Jean-François de Bertet de La Clue-Sabran
Jean-François de Bertet de Sabran, comte de La Clue, dit « La Clue-Sabran », né le à Moustiers-Sainte-Marie[1] et décédé le à Passy-lès-Seine, est un officier de marine et aristocrate français du XVIIIe siècle. Il commande la flotte française en Méditerranée pendant la guerre de Sept Ans et termine sa carrière avec le grade de lieutenant général des armées navales. BiographieOrigines et jeunesseNé à Moustiers-Sainte-Marie le , et baptisé le lendemain[2], il est le troisième des six fils de Jean-François de Bertet et de Madeleine de Sabran. Son père est juge royal à Moustiers ; seigneur de La Clue, il est « inquiété dans sa noblesse » en 1697 car cette dernière est douteuse. Son grand-père, viguier à Moustiers avait déjà été condamné à payer des droits de francs-fiefs en 1655-1657 pour usurpation de noblesse. Jean-François de Bertet est issu, par son père, d'une famille bourgeoise de Moustiers, dont l'origine remonte au milieu du XVIe siècle. Il descend par sa mère de la maison de Sabran, une des plus anciennes et illustres familles de la noblesse provençale, dont l'origine remonte au Xe siècle et qui compte deux saints catholiques, saint Elzéar et sainte Delphine. Il est successivement page du comte de Toulouse, qui était également amiral de France, avant de devenir l'un de ses gentilshommes. Carrière dans la marine royaleSans être « enfant du corps[3] », il entre dans la marine royale en tant que garde-marine, à Toulon, le , à l'âge de 18 ans. Il est promu garde du pavillon amiral le . Il embarque pour la première fois sur Le Henry le , jusqu'au . Le bâtiment est commandé par Abraham Duquesne-Monnier (1653-1726)[4], et mène campagne en Barbarie, à Alger. Il est à bord du vaisseau Le Toulouse, du au sous les ordres du chef d'escadre Charles de Vallette-Laudun (v. 1660-1736). Après des congés répétés au début des années 1720, pour fuir Toulon alors en proie à des épidémies de peste, il est promu enseigne de vaisseau, le . Le , il embarque sur Le Triton « pour passer à Brest, par ordre du roi, du » pour aller croiser au large de Tunis et d'Alger. De retour à Toulon en 1732, La Clue-Sabran y reste le temps d'une campagne. Il embarque sur Le Tigre le , lequel désarme le . Ce vaisseau compose, avec trois autres, L'Espérance, Le Léopard et L’Heureux, une petite escadre placée sous le commandement de Claude Aubery, bailli de Vatan (1664-1738), qui croise en Méditerranée. Lieutenant de vaisseau le , il est nommé sous-gouverneur naval du duc de Penthièvre, à la mort de son père — le comte de Toulouse — en 1737. La Clue-Sabran est fait chevalier de Saint-Louis le . Embarqué à bord du Neptune en 1741, il est promu capitaine de vaisseau le . Il commande L'Aquilon du au ; puis la frégate L'Atalante, 30 canons, lors de la bataille du cap Sicié le . Il appartient alors à l'escadre de Claude-Élisée de Court de La Bruyère (1666-1752), lieutenant général des armées navales depuis 1728, et futur vice-amiral du Ponant en 1750, lequel commande Le Terrible. Le , il commande Le Triton pour une mission à destination de la Nouvelle-France. Il reçoit l'instruction de se rendre à Louisbourg, de s'y entendre avec le marquis de l'Estenduère, puis surveiller la pêche à la morue au large de Terre-Neuve. Guerre de Sept AnsIl est nommé chef d'escadre la , une promotion qu'il doit davantage à ses protecteurs qu'à ses talents d'officier de marine[5]. Il commande La Couronne en 1756 à Port-Mahon et une division de l'armée navale à la bataille de Minorque, au sein de la flotte — placée sous les ordres de La Galissonière — qui bat les Anglais le . Jean-François de Bertet se distingue à cette occasion et obtient du Roi « une pension de 100 pistoles sur la Croix de Saint-Louis » pour sa conduite devant Mahon. Commandant la Marine à Toulon (1758-1759). En , parti de Toulon sur l'Océan à la tête d'un division de six vaisseaux devant aller porter secours à Louisbourg en Nouvelle-France, assiégée par les Britanniques, il est pris dans une tempête le 30 novembre et doit se réfugier dans le port espagnol de Carthagène. Avant qu'il ne puisse en ressortir, l'amiral Osborne, venu de la base britannique de Gibraltar se présente devant ce port avec pour mission de l'y maintenir enfermé afin d'empêcher les secours français d'atteindre Louisbourg. Malgré les renforts français envoyés depuis Toulon, la flotte reste enfermée près d'un an et doit renoncer à se rendre en Amérique du Nord. Les renforts conduits par le marquis de Menneville sont battus lors de la bataille de Carthagène et Louisbourg finit par tomber plus tard dans l'année. Comprenant qu'il ne peut pas franchir le barrage britannique au détroit de Gibraltar, La Clue est contraint de revenir à Toulon. Le , il est de retour au port, il désarme le , ayant donc connu un premier échec. La flotte française est alors prisonnière en Méditerranée. En 1758, le commandeur Pierre-André de Glandevès du Castellet se démet du commandement du port de Toulon, et le ministre de la Marine, Monsieur de Massiac lui écrit le 11 août : « Sa Majesté m'a chargé de vous marquer toute la satisfaction qu'Elle a du zèle avec lequel vous avez rempli la place qu'Elle vous avait confiée »[6]. La place de commandant de la marine, vacante, est alors donnée à La Clue-Sabran qui la conserve quinze mois. Glandevès en assurera à nouveau l'intérim lorsque La Clue-Sabran prendra la mer en . Il reçoit, à cette date, l'ordre de rallier depuis Toulon la flotte de Brest afin de mettre en œuvre le projet d'invasion de l'Angleterre. Toujours embarqué sur l'Océan, il réussit à franchir le détroit de Gibraltar, mais son escadre de 12 vaisseaux et 3 frégates se disloque dans la nuit. Poursuivi par les 14 vaisseaux de la flotte de l'amiral Boscawen alors qu'il n'en a plus que 7, il subit une défaite écrasante à la bataille de Lagos. Cette bataille, et celle de la baie de Quiberon mettront un terme aux projets français d'invasion. Il n'est pas sanctionné à l'issue de cette campagne où ses qualités de chef se sont révélées très insuffisantes, mais il ne reçoit plus aucun commandement. Il se retire du service en 1764 avec lettres de provision de lieutenant général des armées navales accordées par Choiseul. Il décède le , à Passy-lès-Seine, « au bout de quatre jours, de l'opération de la pierre »[2]. FamilleIl est l'oncle de Gaspard-Nicolas de Bertet, comte de La Clue (1732-1815) et de Jean-Baptiste de Laugier, chevalier de Beaucouse (1717-1784)[7], tous deux chefs d'escadre. Son frère, Marc Antoine de Bertet de La Clue, est prêtre du diocèse de Riez et fera de son neveu Gaspard-Nicolas de Bertet de La Clue son légataire universel[8]. Notes et références
Voir aussiSources et bibliographie
Articles connexesLiens externes |