La Varsovienne (Delavigne)La Varsovienne Lithographie de La Varsovienne de Delavigne par Tellier, chez Launer, éditeur marchand de musique, 1830-2.
La Varsovienne est un chant national composé en par Casimir Delavigne, poète ordinaire du roi Louis-Philippe Ier, à l’instigation de ce dernier, pour faire suite à la Parisienne, qui avait été la Marseillaise de 1830. Elle est chantée en public le à Paris par le ténor Adolphe Nourrit[1], sur une musique d’Auber[2], arrangée pour la guitare par Antoine Meissonnier. Dès le , une version polonaise en est donnée à Varsovie. Contexte historiqueCe chant a été créé à la suite des événements révolutionnaires de l'année 1830 : la révolution de Juillet en France, qui met sur le trône le roi Louis-Philippe ; la révolution belge de septembre-octobre qui établit un nouvel État, la Belgique, au détriment du royaume des Pays-Bas ; l'insurrection polonaise déclenchée le à Varsovie, capitale du royaume de Pologne. Cet État a été créé en 1815 par le congrès de Vienne pour être attribué aux tsars de Russie, désormais aussi « rois de Pologne ». Des rumeurs ayant couru à Varsovie selon lesquelles l'armée du royaume, commandée par le frère du tsar Nicolas I, le grand-duc Constantin, serait envoyée aux côtés de l'armée russe pour mater la révolution belge, un groupe d'élèves-officiers de l'École d'artillerie réussit à prendre le contrôle de la ville (). Le , un gouvernement provisoire est constitué, qui essaie de négocier avec le tsar. Celui-ci n'envisageant que la capitulation des insurgés, la Diète polonaise le destitue du trône () et établit un gouvernement national dirigé par le prince Adam Czartoryski. Le , l'armée russe lance une offensive contre le royaume insurgé ; la guerre russo-polonaise prendra fin le par la prise de Varsovie. La popularité de l'insurrection en FranceTrès vite, les libéraux et les républicains manifestent leur soutien à la cause polonaise. En particulier, le général La Fayette crée, le , le Comité central français en faveur des Polonais. Louis-Philippe et Nicolas ILouis-Philippe avait donné, lors de la guerre polono-russe de 1830-1831, l’exemple de ces sympathies presque générales pour les Polonais et pour leur révolution[3]. Louis-Philippe avait eu beau faire dire au tsar Nicolas, il lui avait même écrit de sa propre main, qu’il ne songeait pas le moins du monde à intervenir dans les affaires de Pologne, et qu’il s’en rapportait absolument, pour la pacification de ce pays, à la sagesse et à la magnanimité de son souverain, comme pour démentir ses démonstrations de désobligeance envers la Russie, le « roi-citoyen », comme on le surnommait alors, s’était inscrit à la tête des souscripteurs en faveur de la Pologne insurgée contre les Russes[3]. Plus d’une fois, il avait même électrisé la Garde nationale de Paris, en lui annonçant d’éclatantes victoires remportées par l’héroïsme polonais, même si celles-ci se trouvaient toujours fausses[3]. Le tsar Nicolas avait lieu de s’étonner et de se plaindre du subit changement de politique française, qui faisait du roi des Français le défenseur avoué, l’auxiliaire sérieux des rebelles polonais[3]. Il crut reconnaitre, dans cette insistance, l’action personnelle de Louis-Philippe, et il prit à cœur la contrariété qu’on paraissait vouloir lui faire éprouver, par compensation ou par représailles[3]. Vivement blessé de cette intrusion persistante de la politique étrangère dans les affaires de son gouvernement, et bien déterminé à ne pas souffrir la moindre atteinte à ses droits de souverain, il fit tomber tout son ressentiment sur « le roi des barricades » (c’est ainsi qu’il avait qualifié Louis-Philippe), qui lui était peu sympathique depuis la révolution française de 1830[3]. De cette époque date l’antipathie, l’aversion, le ressentiment, que Nicolas a conservé pendant son règne contre la personne même de Louis-Philippe, et qu’il ne s’est jamais donné la peine de cacher vis-à-vis de ses ministres, ni dans le cercle de sa vie privée, ni devant son entourage intime[3]. Ses sentiments de mésestime n’avaient, par ailleurs, que pu que s’augmenter et s’enraciner, avec le sort réservé à la duchesse de Berry, à la suite de la tentative d’insurrection royaliste dans l’Ouest de la France de 1832, où celle-ci s’était vue forcée d’épouser un petit gentilhomme italien pour recouvrer sa liberté, en renonçant à tous ses droits de tutrice et de mère du duc de Bordeaux[3]. La Varsovienne de DelavigneL'élaborationLe contenu du chantLe texte est disponible dans Wikisource (infra). Les vers de Delavigne évoquent plusieurs faits historiques de l'histoire récente de la Pologne et de la France. En suivant l'ordre du texte, on trouve successivement :
La version polonaise : WarszawiankaLa Varsovienne est chantée dans les rues de Paris avec autant de passion que la Parisienne[4]. On en retrouve le texte un mois après sa publication en France à Varsovie, sous forme de tracts. Fin mars, une traduction en est faite par le poète Karol Sienkiewicz ; elle est mise en musique par le compositeur, Karol Kurpiński, chef d’orchestre de l’opéra de Varsovie. Exécutée en public dès le au Théâtre national, au cours d'un spectacle d'opéra, la chanson est accueillie avec enthousiasme par le public. Elle sera dans les décennies ultérieures un des grands symboles du mouvement national polonais, qui l’a chantée en marchant au combat. Elle a été chantée, dès lors, dans les deux capitales, comme un signe de fraternité[2]. Notes et références
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