Jean Charles de Menezes

Jean Charles de Menezes
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 27 ans)
StockwellVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean Charles da Silva e de MenezesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Mosaïque à l'effigie de Jean Charles de Menezes à la station Stockwell.

Jean Charles de Menezes () est un électricien brésilien qui vivait à Tulse Hill dans le sud de Londres. Il a été abattu par erreur par Scotland Yard à la station de métro Stockwell – de 7 balles dans la tête – le lendemain des attentats du 21 juillet, alors que la police recherchait activement leurs auteurs[1].

Description des événements

Le , la police londonienne recherche les suspects dans les attentats ratés de la veille. Londres a déjà subi 15 jours auparavant des attentats meurtriers dans le métro et dans un bus.

Localisation

Une carte de membre d'un club de gym, trouvée dans l'un des sacs contenant la bombe qui n'a pas explosé la veille, conduit les enquêteurs à un immeuble de neuf appartements sur Scotia Road à Tulse Hill, dans le district de Lambeth[2].

Surveillance

Vers 9 h 30, des officiers de police qui surveillent l'immeuble voient Menezes en sortir. Jean Charles Menezes, un électricien, vit dans l'un des appartements avec deux de ses cousins. Il vient juste de recevoir un appel pour aller réparer une alarme à Kilburn.

Suivi du suspect et mort

Les policiers le prennent alors en filature. Menezes prend le bus pour se rendre à la station de métro Stockwell (l'agent "Hotel 3" le suit dans le bus). Lorsqu'il se dirige vers la rame à quai, il se met à courir et est instantanément abattu par un ou plusieurs officiers de police. L'analyse des vidéos de surveillance semble indiquer que Menezes a commencé à courir pour attraper le métro qui entrait en gare[2].

Ressemblance

Il aurait été confondu avec le suspect Osman Hussain, alias Hamdi Issac, susceptible de commettre un attentat suicide dans le métro londonien. Or, ce dernier est noir, alors que la victime était blanche. Contrairement aux affirmations de Scotland Yard, De Menezes était habillé d'une simple veste en jean et non d'un « large pardessus noir ».

Version de la police londonienne

Scotland Yard a menti en prétendant qu'il aurait sauté le portillon, puis pris la fuite. Les caméras de surveillance montrent qu'il était tout à fait calme et qu'il a passé normalement le portillon, prenant même le temps de se saisir un exemplaire d'un quotidien gratuit. Il a emprunté calmement l'escalier mécanique. S'apercevant que la rame était à l'arrêt, il a couru pour l'attraper. Il a été ensuite atteint par les coups de feu alors qu'un agent de police l'avait déjà maîtrisé et ceinturé. Il a reçu au total 8 balles dans la tête et l'épaule.

Enquête

Alors que la Independent Police Complaints Commission est sollicitée pour ouvrir le dossier le 22 juillet, ce dossier n'est ouvert que cinq jours plus tard, le 27 juillet[2].

Le 20 août, Scotland Yard annonce avoir modifié sa procédure d'« autorisation de tuer » ; les détails ne sont pas révélés. Scotland Yard a démenti avoir proposé un million de dollars à la famille de la victime, publiée par le Daily Mail avant de reconnaître avoir proposé la somme de 15 000 livres (22 157 euros).

L'IPCC (Independent Police Complaints Commission) commença ses investigations le . La première partie de ces investigations constituèrent le rapport "Stockwell I", achevé le et rendu public le .

Extérieur de la station Stockwell en décembre 2008 : à gauche, autel improvisé à la mémoire de Jean Charles de Menezes.

Le , le ministère de l'Intérieur britannique publie une lettre que lui avait adressée le chef de la police londonienne deux heures après la mort de Jean Charles de Menezes. Il y apparaît que Sir Ian Blair a voulu bloquer l'enquête indépendante sur la bavure commise par ses hommes. Il réclame en effet une modification de la loi pour éviter d'avoir à témoigner devant la Commission indépendante enquêtant sur les plaintes portées contre la police.

Blair affirme qu'une enquête risque de mettre en péril la vie de policiers en l'obligeant à fournir des informations sur les tactiques de la police et ses sources de renseignements et qu'il était persuadé que l'homme abattu était l'un des auteurs présumés des attentats.

Le premier , un jugement du tribunal de l'Old Bailey a condamné la police à une réparation de 175 000 £ plus 385 000 £ pour les frais, mais aucun officier n'est reconnu personnellement responsable[3].

En novembre 2009, un accord final établit à 100.000 £ plus frais de défense la réparation concédée par Scotland Yard à la famille de la victime, une compensation inférieure aux attentes qui s'explique par le fait que la famille de la victime était pauvre. En échange, la famille de la victime abandonne toutes ses poursuites judiciaires contre Scotland Yard. L'affaire mène à la démission en 2008 du directeur de Scotland Yard Ian Blair[4].

Lors de l'enquête, Scotland Yard aurait mené plusieurs campagnes de désinformation visant à discréditer la victime et justifier l'acte des forces de l'ordre[5].

Requête auprès de la Cour Européenne des Droits de l'Homme

À la suite de la mort de Jean Charles de Menezes, sa cousine a déposé une requête à la CEDH afin de déterminer si les policiers britanniques auraient dû faire l'objet de poursuites judiciaires ou disciplinaires. La CEDH a cependant considéré que les policiers avaient tué Jean Charles de Menezes de bonne foi, pensant qu'il s'agissait d'un terroriste.

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. (en-GB) Haroon Siddique, « Who was Jean Charles de Menezes? », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  2. a b et c « The Menezes Killing », sur news.bbc.co.uk (consulté le )
  3. (en-GB) James Sturcke, « Met police guilty over De Menezes shooting », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  4. (en-GB) Vikram Dodd, « Jean Charles de Menezes' family settles for £100,000 Met payout », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  5. (en-GB) « Jean Charles de Menezes' cousin wants truth over 'smear' stories », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )

Liens externes