Lída Baarová est issue d'une famille associée au plus gros commerçant de prêt-à-porter de Prague. Situé dans le bas de l'actuelle rue Milady Horakove, le magasin « Brouk et Babka » était très réputé.
En 1931, âgée de dix-sept ans, Ludmila Babková se présente (en cachette, parce que les élèves du Conservatoire n'en ont pas le droit) à une audition pour le film Kariera Pavla Carmdy (La Carrière de Pavel Carmda). Elle est engagée et a aussitôt du succès. De 1931 à 1941, elle joue dans trente-et-un films tchécoslovaques.
Carrière
Devenue Lída Baarová, l'actrice voyage en Europe. Elle se découvre un talent pour les langues étrangères qu'elle peut apprendre et parler sans accent en moins d'un mois. À Paris, elle noue une idylle avec Charles Boyer, alors en pleine gloire. On peut situer vers 1934, la première erreur de sa carrière. Elle est engagée à Berlin par l'Universum Film AG (UFA). Elle y tourne Barcarole[2], une bluette où elle incarne la plus belle fille de Venise. Adulée par le public et la critique, « Lidushka » (Petite Lida) est à vingt ans, une star européenne. En 1936, elle est la vedette féminine du film de propagande nazie Verräter de Karl Ritter.
Mais Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du IIIe Reich, est éperdument amoureux de Lída Baarová. Il a dix-sept ans de plus qu'elle, il est marié, a des enfants. L'idylle dure deux années (1936-1938) au vu et au su de tout le monde[3], y compris dans la Tchécoslovaquie natale de Lída Baarová. Goebbels veut divorcer, leur relation devient une affaire d'État…[4]Hollywood lui propose alors un contrat pour sept ans. Lída Baarová hésite, puis refuse, décision qu’elle regrettera jusqu’à sa mort[5]. À la suite de pressions exercées par Magda Goebbels auprès d'Adolf Hitler, celui-ci, craignant qu'un divorce ne ternisse l'image de la famille allemande modèle qu'incarnait le couple Goebbels, demande impérativement à son ministre de rompre toute relation avec l'actrice[6]. Lída Baarová devient alors persona non grata en Allemagne. L’actrice rentre à Prague où les théâtres lui ouvrent à nouveau leurs portes. Vittorio De Sica la remarque. Elle tourne pendant la Seconde Guerre mondiale sept films à Rome.
À la Libération, Lída Baarová est incarcérée seize mois en prison (prison de Pankrác) à Prague, puis elle s’exile en Autriche. Sa mère meurt d'une crise cardiaque, sa sœur se suicide, sa villa praguoise est confisquée[7]. Jusqu’à la fin des années 1950, Lída Baarová joue au théâtre et tourne des films en Italie et en Espagne (un second rôle dans Les Vitelloni de Federico Fellini)[8].
Elle poursuit sa carrière, au cinéma (souvent de petits rôles) et au théâtre, en Italie et Espagne, puis en Autriche et enfin en Allemagne de l'Ouest, puis sombre dans l'alcoolisme[9].
↑Comme parfois à l'époque, une version française et une allemande ont été tournées avec des acteurs différents. Pour la version française : Barcarolle (film, 1935)
« The relationship between Goebbels and Baarová was an open secret. »
↑« Lida Baarova », sur cineartistes.com (consulté le )
↑« Lída Baarová la maitresse Joseph Goebbels », sur seconde-guerre-mondiale.over-blog.com, (consulté le ) : « Elle a reçu plusieurs offres d'emploi de studios d'Hollywood.Elle les a rejetées sous la pression des autorités nazies, mais plus tard, elle a regretté et a déclaré à son biographe, Josef Škvorecký : "J'aurais pu être aussi célèbre que Marlene Dietrich ." »