Les Bleus tournent cosaques
Les Bleus tournent cosaques est la douzième histoire de la série Les Tuniques bleues de Lambil et Raoul Cauvin. Elle est publiée pour la première fois du no 2000 au no 2014 du journal Spirou, puis en album en 1977. RésuméLes charges suicidaires du capitaine Stark déciment impitoyablement la cavalerie. Malgré des batailles sanglantes, les Sudistes maintiennent leurs positions, au grand désespoir du général Alexander à la tête des troupes nordistes, qui commence à manquer de main d'œuvre militaire. Les prisonniers de droit commun refusant de participer à la guerre, le général Alexander se tourne vers les immigrés en provenance d'Europe, des gens désœuvrés et affamés qui pensent faire fortune aux États-Unis, afin de les enrôler de force dans l'armée. Le sergent Chesterfield et le caporal Blutch sont assignés à cette délicate mission. Ils se rendent vers le camp où se trouvent les nouvelles recrues, pour constater que les nouvelles recrues sont une bande de Cosaques. Après plusieurs démêlés, Chesterfield parvient difficilement à leur faire accepter de devenir des militaires, n'hésitant pas à les affamer. Mais les Cosaques ne sont pas de très bons combattants, et ressemblent à une troupe ambulante de musiciens et de comédiens plutôt qu'à de véritables soldats. Le sergent Chesterfield n'est pas au bout de ses peines. Personnages
AnalyseLe thème de cet album est manifestement celui de l'engagement des soldats dans une guerre. Bien souvent, Lambil montre de manière comique et parodique une réalité souvent assez cruelle de la guerre, à savoir le manque de lien total entre la guerre en elle-même et les soldats. En l'occurrence, il s'agit d'immigrés provenant probablement de Russie... On voit mal en quoi de tels personnages pourraient se sentir concernés par la guerre de Sécession, d'autant plus qu'ils ne parlent même pas anglais, et sont surtout venus, comme tant d'autres immigrés, à la recherche de fortune, fuyant des monarchies européennes appauvries où la famine fait rage. Tous ces thèmes sont abordés de manière assez subtile et discrète dans l'album, pour finalement aboutir au message central des Tuniques bleues, un message contre la guerre, et fortement antimilitariste. En effet, quand il ne s'agit pas de tourner en dérision la compétence des officiers supérieurs, la série insiste sur leur manque de scrupules et de moral. Le général Alexander fait ici preuve d'un fort cynisme, en sachant parfaitement qu'il condamne à la mort tous les immigrés qui viendront se battre et qui n'auront aucune chance de survie, vu les entraînements ridicules qu'ils suivent. L'exemple de l'immigré chinois est en ce sens particulièrement révélateur. D'autres albums postérieurs reprendront ce thème, notamment Blue rétro. Dans cet album, les Cosaques sont évoqués. Ce peuple slave est loin de se réduire à de simples troubadours itinérants. Ils participèrent à plusieurs insurrections tout au long de leur histoire, et contribuèrent au développement de la puissance militaire russe durant le XIXe siècle, et étaient considérés comme des soldats d'élite. L'album démontre assez subtilement cela à la fin, quand les Cosaques chargent tout un camp sudiste et parviennent à le détruire, provoquant l'admiration des Nordistes. À l'époque de la guerre de Sécession, la Russie est affaiblie et appauvrie à cause de la guerre de Crimée. Les révoltes se multiplient dans les campagnes. On peut supposer que les Cosaques de cet album sont issus de cette période de trouble, recherchant la fortune dans le continent américain. Tout comme le suggère l'album, les Cosaques sont avant tout un peuple libre. L'étymologie du mot renvoie à kazak, qui signifie « homme libre ». Et c'est effectivement ce que les Cosaques représentent dans cet album : une bande de voyageurs itinérants vivant avec la musique et leurs spectacles, sans avoir de domicile fixe, une quête de liberté difficile à trouver en période de guerre. AnachronismesÀ plusieurs reprises dans cet album, des mots sont évoqués qui ne pouvaient pas être employés à cette époque : "vélo", "sadique", "andouille", "zouave", "se dégonfler", "raciste", "palme", "canaque", "rigoler" [1]. HistoriquePublicationRevuesAlbumArticle connexeSourceLiens externes
|