Julia CagéJulia Cagé
Julia Cagé, née le à Metz (Moselle), est une enseignante-chercheuse et économiste française. Professeure permanente en économie à l'Institut d'études politiques de Paris, elle est spécialiste d'économie politique et d'histoire économique. Publiquement engagée à gauche, elle travaille en particulier sur l'économie des médias et le financement de la démocratie. BiographieFamille et formationJulia Cagé est la fille d'un cadre supérieur[1] et d'une mère au foyer qui s'est consacrée à l'éducation de ses enfants[2]. Elle a une sœur jumelle, Agathe Cagé, haut-fonctionaire et ancienne élève de l'École nationale d'administration[3] et une sœur aînée, cheffe d'entreprise[1]. Par ailleurs, elle est depuis 2014 l'épouse de l'économiste Thomas Piketty[4]. Après des classes préparatoires B/L au lycée Thiers à Marseille, Julia Cagé intègre en 2005, avec sa sœur jumelle, l’École normale supérieure[5]. Elle obtient une licence en économétrie à l'université Panthéon-Sorbonne en 2006 et un master « Analyse et politique économiques » à l'École d'économie de Paris en 2008. En , elle obtient un doctorat en analyse et politique économiques à l'École des hautes études en sciences sociales avec une thèse intitulée Essays in the Political Economy of Information and Taxation et rédigée sous la direction de Daniel Cohen[6]. Jean Tirole siège dans son jury de thèse[4]. L'année suivante, elle obtient un deuxième doctorat à l'université Harvard, s'intitulant Essays on the Political Economy of Information, sous la direction d'Alberto Alesina, Nathan Nunn et Andrei Shleifer[7] Carrière universitaireDe à 2021, Julia Cagé est maître de conférences en économie à l'Institut d'études politiques de Paris[8],[9]. Elle est nommée professeure d'économie à partir de 2021[9]. Elle est également chercheuse associée au Centre for Economic Policy Research (CEPR)[10] et co-directrice de l'axe « Évaluation de la démocratie » du Laboratoire interdisciplinaire d'évaluation des politiques publiques[11],[12]. En 2019, elle est nommée au prix du meilleur jeune économiste de France (Le Cercle des économistes - Le Monde)[13], dont elle sera lauréate en 2023. Autres activitésÀ l'École normale supérieure, repérées par Daniel Cohen, les sœurs Cagé intègrent la fondation Jean-Jaurès et Terra Nova. Julia Cagé devient alors une invitée régulière de France 24. Elles finissent par créer à leur tour leur propre think tank, Cartes sur tables, en 2008[14],[4]. Julia Cagé est membre du conseil d'administration de l'Agence France-Presse depuis [15]. Elle a également été membre de la Commission économique de la nation[16]. Elle a été chroniqueuse à Alternatives économiques[17] et à France Culture[18], ainsi qu'à l'émission Le Monde d'après sur France 3[19]. Début , Julia Cagé est nommée présidente de la Société des lecteurs (SDL) du Monde[20]. Elle est la première femme de l'histoire de la SDL à être élue par le conseil d'administration pour occuper la fonction de présidente[21]. Association Un bout du MondeEn , Julia Cagé lance avec la SDL et le Pôle d’Indépendance du Monde l'association Un bout du monde[22] « pour la reconquête citoyenne de l'actionnariat des médias d'information », dont elle devient présidente. Elle fixe comme objectif de permettre aux salariés, aux journalistes et aux lecteurs de devenir les garants de l’indépendance des médias au cours des mois et des années à venir[23]. Prises de positionEngagée à gauche[24], Julia Cagé signe un appel d'économistes en soutien au candidat François Hollande lors de la campagne présidentielle de 2012, en raison de « la pertinence des options [proposées], en particulier pour ce qui concerne la reprise de la croissance et de l'emploi »[25]. En , dans la perspective de l'élection présidentielle de 2017, Julia Cagé est l'un des onze initiateurs de l'appel « Notre primaire » pour une primaire à gauche[26],[27]. Le , elle cosigne une tribune de soutien à Benoît Hamon en vue de la primaire citoyenne de 2017, intitulée « pour un revenu universel crédible et audacieux »[28]. Après la victoire de Benoît Hamon à la primaire, elle devient responsable du pôle « économie » pour sa campagne présidentielle[29]. Benoît Hamon lui confie une mission sur la mise en place du revenu universel d'existence (RUE). Son estimation est évaluée « à 45 milliards « maximum » financés par la fusion de la taxe foncière et de l'impôt sur la fortune et un transfert de richesses venant du CICE et du pacte de responsabilité, probablement à hauteur de 20 milliards d'euros »[30]. La Tribune.fr conteste le fondement de ce projet de réforme[31]. Julia Cagé est citée dans une des premières enquêtes du site d'informations grand public français Off-investigation à « 100% spécialisé dans l’enquête journalistique au long cours »[32], créé en octobre 2021 par un groupe de journalistes d'investigation parmi lesquels Jean-Baptiste Rivoire, ancien rédacteur en chef-adjoint de l'émission Spécial Investigation sur Canal +[33], notamment sur le rôle joué par Alain Minc dans les manœuvres d'actionnaires autour du rachat du quotidien Le Monde sous le mandat du président Nicolas Sarkozy[32]. Dans le cadre des élections législatives de juin 2022, elle co-signe une tribune soutenant le programme économique de la NUPES[34]. Julia Cagé confirme à Politico avoir été approchée par le Nouveau Front populaire pour être candidate aux élections législatives de 2024. Elle a finalement refusé cette proposition[35]. OuvragesLe Prix de la démocratieDans cet ouvrage publié en , elle interroge l'épuisement démocratique et le poids des intérêts privés dans le financement de la vie politique et ses conséquences[36]. Sauver les médiasDans ce livre publié en , et sous-titré Capitalisme, financement participatif et démocratie[37], elle propose notamment un nouveau modèle pour organiser les médias, la « société de média à but non lucratif » (ou « fondaction »), intermédiaire entre la fondation et la société par actions classique. L'objectif est de permettre un partage et un renouvellement démocratique du pouvoir et des financements. Les lecteurs, journalistes et autres financeurs participatifs verraient leur apport en capital reconnu par des droits de vote majorés, alors que ceux des plus gros actionnaires seraient minorés. Les médias bénéficieraient ainsi de la réduction fiscale ouverte aux dons, ce qui permettrait, selon Julia Cagé, de remplacer le système souvent opaque et inefficace d'aides à la presse par un soutien « neutre, transparent et citoyen »[38]. Selon Éric Fottorino, ce modèle peut difficilement fonctionner pour des médias de grande taille, qui ne peuvent pas se passer de gros actionnaires de référence[39]. Ce livre s'appuie notamment sur une analyse de l'évolution historique des médias et de leur mode de gouvernance et de financements en Europe et aux États-Unis depuis le début du XXe siècle, ainsi que sur des travaux précédemment menés sur l'impact d'une concurrence parfois excessive entre supports médiatiques sur l'émiettement des rédactions, en prenant l'exemple de la presse quotidienne régionale en France depuis 1945[40]. L'information est un bien publicCet ouvrage, écrit avec Benoît Huet et publié en , est consacré au financement des médias, à leur modèle de gouvernance et de propriété[41]. Elle y propose une « loi de démocratisation de l'information » qui permettrait notamment l'ouverture des instances de direction aux salariés et la mise en place de droit d'agrément pour les nouveaux actionnaires. Dans la continuité de ses ouvrages précédents, ce livre s'inspire notamment sur le transfert du quotidien Libération à une société à but non lucratif par son actionnaire en 2020[41]. Publications
Notes et références
Liens externes
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