Lon ChaneyLon Chaney
Lon Chaney en 1923
Lon Chaney (né le à Colorado Springs et mort le à Los Angeles), surnommé « l’homme aux mille visages », est un acteur de cinéma muet américain. Connu comme l'un des plus grands acteurs de films d'horreur[1], il fut l’un des acteurs les plus polyvalents et les plus impressionnants de l’aube du cinéma. On se souvient de lui surtout pour ses compositions de personnages torturés, souvent grotesques et affectés, ainsi que pour son talent novateur dans le domaine du maquillage[2]. BiographieJeunesse et débutsLon Chaney, diminutif de Leonidas Frank Chaney, né à Colorado Springs (Colorado), est le fils de Frank H. Chaney et d’Emma Alice Kennedy ; son père avait du sang français mais surtout anglais, tandis que sa mère avait des origines irlandaises[3]. Les parents de Chaney sont sourds tous les deux ; il apprend la langue des signes et est sensibilisé à la communication avec les mains dès l'enfance. Chaney montre du talent pour la pantomime quand il joue des sketches en mimant tout ce qu'il a observé dans la rue pour divertir sa famille[4]. Il commence à monter sur les planches en 1902, et tourne avec des troupes de vaudeville et de théâtre. En 1905, il fait la connaissance de la chanteuse Cleva Creighton (1889-1967) qu'il épouse alors qu’elle n’a que seize ans. L’année suivante, naît leur unique enfant, Creighton Chaney, plus tard connu sous le nom de Lon Chaney, Jr.. La famille Chaney poursuit les tournées, avant de se fixer en Californie en 1910. Leur mariage bat de l’aile, et, en , Cleva se rend au Majestic Theatre, au centre de Los Angeles, où l'on prépare un spectacle, le « Kolb and Dill show » et tente là de se suicider en avalant du bichlorure de mercure, sans succès. Cette tentative de suicide ruine sa carrière de chanteuse ; le scandale et le divorce qui s’ensuivent forcent Chaney à quitter le théâtre et à se lancer dans le cinéma. Durant une période comprise entre 1912 et 1917, Chaney travaille sans contrat aux studios Universal, tenant divers petits rôles. C’est à son talent pour se grimer qu’il doit de remporter plusieurs rôles au bout d’auditions fort disputées. À cette époque, Chaney se lie avec le couple de réalisateurs Joe De Grasse et Ida May Park, qui lui donnent des rôles notables dans leurs films, et qui l'encouragent bientôt à jouer des personnages plus dramatiques. Chaney épouse, en secondes noces, Hazel Hastings (1887-1933), l’une de ses anciennes collègues de la tournée « Kolb and Dill », danseuse de revue. On sait peu de choses de cette dernière, si ce n’est que son mariage avec Chaney fut solide. Du fait de leur mariage, le jeune couple obtient la garde du fils de Chaney, Creighton, âgé alors de dix ans ; jusque-là, depuis le divorce en 1913, l’enfant a vécu dans différents foyers et pensionnats[5]. En 1917, Chaney est devenu un acteur de premier plan du studio, mais ce statut ne se reflète pas dans son salaire. Quand il demande une augmentation, un exécutif du studio, William Sistrom, lui réplique : « Vous ne vaudrez jamais plus que cent dollars par semaine. » Chaney quitte le studio, et durant l’année suivante, il doit se contenter de rôles mineurs. Il faut attendre 1918, et un rôle important dans le film de William S. Hart, Riddle Gawne, pour que l’industrie cinématographique reconnaisse enfin à leur juste mesure les talents de l’acteur. Les grands rôlesEn 1919, Chaney perce en jouant « The Frog » dans The Miracle Man, réalisé par George Loane Tucker. Le film ne donne pas seulement à Chaney l’occasion de montrer ses dons d’acteur, mais aussi d’apparaître comme un maître du maquillage. Une critique élogieuse et une recette de plus de deux millions de dollars font de Chaney l’acteur de genre le plus important des États-Unis. Parmi les films d’horreur muets les plus mémorables auxquels Chaney participe, on peut citer Notre-Dame de Paris et surtout Le Fantôme de l’opéra. Son aptitude à se métamorphoser en utilisant des techniques de maquillage de son invention lui valent le surnom d’homme aux mille visages. Dans un article autobiographique publié en 1925 dans la revue Movie, qui offre un rare aperçu de sa vie, Chaney qualifie son art d’interprétation extrême[6]. Faisant preuve d’une faculté d’adaptation, il utilise également des maquillages dans des films plus conventionnels, d’aventures et policiers, tels que Satan (The Penalty), dans lequel il joue un gangster amputé. Il apparaît dans pas moins de dix films de Tod Browning, dans lesquels il interprète le plus souvent des personnages déguisés ou mutilés, dont le lanceur de couteaux de foire « Alonzo the Armless » dans L’Inconnu (1927), avec Joan Crawford. En 1927, Chaney est le partenaire de Conrad Nagel, Marceline Day, Henry B. Walthall et Polly Moran dans un film aujourd’hui perdu, pourtant un classique du cinéma d’horreur, le Londres après minuit de Tod Browning, sans doute le plus célèbre des films perdus. Son dernier film en 1930 est une réadaptation sonore de son classique muet Le Club des trois, son unique film parlant, et le seul dans lequel il montre autant de talent à déguiser sa voix. Chaney signe même une déclaration sous serment selon laquelle cinq des voix principales que l’on entend dans le film (le ventriloque, la vieille femme, le perroquet, la poupée et la fille) lui appartiennent. Bien que Chaney ait créé, avec ses interprétations de Quasimodo, le sonneur des cloches de Notre-Dame, et Erik, le fantôme de l’Opéra de Paris, deux des personnages les plus affreusement difformes de l’histoire du cinéma, il parvient à susciter un certain degré de sympathie et d’émotion de la part du public, pas complètement terrifié ou dégoûté par les malformations monstrueuses de ces personnages, qui ne sont tout compte fait que les victimes du destin. « Je voulais rappeler aux gens que ceux qui se trouvent le plus bas de l’échelle de l’humanité peuvent avoir en eux la ressource pour l’abnégation suprême »[7], écrivit Chaney dans la revue Movie. « Le mendiant raccourci, difforme des rues peut avoir les idées les plus nobles. La plupart de mes rôles depuis Notre-Dame de Paris, Larmes de clown, Le Club des trois, etc. ont eu pour thème l’abnégation et le renoncement. Voilà les histoires que je souhaite faire. »[8]
Ses talents s’étendent bien au-delà des films d’horreur et du maquillage. Il montre aussi une grande habileté comme danseur, chanteur et humoriste. Ceux qui ne le connaissent pas sont surpris par sa riche voix de baryton et ses dons aiguisés d’humoriste. Chaney et sa seconde épouse Hazel mènent une vie privée discrète, loin des paillettes d’Hollywood. Chaney assure peu la promotion de ses films et des studios MGM, renforçant ainsi volontairement une image de mystère, et selon certaines sources, évitant volontairement la société hollywoodienne. Durant les cinq dernières années de sa carrière cinématographique (1925-1930), Chaney travaille exclusivement sous contrat avec la MGM ; c’est pendant cette période qu’il offre ses interprétations les plus marquantes. Sa composition d’un instructeur des marines inflexible dans Tell It to the Marines (1926), l’un de ses films favoris, lui vaut la sympathie du corps des marines, dont il devient membre honoraire, le premier de toute l’industrie du cinéma. Il jouit également du respect et de l’admiration de nombreux acteurs débutants, car il avait la réputation d’aider les nouveaux venus sur les plateaux, en leur montrant le métier : sur les tournages, il n’a jamais été réticent à l’idée de partager, entre deux prises, ses expériences avec ses partenaires et l’équipe technique. Pendant le tournage de Thunder, en hiver de l'année 1929, Chaney contracte une pneumonie. À la fin de 1929, on décèle un cancer des bronches. Malgré un traitement offensif, son état de santé empire et, sept semaines après la sortie de la réadaptation du Club des trois, il est emporté par une hémorragie à la gorge. Sa mort est durement ressentie par ses proches, l’industrie cinématographique et par ses admirateurs. Le corps des marines fournit un aumônier et un garde d’honneur pour ses funérailles. Il est inhumé au cimetière du Forest Lawn Memorial Park à Glendale, Californie, près de la crypte de son père. C’est également là que sera enterrée sa femme, Hazel, en 1933. Pour des raisons inconnues, la crypte de Chaney ne porte aucune inscription. HéritageEn 1957, Chaney fait l’objet d’une biographie filmée sous le titre de The Man of a Thousand Faces, où son rôle est campé par James Cagney. Bien que l’intrigue soit en grande partie fictive, le film, hommage à Chaney, lui permet de retrouver à titre posthume un regain de notoriété. De son vivant, Chaney s’est vanté qu’il rendrait la tâche difficile à ceux qui voudraient s’atteler à sa biographie, disant qu’« entre les images, il n’y a pas de Lon Chaney ». Lon Chaney a son étoile sur le Walk of Fame à Hollywood. En 1994, il a un timbre de la poste américaine à son effigie, dessinée par le caricaturiste Al Hirschfeld. Le théâtre du Colorado Springs Civic Auditorium porte le nom de Lon Chaney. En 1929, Chaney fait construire un refuge de pierres dans un endroit isolé de l’est de la Sierra Nevada, près de Big Pine, en Californie, qui lui sert de retraite. La maison dessinée par l’architecte Paul Williams (en) et préservée par l’Inyo National Forest Service, existe toujours. Le fils de Chaney, Lon Chaney Jr., devient à son tour acteur de cinéma après la mort de son père, et se fait surtout remarquer dans des films d’horreur, et spécialement dans Le Loup-garou. Chaney père et fils apparaissent sur des timbres de la poste américaine chacun représenté sous les traits de son personnage fétiche — le fantôme de l’opéra pour l’un et le loup-garou pour l’autre — dans une série où l’on trouve également Béla Lugosi en Dracula, Boris Karloff en monstre de Frankenstein et en momie. Après sa mort, la célèbre trousse de maquillage de Chaney est léguée par sa femme Hazel au Los Angeles County Museum, où elle est quelquefois montrée au public. Le maquilleur et biographe de Chaney, Michael Blake, considère la trousse de maquillage de Chaney comme la pièce centrale de l’histoire du maquillage de cinéma. En 1978, Gene Simmons du groupe de rock Kiss, ayant grandi à New York et influencé par les vieux classiques en noir et blanc du cinéma d’horreur, écrit une chanson sur Lon Chaney, Man of 1,000 Faces, enregistré sur son premier album solo. FilmographieComme acteur
comme réalisateur
comme scénariste
Notes et référencesRéférences
Liens internesLiens externes
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