Portrait de Jean-Pierre Saint-Ours, publié en frontispice de l’éloge historique prononcé par son ami Pierre-Louis De la Rive en l'église du chêne le 8 septembre 1809.
De 1782 à 1789, il forme son cousin et unique élève Gabriel-Constant Vaucher. Il réalise des tableaux de grand format Le choix des enfants de Sparte (1786), Les Mariages germains et Les jeux olympiques (1787-1790). Dans ces tableaux aux multiples figures, il montre les « traits de mœurs de différents peuples de l’Antiquité »[4] d'après Plutarque et Tacite[4].
Ses relations avec la France ne sont toutefois pas rompues, car après l'annexion du pays genevois[5] par Napoléon Ier, il gagne un des concours organisés par celui-ci avec Le Rétablissement du culte. Dans ce tableau de 1778, conservé au Château de Versailles, son style commence déjà à s'orienter vers un plus grand classicisme.
Après 12 années passées à Rome, il retourne en à Genève, où il épouse une cousine lointaine Hélène Bois-de-Chêne, et se met au service de la République pour défendre les idées d’égalité, de liberté et de démocratie [4]. Il se consacre à la politique jusqu'en 1796 (il est élu à l'Assemblée nationale, membre du Comité législatif). Il organise également un cortège en l'honneur de Jean-Jacques Rousseau en , inaugure des bâtiments publics, peint une allégorie de la République[6],[7].
Il conserve son mandat de professeur de dessin à la Société des arts de Genève[3].
L'influence de la série du Lévite d'Éphraïm, d'après Jean-Jacques Rousseau[3] est profonde sur Saint-Ours. Les quatorze épisodes de cette histoire, exécutés au lavis, puis peints à l'huile sont réalisés entre 1792 et 1806. Les œuvres montrent une jeune famille fuyant la nature qui tremble. Elles font référence au tremblement de terre de Messine, aux bouleversements de la Révolution française et tendent à déclencher le sentiment de sublime qui émerge au siècle des Lumières[3].
Saint-Ours continue à s'intéresser à des thèmes antiques notamment avec Homère aveugle, lisant l'Odyssée ou Caius Furius Cressinus, accusé de sorcellerie (1792)[3].
Cependant, Saint-Ours horrifié par les débordements de la Terreur abandonne bientôt toutes ses charges officielles et redevient simple citoyen[4]. L'œuvre tardive est dominée par des portraits, dans lesquels l'artiste saisit des citoyens genevois entourés d'objets de leur vie quotidienne. Vingt sept membres de la Société des arts se font portraiturer par lui, dont Horace Bénédict de Saussure, François Tronchin et Pierre-François Tingry. Il fait également le portrait de sa famille dans un environnement plus simple[3],[4].
Portrait de Madame Saint-Ours, née Madeleine-Hélène Bois de Chêne, avec ses neveux, 1796, huile sur toile, 65,3 × 88,7 cm, Musée d'art et d'histoire de Genève.
Portrait de Jean-Louis Masbou, 1795, huile sur toile, 86 × 68 cm, Musée d'art et d'histoire de Genève.
Portrait de l'artiste à la cocarde masquée, 1795, huile sur toile, 61,5 × 52 cm, Genève, Collection de la Société des Arts.
Figure de la République de Genève, 1794, huile sur toile, 385 × 151 cm, Musée d'art et d'histoire de Genève.
Portrait présumé de Madame Saint-Ours, alitée, 1793, Pierre noire, crayon de graphite, lavis brun-beige sur papier bleuté, 25 × 30 cm, Musée d'art et d'histoire de Genève.
Homère chantant son Odyssée à l'entrée d'une bourgade de Grèce, 1793, Huile sur panneau marqueté, 100,5 × 83,5 cm, Collection Jean-François Thelusson, Musée d'art et d'histoire de Genève.
Les Jeux olympiques, 1786-1791, huile sur toile, 209,5 × 386 cm, Musée d'art et d'histoire de Genève.
Scène à l'antique : La Lampe, 1786-1790, Pierre noire, pinceau et encre brune sur papier bleuté, 36 × 24,9 cm, Ancienne collection d'Émile Chambon, Musée d'art et d'histoire de Genève.
Le Choix des enfants de Sparte, 1786-1787, lavis, plume et pinceau à encre brune sur papier rosé, 38 × 70,9 cm, Collection de la Société des Arts, Musée d'art et d'histoire de Genève.
Judith et Holopherne, copie d'après une œuvre d'Artemisia Gentileschi : Livre de Judith, 1782-1786, huile sur toile, 203 × 138 cm, Musée d'art et d'histoire de Genève.
Le triomphe de la Beauté ou « Le Temple de Gnide (Montesquieu) », 1780, Huile sur toile, 77,4 × 135 cm, don d'Hippolyte-Jean Gosse, Musée d'art et d'histoire de Genève.
Portrait de l'artiste en dessinateur, 1777, Huile sur toile, 45,5 × 36,8 cm, Coll. Jean-Louis Goldschmid.
Portrait de l'artiste au chapeau, 1766, Pierre noire, fusain, rehauts de craie blanche, 20,9 × 21,2 cm, Collection privée.
Autoportrait dessiné à l'âge de 13 ans, 1765, Pierre noire, crayon de graphite, Sanguine sur papier blanc, 22,7 × 17,7 cm, Musée d'art et d'histoire de Genève.
La Continence de Scipion, vers 1778, Huile sur toile, 54,5 x 65 cm, Montpellier, musée Fabre.
Œuvres de Jean-Pierre Saint-Ours
Portrait de jeune femme, début XIXe siècle ?, localisation inconnue.
« Si l'exposition est à conseiller, le petit volume qui l'accompagne n'est en aucun cas un catalogue. Il se contente de reproduire et de commenter certaines œuvres, sans une liste exhaustive. L'écriture du catalogue complet devrait paraître chez le même éditeur. Car, incontestablement, cet artiste mérite une véritable monographie. »
↑(en) Pierre Chessex, « Saint-Ours, Jean-Pierre », Grove Art Online, (lire en ligne).
↑ abcdef et g(de) Mylène Ruoss, « Saint-Ours, Jean-Pierre », Degruyter, Allgemeines Künstlerlexikon Online / Artists of the World Online, (lire en ligne).
Éloge historique de M. Saint-Ours prononcé par son ami P.-L. De la Rive dans l'église du Chêne, le , Genève : Imprimerie A. L. Vignier, 1832 (en ligne).
Jean-Jacques Rigaud, « Jean-Pierre Saint-Ours », in : Renseignements sur les beaux-arts à Genève, Genève : Imprimerie Jules-Guillaume Fick, 1876, p. 197-206 (en ligne).
Anne de Herdt, Jean Pierre Saint Ours, Baconniere Arts, (ISBN978-2940462124).