Le Testament d'un blagueur
Le Testament d'un blagueur
Le Testament d'un blagueur est un roman-feuilleton écrit par Jules Vallès et paru dans le journal satirique La Parodie dès le 30 octobre 1869. La publication est brusquement interrompue en décembre 1869 du fait des pressions exercées par la censure de l'époque, puis reprendra brièvement avec quelques variations en avril 1870 dans le journal La Rue[1]. Afin de ne pas se découvrir, l'écrivain journaliste se suppose l'héritier d'un homme, Ernest Pitou (nom inspiré par deux œuvres d'Alexandre Dumas : Ange Pitou et La Comtesse de Charny[2]) qui s'est suicidé, et prend la liberté de publier ses mémoires. Le narrateur retrace son parcours depuis l'enfance, en province, jusqu'à l'âge d'adolescent, à Paris. Vallès précisera plus tard dans un article que tous ses choix n'ont pas fait l'unanimité au sein de la rédaction du journal :
RésuméLe testament d'Ernest Pitou prend la forme d'un carnet autobiographique dans lequel sont retranscrits des épisodes de la vie du personnage. Depuis la province, en tant qu'enfant et collégien, et jusqu'à Paris comme lycéen lors de la révolution de Février, Ernest Pitou évoque les humiliations et les douleurs dont il a pu faire l'expérience au sein de sa famille et des établissements qu'il a fréquentés. Les rares moments de joie qu'il connaît ont lieu à la campagne ou dans les rues parisiennes, et se caractérisent par le sentiment de liberté qu'ils procurent. Le pathos est tenu à distance grâce à la dimension comique du récit. Dimension autobiographique du Testament d'un blagueurVallès confirme le caractère autobiographique de son récit en 1882, dans un article intitulé « Mon gosse » et publié dans Le Réveil du 26 novembre[4]. Les premières lignes du feuilleton de 1869 rendent explicite ce qui sera à la base de l'esthétique vallésienne : l'humour et l'ironie[5] :
Une ébauche de L'Enfant : l'innovation stylistiqueLe texte du Testament d'un blagueur, de par son caractère morcelé, s'avère être la préfiguration du premier roman de la trilogie reprenant la même histoire : L'Enfant[7]. C'est à partir de ces « morceaux » que va pouvoir se recomposer, à travers les œuvres de la trilogie, le récit humoristique :
L'innovation qu'apporte Vallès au récit d'enfance, ou récit autobiographique, et qu'il perfectionnera lorsqu'il débutera la trilogie, tient dans l’ambiguïté qui ressort de la narration : l'auteur rend indistinguable la voix du personnage enfant de celle du narrateur adulte, ce qui permet de rendre le récit vivant et donc de produire de l'effet[9] :
La modernité de son écriture résulte de l'articulation de plusieurs éléments[11] :
La principale différence étant la réintroduction dans L'Enfant de procédés classiques qui n'apparaissaient pas dans Le Testament, comme l'utilisation des temps historiques ou la présence affirmée d'un narrateur rétrospectif, cela conduisant à davantage de relief et de variété[12]. Notes et références
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