Julius Eastman, né le à New York[1] et mort le à Buffalo[2], est un compositeur, pianiste, chanteur et danseurafricain-américain du courant minimaliste. Il fait partie des premiers musiciens à associer des éléments de musique pop à la musique minimaliste[3]. Les titres de ses œuvres ont souvent un aspect politiquement provocateur comme Evil Nigger ou Gay Guerrilla. Il meurt dans l'indigence et l'indifférence en 1990, un grand nombre de ses partitions disparues[4]. Ce n'est qu'au cours des années 2010 que son travail est redécouvert[5].
Biographie
Jeunesse et études
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Julius Dunbar Eastman Jr. nait le dans le quartier de Harlem, à New York, de parents d'origine caribéenne. Son père, Julius Dunbar Eastman Sr., est ingénieur civil, et sa mère, Frances Eastman (née Famous), étudie au City College of New York[6]. Peu de temps après la naissance de leur premier enfant, ils déménagent et s'installent à Syracuse. Le , la famille s'agrandit à la naissance de Gerry Eastman. En 1947, après un rapide retour à Manhattan, ils s'établissent tous les quatre définitivement à Ithaca[7], considérée comme moins dangereuse que New York par Frances Eastman[8]. Rapidement cependant, elle et Julius Eastman Sr. se séparent[7].
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Professeur depuis peu à l'université de Buffalo, Julius Eastman exprime dans le journal de celle-ci son désir de se consacrer exclusivement à la composition en septembre 1971[10]. Au milieu des années 1970, il y interprète par ailleurs l'une des Song Books de John Cage. Faisant de celle-ci une « conférence-performance lubrique » durant laquelle il discute du colonialisme et de la sexualité, Julius Eastman s'attire à cette occasion les foudres du compositeur, présent dans le public, qui lui reproche notamment son « ego renfermé sur son homosexualité ». À la suite de ce scandale, Julius Eastman perd son poste à l'université de Buffalo[11].
Après avoir collaboré une première fois avec elle en 1981, en tant qu'interprète sur son album Dolmen Music, Julius Eastman accompagne Meredith Monk aux claviers sur Turtle Dreams(en) deux ans plus tard[12].
Mort
Décédé le à l'hôpital de Buffalo, ce n'est que huit mois plus tard qu'un avis de décès parait dans The Village Voice, mettant fin à l'ignorance dans laquelle étaient nombre de ses connaissances jusque-là[12].
Reconnaissance posthume et hommages artistiques
C'est grâce au travail de la compositrice Mary Jane Leach(en), qui rassemble plusieurs compositions de Julius Eastman dans l'anthologie Unjust Malaise[note 1], que le public redécouvre son œuvre à partir de 2005, date de sortie de cette compilation[10].
Du 19 janvier au 10 février 2018, une exposition ainsi que des concerts ont lieu à New York dans le cadre de l'évènement Julius Eastman: That Which Is Fundamental. Après quoi, le président de la maison d'édition G. Schirmer annonce avoir conclu un contrat avec Gerry Eastman, jusque-là responsable de son héritage, en vue de « restaurer, reconstituer et publier tout ce qui est artistiquement viable de Julius [Eastman] »[13].
Fin 2022, Loraine James(en) sort l'album Building Something Beautiful for Me sur Phantom Limb après que le label lui a demandé de réinterpréter à sa façon l’œuvre de Julius Eastman. Paru en 2023, Gentle Confrontation, le cinquième album de Loraine James, s'inscrit lui aussi dans un dialogue avec la musique du compositeur étasunien[14].
En 2023, le duo de chorégraphes Gerard & Kelly joue son spectacle Gay Guerrilla, intitulé ainsi d'après le morceau éponyme de Julius Eastman, au Centre Pompidou. Participent notamment à leur performance la drag queen Soa de Muse et les danseurs étoilesGuillaume Diop et Germain Louvet[15].
Œuvre
Bien que Julius Eastman ait écrit de la musique dès 1963 et jusqu'en 1990, il est au début des années 2020 surtout connu pour les œuvres qu'il a composées entre 1973 et 1981. Au nombre de huit, celles-ci constituent pour Jean-Christophe Marti le « canon » eastmanien : Stay On It (1973), Femenine (1974), If You're So Smart, Why Aren't You Rich? (1977), Crazy Nigger, Evil Nigger, Gay Guerrilla (1978-1979), Prelude to the Holy Presence of Joan of Arc et The Holy Presence of Joan of Arc (1981). Ce canon correspond en fait à l'anthologie Unjust Malaise établie par Mary Jane Leach et augmentée de Femenine[16].
Compositions
1968 - Piano Pieces I - IV pour piano
1970 - Thruway pour flute, clarinette, trombone, violon, violoncelle, soprano, trio jazz trio, chœur (soprano, alto, ténor et basse), instruments électroniques
1970 - The Moon's Silent Modulation pour danseurs, chanteurs et orchestre de chambre
1970 - Touch Him When pour piano à quatre mains
1970 - Trumpet pour sept trompettes
1971 - Macle pour chant et instruments électroniques
1971 - Comp 1 pour flûte
1972 - Mumbaphilia pour danseurs
1972 - Wood in Time pour huit métronomes
1972 - Tripod
1973 - Colors pour bande et quatorze chanteuses
1973 - Stay on It
1973 - 440 pour chant, violon, alto et contrebasse
1974 - That Boy pour petit ensemble
1974 - Joy Boy pour quatre instruments aigus
1974 - Femenine pour orchestre de chambre
1974 - Masculine pour petit ensemble
1977 - If You're So Smart, Why Aren't You Rich? pour violon, cors, trompettes, trombones, tuba, piano, carillon et basses
1978 - Nigger Faggot pour cloche, percussions et cordes
1974 - Dirty Nigger pour flûtes, saxophones basson, violons et doubles basses
1979 - Evil Nigger pour n'importe quel type d'instruments similaires (couramment quatre pianos)
1980 - Gay Guerilla pour n'importe quel type d'instruments similaires (couramment quatre pianos)
1980 - Crazy Nigger pour n'importe quel type d'instruments similaires (couramment quatre pianos)
1981 -The Holy Presence of Joan d'Arc pour dix violoncelles
1981 - Untitled [Prelude to The Holy Presence of Joan d'Arc] pour chant solo
1983 - His Most Qualityless Majesty pour chant et piano
↑Philippe Renaud, « L'album de famille de Loraine James : La compositrice électronique britannique présente son cinquième album à Montréal le 28 septembre », Le Devoir,
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(en) Ellie M. Hisama, « 'Diving into the Earth' : The Musical Worlds of Julius Eastman », dans Olivia Bloechl, Melanie Lowe et Jeffrey Kallberg (éd.), Rethinking Difference in Music Scholarship, Cambridge, Cambridge University Press, .
(en-US) Isaac Alexandre Jean-François, « Julius Eastman: The Sonority of Blackness Otherwise », Current Musicology, no 106, (lire en ligne)
Jean-Christophe Marti, Les manuscrits de Julius Eastman : Notations musicales, temps et singularité (thèse de doctorat en musicologie), Paris, université Paris-Saclay, , 971 p. (lire en ligne).
Renée Levine Packer et Mary Jane Leach (éd.) (trad. de l'anglais, préf. Devonté Hynes), Gay Guerrilla : L'histoire de Julius Eastman [« Gay Guerrilla: Julius Eastman and His Music »], Éditions 1989, , 288 p. (ISBN978-2-9581084-0-3)