De nombreuses impasses que l'on nomme gank en néerlandais s'enchevêtraient jadis dans le tissu des voies urbaines bruxelloises. Microcosmes de la société bruxelloise, ces culs-de-sac, vestiges d’une vie populaire d’antan, accueillaient les petits métiers de la rue qui prouvent le caractère agricole et social de ce visage particulier au développement territorial de la capitale belge[1].
Contexte historique
Déjà très présentes aux XVIIe et XVIIIe siècles, les impasses se construisent encore plus au XIXe. À cette époque, le développement industriel entraîne un exode rural vers Bruxelles, et il faut vite reloger les nouveaux arrivants. C’est alors que des propriétaires de jardins cherchant les profits d'une spéculation immobilière prennent l’initiative de les transformer en logements pour ouvriers[2]. À Bruxelles, ces ruelles étroites et sans issue se comptaient par centaines. En 1866, environ 27.000 Bruxellois vivaient dans de telles cours (environ 20% de la population de la ville), en 1910, ce chiffre était déjà tombé à 10.600 (environ 5%). Les conditions de vie y sont souvent insalubres. Deux cents personnes y vivent parfois en partageant une seule latrine. Les chanceux ont un accès direct à une pompe à eau. Une loi réglemente la situation et les impasses qu'elle doivent fermer les unes après les autres[3]. Beaucoup ont disparu, mais un certain nombre d'entre elles existent jusqu'à nos jours, elles ont perdu leur fonction d’habitat et d’autres font l’objet d’une rénovation ou d’une réaffectation[4].
En voici une liste, d'après les ouvrages de Guillaume Des Marez, de Lucia Gaiardo et de Jean d'Osta. Leurs noms évoquent encore le passé du quartier mais aussi ses légendes[5],[4].
Impasse de la Poupée, jadis appelée impasse du Dragon, c'est là que saint Géry, selon la légende, a tué le Dragon qui ravageait les landes de Bruxelles.
Eugène Bochart, Dictionnaire historique des rues et places de Bruxelles, Bruxelles, 1857.
Guillaume Des Marez, Guide illustré de Bruxelles, remis à jour et complété par A. Rousseau, Bruxelles, 1979, p. 434: liste d'impasses.
Lucia Gaiardo, Impasses de Bruxelles, Bruxelles, coll. « Bruxelles, Ville d'Art et d'Histoire », , 38 p. (ISBN2930457309, présentation en ligne). Voir page 32 (pliant), "Ruelles et impasses aujourd'hui". Cette auteur donne une liste de 69 impasses. Toutefois elle inclut dans cette liste de nombreuses ruelles qui ne sont donc pas des impasses à proprement parler.
Jean d'Osta, Les rues disparues de Bruxelles, Bruxelles, 1976.
Pol Postal et Gustave Abeels, 'Estaminets des Marolles, Bruxelles, Cercle d'histoire et d'archéologie Les Marolles, , 102 p. (ISBN2871560013, présentation en ligne).
Louis Verniers, "Les impasses bruxelloises", dans, Le Folklore brabançon, n° 79-80, août-.