Le Chien à qui on a coupé les oreilles est la huitième fable du livre X de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678.
Texte de la fable
Qu’ai-je fait pour me voir ainsi
Mutilé par mon propre maître ?
Le bel état où me voici !
Devant les autres Chiens oserai-je paraître ?
Ô rois des animaux, ou plutôt leurs tyrans,
Qui vous ferait choses pareilles ?
Ainsi criait Mouflar jeune Dogue ; et les gens
Peu touchez de ses cris douloureux & perçants,
Venaient de lui couper sans pitié les oreilles.
Mouflar y croyait perdre : il vit avec le temps
Qu’il y gagnait beaucoup ; car étant de nature
À piller[N 1] ses pareils, mainte mésaventure
L’aurait fait retourner chez lui
Avec cette partie en cent lieux altérée ;
Chien hargneux a toujours l’oreille déchirée.
Le moins qu’on peut laisser de prise aux dents d’autrui
C’est le mieux. Quand on n’a qu’un endroit à défendre,
On le munit de peur d’esclandre :
Témoin maître Mouflar armé d’un gorgerin[N 2] ;
Du reste ayant d’oreille autant que sur ma main,
Un Loup n’eût su par où le prendre.
— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Le Chien à qui on a coupé les oreilles, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 407
Notes
- ↑ En parlant des chiens, se jeter sur les animaux (Littré)
- ↑ Collier armé de pointes qui protège la gorge du chien
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Le Chien à qui on a coupé les oreilles
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