Le Démon terrasséLe Démon terrassé
Le Démon terrassé (en russe : Демон поверженный) est un tableau du peintre russe Mikhaïl Vroubel réalisé en 1901-1902 et exposé à la galerie Tretiakov. DescriptionLa tableau et réalisé à l'huile sur une toile de 139 × 387 cm. Le fond du tableau représente un paysage montagneux, sous un coucher de soleil écarlate. Le démon est comme écrasé par le cadre et ses limites inférieures et supérieures. Elle est réalisée dans le style très personnel de Vroubel avec de multiples facettes cristallines qui font penser à un vitrail. Le peintre réalise cet effet en donnant des coups de pinceau plats et en utilisant un couteau à peindre. Le démon est tombé dans la montagne et reste seul. Sa tête reste droite dans une incroyable fierté, comme détachée du corps. Elle indique que malgré sa chute sa volonté reste intacte. Ses ailes forment une espèce de tapis végétal sur le sol et se mélangent au chaos de formes et des couleurs. Seul le corps, bien que disloqué, garde encore une unité. En 1902 avant que les couleurs ne passent, les teintes dorées et argentées scintillaient davantage sur la toile et évoquaient des milliers de pierres précieuses[2]. Histoire de la composition du tableauEn 1900, Vroubel utilise à nouveau le thème du Le Démon, cher à Mikhaïl Lermontov. Alors qu'il n'a pas encore terminé le Le Démon volant (1900), en 1901 il peint les esquisses préliminaires de son tableau Le Démon terrassé. Comme le remarque Vladimir von Meck:
Vroubel envoie une lettre inattendue à von Meck, lui demandant de lui fournir des photos de montagne du Caucase : « Je ne m'endormirai pas tant que je ne les ai pas reçues ! ». Il reçoit alors des photos de l'Elbrous et du Kazbek et cette nuit là, à côté de l'esquisse du Démon, des montagnes de perles se sont élevées « recouvertes par le froid éternel de la mort ». Vroubel a dans l'ensemble une bonne santé, bien que son entourage remarque chez lui de l'irritabilité. Malgré les critiques négatives de la part des revues artistiques de cette époque, sa popularité parmi les connaisseurs ne cessait d'augmenter. À l'automne 1901, son épouse, Nadejda Zabela-Vroubel écrit à sa sœur :
En 1901 nait le fils aîné de Vroubel, Savva. Il est né avec un défaut maxillo-facial (une fente labio-palatine). La sœur de Vroubel croyait que ce défaut dérangeait Vroubel. Pourtant, alors qu'il composait son Démon et était en pleine activité, il a peint une grande aquarelle de son fils à 6 mois. Le Démon terrassé est terminé en et est exposé quelques jours à Moscou comme tableau non achevé. Exposition de Mir IskousstvaAu début de l'année 1902, le Démon terrassé est envoyé à Saint-Pétersbourg pour l'exposition de Mir Iskousstva. La toile fait sensation. Pendant la durée de l'exposition Vroubel arrivait chaque matin voir son Démon et jusqu'à midi, quand il n'y avait pas trop de visiteurs, il retravaillait son tableau, le recopiait, le lavait, ajoutait des couleurs, modifiait le personnage et le fond montagneux. Mais il modifiait surtout le visage de son Démon. Alexandre Benois, qui regardait Vroubel modifier son œuvre écrit:
Vladimir von Meck, un des organisateurs de l'exposition de Mir Iskousstva, a acheté de nombreuses toiles de Vroubel, parmi lesquelles une des variantes du Démon, quand, en 1902, il a appris que le conseiller du directeur de la galerie Tretiakov avait décidé de ne pas l'acheter. Plus tard, le Démon a été vendu à la galerie Tretiakov où la toile se trouve encore aujourd'hui. C'était l'un des tableaux les plus importants de l'exposition. Dans les premiers mois de l'année 1902, son entourage a commencé à remarquer des symptômes de trouble mental chez Vroubel. Voici ce que dit sa femme à sa sœur Ekaterina Ivanovna Zabeleva-Gay, l'épouse de Nikolaï Gay:
Finalement Vroubel, atteint de troubles de type maniaque, doit être hospitalisé dans une clinique psychiatrique[3]. L'artiste s'imagine être tantôt le Christ, tantôt le poète Pouchkine, puis il se prépare à devenir gouverneur-général de Moscou, ou encore empereur de Russie. Puis soudain il devient Mikhaïl Skobelev ou Phryné. Il entend des chœurs de voix et prétend qu'il a vécu à l'époque de la Renaissance et qu'il a peint les murs du Vatican avec Raphaël et Michel-Ange. Il consulte le psychiatre Vladimir Bekhterev, qui détecte une grave affection du système nerveux de l'artiste. De manière réductrice et du fait de la maladie mentale du peintre, le démon est parfois considéré comme le double de Vroubel. Mais il semble que le peintre ait vraiment voulu exprimer la part sublime de l'individu, sa part de liberté qui lui permet de se révolter et de créer. Il est proche dans cette démarche du héros romantique et de l'homme nouveau nietzschéen. Son démon est un symbole de la quête artistique et de la transformation spirituelle[4]. Autres DémonsL'image du Démon se retrouve souvent dans l'œuvre de Vroubel. En 1890 il peint Le Démon assis. En 1899, le Le Démon volant où il est représenté comme le souverain tout puissant de monde.
Références
|