Lionel SabattéLionel Sabatté
Lionel Sabatté, né en 1975 à Toulouse, est un artiste contemporain français, peintre, sculpteur et dessinateur. Diplômé de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2003, il vit et travaille entre Paris, Pont-Audemer et Los Angeles. BiographieLionel Sabatté passe son enfance à Montauban, dans le sud-ouest, avant de déménager à La Réunion, où il passe dix ans, entre 1986 et 1996. L’expérience quotidienne de la nature (mer, volcans, vie sauvage) et de la diversité culturelle de l’île marqueront profondément son œuvre ultérieure. De retour en métropole, sa pratique et son niveau en judo le décident à entreprendre d’abord des études de sport à Paris. Il démissionne toutefois de son poste de professeur stagiaire pour amorcer des études de psycho-sociologie du sport qui ne le convainquent pas plus[1]. Fort de son goût pour le dessin, il prépare alors le concours des Beaux-Arts de Paris qu’il intègre en 1998. Ses années de formation, notamment dans l’atelier de Vladimir Veličković, sont également marquées par une certaine difficulté d’adaptation à la vie dans la capitale après les dix années passées à la Réunion. TravailLe rebut comme expression de la vieSuivant cette veine, on relève la manière dont l’artiste, en utilisant la poussière, transforme le rebut en œuvre digne d’être regardée, conférant une visibilité à ce qui est d’ordinaire voué à la disparition. Redonnant vie dans son travail à ce que nous avons déchu, renversant l’érosion en efflorescence, il se situe en plein cœur du processus vital. La poussière, que l'on retrouve dans plusieurs de ses sculptures et de ses dessins, n'est pas le seul matériau résiduel que l'artiste utilise. Les pièces de 1 centimes d'euro, des fragments de peaux mortes et des rognures d'ongles[2], des souches d'arbres ou des bois brûlés sont en effet autant d'éléments qui constituent son répertoire de matières. Lionel Sabatté est aujourd’hui l’un des artistes reconnus qui pensent et travaillent à partir de l’informe, de la corrosion et de matières dévalorisées, d’où jaillissent des figures qui deviennent des copeaux de vie, résultats d’une transformation de l’énergie de et dans la matière du monde. À partir des matériaux résiduels qu'il utilise, il donne vie à un bestiaire constitué de créatures hybrides : des licornes faites de béton et de curcuma[3], des poissons des profondeurs abyssales réalisés avec du fer et des pièces de monnaie, des papillons réparés avec des morceaux de peaux mortes, des loups et des cygnes en poussière et, depuis 2016, des silhouettes humaines en ferraille et béton. Il construit également depuis le début des années 2020 des Chouettes[4] monumentales qui fonctionnent à la fois comme abris, observatoires, et plus encore ; comme l’écrit Yannick Mercoyrol : « c’est une maison symbolique qu’elle m’offre, au creux de son corps, comme une divinité bienveillante de la forêt m’accueillant au cœur de l’espace, une tanière provisoire qui apaise l’effroi du vaste monde dans un réduit à ma mesure. Temple païen ou cabane d’enfant, grotte ou caverne, terrier protecteur ou gîte d’étape, la Chouette de Sabatté offre la possibilité d’un séjour dans le monde visible de loin, qui nous appelle sans qu’on en comprenne la langue[5]. » La peintureLa peinture tient également une place importante dans son travail, ouvrant un dialogue avec ses dessins et ses sculptures :
Lionel Sabatté inaugure en 2017 une nouvelle série, les Rust painting[7], des plaques de métal destinées à fabriquer des voitures ou des avions, qui sont chimiquement oxydées pour révéler des formes et des couleurs étranges, susceptibles d’évoquer des éléments ou des figures très diverses. Si elles sont en partie liées aux hasard des réactions chimiques, ces formes sont néanmoins contrôlées par le geste de l’artiste, et par les reprises au pinceau qu’il effectue a posteriori. En 2023, lors de l’exposition du château de Chambord[8], Sabatté amorce une nouvelle recherche : il présente des toiles réalisées avec une palette aux tonalités plus sourdes, intégrant de larges fragments de tissus de soie, qui confèrent une dimension organique centrale à la composition. Que ce soient des « cocons » utilisant le tissu de soie intégré à la surface du tableau, ou des « éclosions » dépliant une naissance, mi florale mi animale, sur la toile, ces peintures affirment une beauté du vivant immédiatement sensible. La frontalité de la forme blanche, verticale, place ces toiles dans une filiation historique inaugurée par Le Bœuf écorché de Rembrandt (1655), reprise par celui de Soutine (1925) et, à la fin des années 1970, par les différents tableaux de la série des Evasions manquées de Rebeyrolle. Le rapprochement avec ces représentations de carcasses se heurte cependant aux titres des toiles qui identifient ces formes à des « chrysalides » ; sans doute est-on fondé à y voir les deux en même temps, et à lire ainsi ces images, fondamentalement ambivalentes, à la fois comme des dépouilles et des naissances, affirmant que c’est au fond le cycle même de la vie qui se trouve ici représenté. Lionel Sabatté parvient avec ces tableaux à figurer la puissance incarnée de la chair et, plus précisément, de ce qui est toujours en devenir. CollectionsLe travail de Lionel Sabatté est présent dans plusieurs collections publiques et privées : Publications
Récompenses
2020 - Luxembourg Art Prize, Luxembourg[9] Notes et références
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