Son œuvre, au croisement de la peinture, du cinéma et de la photographie contemporaine, offre un regard différent sur l’univers de la mode. Sa manière de photographier est très particulière, très proche des Arts plastiques, et illustre le renouveau de la photographie de mode[2]. Lepage a su garder son cap en s’éloignant radicalement des conventions, de la version homogénéisée consacrée du glamour et des restrictions de la commande. Ses œuvres, à la fois séduisantes et inquiétantes, sont le résultat d’un processus créatif particulier : il découpe et grave la surface du négatif pour faire évoluer l’image originale. Depuis plus de trente ans, Lepage a façonné, à travers la noirceur de sa vision unique et sans compromis, son propre univers extraordinaire et étrange.
Biographie
Né en 1960, Jean-François Lepage trouve dès le début des années 1980 des collaborateurs partageant ses idées. Il publie ses premières photographies dans le magazine Depeche Mode (Magazine) et présente sa première exposition, des portraits de l'actrice française Isabelle Adjani, en 1983. La même année, il rencontre Grégoire Philipidhis, directeur artistique de Jill, l’éphémère et très influent magazine de mode indépendant français (1983-1985). Celui-ci embrasse son travail et lui donne la liberté de s’exprimer et d’expérimenter à travers les pages de son magazine. En 1987, Jean-François Lepage décide de mettre un terme à sa collaboration avec les magazines afin de se consacrer essentiellement au dessin et à la peinture tout en poursuivant ses expérimentations photographiques[3].
Après son exil auto-imposé de la photographie éditoriale pendant une longue période de treize années, Lepage est revenu avec une nouvelle approche. Au début des années 2000, il réalise des prises de vue en extérieur pour le magazine italien Amica et montre intentionnellement la source de lumière utilisée pour éclairer ses sujets. Il crée ainsi une atmosphère singulière en mixant la lumière du soleil et son flash électronique posé à même le sol. Jean-François Lepage délaisse alors la palette monochromatique de ses débuts, insufflant à ses photographies une ambiance plus sombre empreinte de dualité. Les images, bien que plus luxuriantes, transmettent un certain malaise. Ses figures solitaires qui habitent des mondes étranges et inquiétants sont comme des personnages suspendus, absents et disloqués, hésitant entre rêves oniriques et cauchemars. Au cours de cette décennie, ses photographies seront publiées dans de nombreux magazines internationaux tels que AnOther Man, Double, Exit magazine, GQ (magazine), SPOON Magazine, Purple et Vogue[4]…
En 2013, Lepage collabore avec la commissaire d’exposition du Festival international de mode et de photographie de Hyères, Raphaëlle Stopin[5], afin de présenter son exposition Memories from the future. En 2014, Lepage décide de s’éloigner une fois de plus de la mode[6]. Il enrichit sa palette en découpant les chutes de pellicules photographiques, issues de ses archives, afin de construire de nouvelles images. Tout particulièrement le Polaroid 891, un film couleur transparent au format 20×25, qu’il utilisait dans les années 1990. MOONLIGHT ZOO, la première monographie[7] de Jean-François Lepage a été publiée en aux éditions Prestel.
Depuis lors, Jean-François Lepage se consacre exclusivement à Genèse (le projet Recycle). Les deux premiers opus PRELUDE[8] et ZOMBIE[9] ont été exposés en Europe lors d'expositions personnelles et de foires de photographie et d'art contemporain[10] tels que, Photo London 2015[11], Art Paris Art Fair 2016 et Unseen Photo Fair en 2014, 2015[12] et 2019[13].
Bibliographie
Jean-François Lepage : Catalogue Exposition, Paris, -, Galerie 213 (Feuillets mobiles) - Auteur: Marion de Beaupré, Christian Caujolle - Ed. Galerie 213 – 1998 (ISBN978-2-9127-9404-8)
Archeology of elegance : 1980-2000, 20 ans de photographie de mode - Auteurs: Marion de Beaupré, Ulf Poschardt, Stéphane Baurnet - Ed. Schirmer/Mosel – 2002 (ISBN978-2-8411-0170-2)