L’action se situe à Melbourne en Australie. La Troisième Guerre mondiale a été déclenchée, et l'Australie, le dernier pays survivant, est dans l’attente inexorable d’être atteint à son tour par les mortelles radiations des armes atomiques.
L'intrigue se concentre sur les dernières semaines de la vie de quelques personnes. On suit notamment les amours désespérées de Moira Davidson et de Dwight Towers, capitaine d'un sous-marin américain qui patrouillait dans le Pacifique lors du bombardement, et les ultimes événements dans la vie du jeune couple Holmes et de son entourage.
L'espoir qu'il reste d'autres survivants est quelque temps entretenu par la réception de signaux intermittents et désordonnés de type Morse, mais la découverte de leur origine y mettra fin.
La dernière image du film est la phrase « Il est encore temps… mon frère » (version originale : « There is still time… brother »), inscrit sur une banderole qui flotte au vent d'un monde mort et contaminé.
Australie : Melbourne et environs. En souvenir du tournage à Melbourne, trois rues alors en construction portent les noms de membres symboliques de son équipe : Gardner Street, Kramer Drive et Shute Avenue[1].
« Le Dernier rivage contient un certain nombre de réussites techniques, dont la plupart sont dues au génie de Pepe Rotunno[a]. Dans une scène, [Gregory Peck] m’embrasse devant un feu de camp et la caméra doit tourner autour de nous, d’assez loin[b] ; elle couvre en beauté les trois cent soixante degrés, alors que tous les techniciens juraient à Pepe Rotunno que c’était impossible. Quand la caméra boucle enfin la boucle, j’ai gagné ma qualification au concours du baiser le plus long de l’histoire du cinéma, mais Dieu qu’il est épuisant de maintenir ce genre de position pendant deux minutes[2] ! »
Toujours selon l'actrice :
« À la fin du film. […] Une prise de vues déclarée irréalisable par tout le monde, parce que Rotunno devait filmer en plein contre-jour, mais il a réussi, et pour moi, ce plan est un des plus beaux du cinéma. On sait que certains plans resteront à jamais gravés dans la mémoire, et celui-là, il sera toujours inscrit dans la mienne[c],[2]. »
« Dans le cadre de la campagne promotionnelle soulignant la nature sérieuse du Dernier Rivage, le producteur-réalisateur Stanley Kramer et United Artists ont organisé une première mondiale simultanée le dans plus de vingt grandes villes [comme Los Angeles] du monde entier [dont 18 capitales], y compris Moscou [où le film a reçu un accueil positif, sans toutefois être officiellement, par la suite, largement distribué dans le pays]. […] C'est la première fois qu'une première d'un film américain a eu lieu dans ce qui était encore l'URSS. […] Six de ces premières ont notamment été parrainées par la Croix-Rouge[e]. »
« Le Dernier rivage est sorti simultanément dans dix-huit capitales le . L’idée était d’imposer le film comme celui qu’il faut avoir vu quand bien même on ne verrait qu’un seul film de sa vie, et à cause du sujet, il a vite quitté la page cinéma des gazettes pour faire la une. Le Journal American de New York, par exemple, a titré : « Le Dernier rivage a l’impact d’une bombe ».
Partout où le film a été montré, il a suscité des controverses. Le New York Daily News, dans un éditorial, l’a qualifié de « film défaitiste », en expliquant que « la pensée qui le sous-tend ouvre la voie à l’asservissement final de tout le genre humain ». Même un observateur aussi aristocratique que Stewart Alsop s’est cru obligé de dire : « Il est inexact qu’une guerre atomique aurait pour résultat la mort de tout le monde et la destruction complète du Monde, comme dans Le Dernier rivage.
Quant à ma prestation, les critiques ne parvenaient apparemment pas à dire ce qui était le plus surprenant : la qualité de mon jeu, ou mon côté moche, physiquement[f]. Newsweek illustre bien cette tendance en décrétant que « Miss Gardner n’a jamais été aussi laide, ni aussi efficace ». Honnêtement, je me fichais comme d’une guigne de leur opinion. J’étais fière d’avoir participé à ce film, fière du message qu’il véhiculait. »
Selon le critique Gilles Gressard :
« Kramer regarde les gens vivre ces derniers moments et choisir leur mode de survie temporaire ou leur suicide. Bien que très lent et très peu spectaculaire, Le Dernier Rivage est un film prenant et l’on approuve le cynisme du savant interprété par Fred Astaire lorsqu’il commente avec ironie : "Qui a jamais cru que nous pourrions maintenir la paix en organisant notre défense avec des armes que toute utilisation rend suicidaire[3]!" »
↑Ava Gardner écrit qu’elle venait de travailler « pour la première fois avec le plus grand cameraman que je connaisse, Giuseppe Rotunno. » (opérateur italien de son film précédent La Maja nue d’Henry Koster).
↑En fait, en intérieur, devant un feu de cheminée et en plan très rapproché, avec, en fond sonore, le chant traditionnel australien et l’une des premières protest songs, intitulée Waltzing Matilda...
↑Giuseppe Rotunno réussit à filmer les ultimes adieux d’Ava Gardner et de Gregory Peck face aux reflets du soleil sur la mer : la lumière irradie littéralement autour de leurs silhouettes. Chaque spectateur peut interpréter cet effet selon sa propre sensibilité : ce sont les radiations atomiques qui s’abattent sur eux ou bien c’est l’amour qui irradie d’eux, ou les deux à la fois…
↑Ava écrit qu'elle incarne une femme « alcoolique et désenchantée » [sic].
↑Dans ce remake, au moment d'embarquer à bord du Charleston, le lieutenant Peter Holmes dit au commandant Dwight Towers à propos du sous-marin qu'il doit s'agir « d'un classe Los Angeles nucléaire retapé propulsé sur deux tunnels de chenilles » (~25e minute). Il s'agit évidemment d'une référence au livre, puis au film À la poursuite d'Octobre rouge (1990). L'USS Dallas qui prend en chasse l'Octobre rouge est également un sous-marin de classe Los Angeles.
↑Extrait de l'essai Le Film de science-fiction de Gilles Gressard, Éditions J’ai lu, Collection Cinéma (Les Grands Genres), Paris, 2007 (ISBN2-277-37010-X).