famille royale danoise en conservera une profonde prussophobie.
Quatre de ses enfants sont devenus monarques, montant sur les trônes (directement ou en tant que consort) du Danemark, du Royaume-Uni, de Russie et de Grèce. Un cinquième, sa fille Thyra, serait devenue reine de Hanovre si le royaume de son mari n'avait pas été annexé par la Prusse avant le début de son règne. La grande réussite dynastique des six enfants n'était pas due, en grande partie, à Christian IX mais aux ambitions dynastiques de Louise. Certains les ont comparées à celles de la reine Victoria du Royaume-Uni.
En tant que nièce du roi Christian VIII, qui règne sur le Danemark de 1839 à 1848, Louise est très bien placée dans l'ordre de succession après plusieurs membres âgés et sans enfants de la maison royale du Danemark. Durant leur enfance, son frère, ses sœurs et elle-même sont les plus proches parents du roi susceptibles d'avoir des héritiers. Il devient alors de plus en plus évident que la succession traditionnelle en lignée masculine pourrait prendre fin d'ici une génération, le prince héritier Frédéric étant sans enfant malgré deux mariages. Louise est l'une des descendantes de Frédéric III de Danemark, et elle bénéficie donc des dispositions de la succession agnatique-cognatique danoise selon la loi du roi en cas d'extinction de la lignée masculine de Frédéric III.
Louise et ses frères et sœurs ne sont en revanche pas des descendants agnatiques de la maison d'Oldenbourg. Louise n'est donc pas éligible pour hériter du duché de Holstein - qui était sous succession agnatique. Cela menace donc l'existence continue de la monarchie commune entre le Danemark et les deux duchés. Le Danemark et le duché de Schleswig suivent tous deux les règles de succession de la loi royale, donnant à Louise une forte prétention au trône danois.
Le mariage combine les faibles prétentions au trône de Christian avec les prétentions supérieures de Louise. Le couple mène une vie de famille tranquille, mais leurs prétentions au trône sont contestées pendant plus d'une décennie. Les prétentions au trône de Louise sont contestées par la maison de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg qui détient la plus forte prétention au trône du Holstein et une prétention subsidiaire aux trônes du Danemark et du Schleswig. La maison d'Augustenbourg affirme que la loi royale est purement agnatique et se présente comme une opportunité de préserver la monarchie indivisée. En 1847, le roi Christian VIII décide toutefois que le trône passera au prince Christian de Glücksbourg au cas où le prince héritier Frédéric n'aurait pas de fils dynastes. Ce choix est communiqué aux grandes puissances d'Europe. La situation reste controversée et la succession est l'une des principales raisons de la rébellion de la maison d'Augustenbourg contre le Danemark lors de la Première guerre de Schleswig de 1848 à 1851. Cette maison est par conséquent rayée de la ligne de succession. Cela confirme que le prince Christian de Glücksbourg deviendra le prochain monarque. La mère et les frères et sœurs de Louise renoncent en sa faveur à leurs droits sur le trône danois et Louise elle-même renonce à ses droits en faveur de son mari. En 1852, cet ordre de succession est confirmé par les pays nordiques et les puissances étrangères à Londres. Les enfants de Christian et Louise sont désormais les héritiers du trône danois à la fois en raison du respect de la loi royale et du traité international. Cela résout le problème de la succession à la couronne danoise, mais pas celui des futures relations du Danemark avec les duchés germaniques de Schleswig et Holstein. La loi historique de succession de Holstein est salique, donc exclusivement masculine, et ne peut pas être facilement conciliée avec la revendication de Christian tant que les Augustenbourg survivent et que la Prusse se présente comme le champion du nationalisme allemand. En 1853, le Danemark devient une monarchie constitutionnelle et le Parlement amende la loi danoise sur la succession en proclamant Christian comme le prince héréditaire de Danemark, garantissant ainsi qu'il succéderait au trône à la mort du roi Frédéric VII (à moins que l'oncle du roi, le prince Ferdinand, ne survive à son neveu). Le roi signe la loi le 3 juillet 1853.
Louise désapprouve le mariage non dynastique de Frédéric VII avec Louise Rasmussen et le roi désapprouve la succession de Christian. Les deux couples entretiennent ainsi des relations tendues et passent peu de temps ensemble.
Reine de Danemark
Le 15 novembre 1863, Frédéric VII meurt et Christian devient roi de Danemark. Peu après, éclate la Guerre des duchés au terme de laquelle le nouveau souverain danois doit abandonner le Schleswig et le Saxe-Lauenbourg à la Prusse et à l'Autriche. Deux ans plus tard, la Prusse annexe au terme de la guerre contre l'Autriche, le Holstein, mais aussi le royaume de Hanovre et la Hesse-Cassel. La famille royale danoise en conservera une profonde prussophobie.
La relation entre Louise et Christian semble avoir été au moins en partie un mariage d'amour, et est décrite comme heureuse : elle le soutient dans sa lutte pour être reconnu comme héritier présomptif du trône du Danemark, et le couple s'attache fortement l'un à l'autre pendant les années de lutte pour la succession. Sa loyauté est d'une grande importance pour Christian, et il est décrit comme dépendant de son intelligence, de son jugement et de sa force psychologique, qui sont considérés comme supérieurs aux siens. Leur style de vie est décrit comme simple et puritain, et comme cela correspond à la vision contemporaine d'une vie de famille exemplaire, la famille royale est considérée comme un modèle de moralité. Pour cette raison, la grossesse de sa fille célibataire Thyra en 1870 devint un fardeau ; Louise prend le contrôle de la situation et la cache au public en envoyant Thyra accoucher à l'étranger, faisant de l'affaire un secret de famille.
En tant que reine, Louise vit isolée du peuple et ne cherche pas de relation ni de reconnaissance de la part du public. Elle ne prend aucune part aux affaires de l'État et ses intérêts politiques se concentrent sur l'arrangement de mariages dynastiques pour ses enfants en accord avec ses opinions anti-allemandes. Les mariages prestigieux de ses enfants assurent le statut international de la dynastie, liant le Danemark à la Grande-Bretagne, à la Russie, à la Suède et à la Grèce. Le grand succès dynastique des six enfants du couple est dans une large mesure le résultat des propres ambitions de Louise plutôt que des efforts de son mari. Certains comparent les capacités dynastiques de Louise à celles de la reine Victoria. Connue sous le nom de « Belle-mère de l'Europe », ses réunions de famille annuelles aux palais de Bernstorff et de Fredensborg attirent chaque année davantage d'attention et font d'elle un symbole populaire de la vie de famille.
Louise est profondément conservatrice et son travail caritatif est interprété comme une peur du socialisme et du mouvement ouvrier croissant. Elle soutient vingt-six organisations caritatives différentes. Parmi elles se trouvent l'école des servantes de la princesse héritière Louise et l'hôpital pour enfants de la reine Louise. En 1857, elle inaugure un orphelinat pour jeunes filles les préparant à une vie de domestique, ce qui illustre ses idéaux profondément conservateurs. Son projet le plus connu, et qu'elle considère elle-même comme le plus important, est l'introduction de la profession de diaconesse au Danemark en 1863. En 1891, elle encourage la création d'écoles dans les quartiers ouvriers de Copenhague. Elle crée une fondation en 1881 soutenant les domestiques en fournissant une aide financière aux malades, aux personnes au chômage et à la retraite.
Elle s'intéresse à la musique et à la peinture. Elle est la mécène d'artistes tels qu'Elisabeth Jerichau-Baumann. Certaines de ses peintures sont exposées et offertes aux membres d'autres dynasties royales.
Au cours de ses dernières années, elle devient sourde et infirme, et deux diaconesses de l'institution qu'elle a fondée prennent soin d'elle. La reine Louise meurt paisiblement au palais de Bernstorff à l'âge de 81 ans le 29 septembre 1898 et est inhumée dans la cathédrale de Roskilde le 15 octobre 1898. Louise fut reine consort du Danemark pendant trente-cinq ans, plus longtemps que toute autre reine danoise avant elle.
↑ abc et d(da) Statshaandbog for Kongeriget Danmark for Aaret 1894 [« State Manual of the Kingdom of Denmark for the Year 1894 »], Copenhagen, J.H. Schultz A.-S. Universitetsbogtrykkeri, coll. « Kongelig Dansk Hof- og Statskalender », (1re éd. 1st pub.:1801), 3, 6 (lire en ligne)
↑(es) Guía Oficial de España, , « Real orden de Damas Nobles de la Reina Maria Luisa », p. 176
↑(ja) 刑部芳則, 明治時代の勲章外交儀礼, 明治聖徳記念学会紀要, (lire en ligne), p. 157
↑Joseph Whitaker, An Almanack for the Year of Our Lord ..., J. Whitaker, (lire en ligne), p. 112
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Sur la reine Louise
(da) Alexander Thorsøe, « Louise (L. Vilhelmine Frederikke Caroline Auguste Julie), Christian IX's Dronning », dans Dansk biografisk Lexikon, tillige omfattende Norge for tidsrummet 1537-1814, vol. 10, Copenhague, Gyldendals forlag, , 1re éd. (lire en ligne), p. 401
(da) Bo Bramsen, Ferdinand og Caroline : en beretning om prinsen, der nødig ville være konge af Danmark [« Ferdinand et Caroline: un récit du prince qui hésitait à être roi du Danemark »], Copenhague, Nordiske Landes Bogforlag, , 4e éd., 303 p. (ISBN8787439220)
(da) Bo Bramsen, Huset Glücksborg : Europas svigerfader og hans efterslægt [« La maison de Glücksbourg : Le beau-père de l'Europe et sa descendance »], vol. 2, Copenhague, Forlaget Forum, , 2e éd. (ISBN87-553-3230-7 et 978-87-553-3230-0, OCLC471920299, lire en ligne).
(en) Anna Lerche et Marcus Mandal, A royal family : the story of Christian IX and his European descendants [« Une famille royale : l'histoire de Christian IX et de ses descendants européens »], Copenhague, Aschehougs Forlag, , 2e éd. (ISBN87-151-0955-0 et 9788715109553, OCLC464176213, lire en ligne)