Julien Racamond

Julien Racamond, né le à Dijon et mort le à Paris, ouvrier boulanger, est un syndicaliste ouvrier français. Il fut un des dirigeants de la CGTU, puis membre de la direction de la CGT de 1923 à 1953. Il est membre du Conseil économique et social de à .

Biographie

Julien Racamond est issu d'une famille d'ouvriers agricoles[1]. Son père était originaire du département de la Drôme que la misère de sa condition avait poussé à venir à Dijon pour un travail de voiturier. Sa mère, journalière agricole était fille d'ouvriers agricoles bourguignons.

Formation

Dès l'âge de douze ans Julien Racamond quitte l'école, pour prendre place dans le prolétariat rural, trouvant travail de fermes en fermes. À dix-huit ans il entre en apprentissage d'ouvrier boulanger à Beaune. Il travaille ensuite à Dijon jusqu'à son appel à l'armée. Révolté par les conditions de travail du métier (le travail de nuit) qu'il exerce, il prend sa première carte syndicale à la CGT, et s'initie à l'action syndicale sous les conseils d'un militant aguerri, Jean Bousquet [2]. En 1905, âgé de vingt ans, il est un des dirigeants du syndicat des ouvriers boulangers de Dijon.
Son service militaire accompli, il reste à Paris où il devient secrétaire-adjoint du syndicat des ouvriers boulangers de la Région parisienne. Il se marie en 1913, et monte d'un cran dans les responsabilités : il est secrétaire permanent de son syndicat en .

L'expérience de la guerre

Cinq années de mobilisation, dont trente mois au front, deux blessures et une « Croix de guerre » plus tard, Racamond[3] est démobilisé en . À la direction du syndicat des ouvriers boulangers il est de ceux qui fustigent le réformisme de la direction de la CCT. Animateur des Comités syndicalistes révolutionnaires, membre des instances de direction de l'Union des syndicats de la Seine et de la Fédération de l'Alimentation, il participe en 1922 à la fondation de la CGTU. Reconnaissance par ses pairs de son audience personnelle, il devient dès 1923 un des membres de la direction de cette nouvelle centrale syndicale. Selon l'historien Jean Charles, il aurait fortement contribué à ce que la nouvelle centrale syndicale se nomme « unitaire », plutôt que « rouge ». Il est aussi membre du comité de rédaction de La Vie ouvrière.

Syndicaliste et communiste

De nombreux militants syndicalistes-révolutionnaires, comme lui jusqu'alors défenseurs de la Charte d'Amiens, mettent leurs espoirs d'émancipation humaine dans la victoire de la Révolution russe[4]. L'adhésion pourtant ne se fait pas sans débats, ruptures, exclusions. La CGTU est secouée jusque vers 1931 [5] par des débats, voire des crises dont le fil conducteur réside dans l'acceptation plus ou moins admise de rapports de sujétion entre le syndicat et le Parti communiste. Racamond, quant à lui, y est un militant de premier plan, et demeure au secrétariat confédéral de la CGTU jusqu'à la réunification syndicale de 1936. Propagandiste, praticien plus que théoricien, il s'occupe notamment des problèmes de la Main d'œuvre étrangère (MOE). Parallèlement il occupe des responsabilités au Parti communiste, dont il membre du Bureau politique de 1926 à 1930. Réélu au Comité central de ce parti en , il en démissionne (officiellement) trois mois plus tard pour se conformer aux statuts de la CGT réunifiée, dont il est élu en au bureau confédéral. Avec Benoît Frachon, il est un des deux communistes, parmi les huit membres de cette instance. Il y est réélu en .

La césure de la Seconde Guerre mondiale

En , il est exclu du Bureau confédéral de la CGT, pour son refus de désavouer le pacte germano-soviétique, puis il est interné dans différents camps et prison en France. Les causes de sa libération en demeurent non élucidées. Il semble qu'il aurait signé une déclaration l'engageant à ne plus militer, voire condamnant les attentats individuels. Pourtant son nom, réputé, ne fut pas utilisé par les tenants de la collaboration. Entré dans la clandestinité, la presse syndicale clandestine le mentionne en utilisant son aura de vieux syndicaliste, à partir de 1943. À la Libération, il retrouve ses fonctions à la direction de la CGT, sans avoir la place importante qu'il tenait avant-guerre. Il reste membre du bureau confédéral jusqu'en 1953, et siège au Conseil économique et social de 1947 à 1955.

Notes et références

  1. Notice « Julien Racamond », par Jean Charles, dans Le Maitron. L'essentiel des renseignements biographiques suivants provient de cette source.
  2. Bousquet, syndicaliste révolutionnaire, fondateur de la fédération CGT de l'Alimentation, a été aussi membre de la direction de la CGT
  3. Il est malaisé de situer, avant 1914 la position de Julien Racamond dans les débats qui agitent les syndicalistes, entre les réformistes et les syndicalistes-révolutionnaires. Cf Jean-Louis Robert, Les ouvriers, la Patrie et la Révolution, Paris 1914-1919, Annales littéraires de l'Université de Besançon, 1995.
  4. Temporairement ou de façon définitive, Victor Griffuelhes, Jules Grandjouan, Charles Marcq (trésorier de la CGT avant la Guerre de 1914), Bousquet, Gaston Monmousseau, Pierre Monatte, Benoît Frachon. Cf Jean Maitron, Colette Chambelland, Syndicalisme-révolutionnaire et communisme, les archives de Pierre Monatte, François Maspero éditeur, Paris , 1968.
  5. Cf Michel Dreyfus, Histoire de la CGT, éditions Complexe, 1995, pages 126-137

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes