Il est actif à Paris dès le début des années 1620. On connaît aujourd'hui de lui moins d'une cinquantaine d'œuvres, dont un surprenant Flûtiste daté de cette première décennie. De tous les « peintres de la réalité », il paraît le plus ancien à avoir traité les thèmes des cinq sens et des quatre éléments.
Marié à Marguerite Trehoire, il a trois fils morts en bas âge et une fille, Marguerite Linard, qui épouse Jean-Joseph Nau de Maisonrouge, appartenant à la noblesse de robe (le couple laisse une postérité).
Son père Jehan Linard est un peintre français actif à Troyes à la fin du XVIe siècle. Dans l'acte baptistaire de son fils Jacques[1], Jehan Linard est qualifié de « maître peintre ». Aucune œuvre de lui n'est connue. Toutefois, dans son ouvrage sur le peintre verrier Linard Gontier[2], l'historienAlbert Babeau mentionne quelques travaux mineurs accomplis par Jehan Linard pour des églises troyennes.
La mère de Jacques Linard se nomme Anne Thays.
Sa sœur Jeanne Linard épouse Claude Baudesson[3] et donne naissance au peintre de natures mortes Nicolas Baudesson.
46. Assiette en porcelaine, remplie de fraises, Localisation actuelle inconnue.
47. Nature morte au panier de prunes et aux chardonnerets, Dresde, Staatliche Kunstsammlungen, Gemäldegalerie, Alte Meister.
48. Corbeille de raisins aux oiseaux, Localisation actuelle inconnue.
Actualisation du catalogue raisonné
Le 4 Prunes et poires sur un plat (1629), Pinacothèque nationale d'Athènes et le no 32 Corbeille de fleurs, Paris, Musée du Louvre furent exposés à la rétrospective de l'exposition de 1934 (Janvier-) au musée de l'Orangerie, Paris, Orangerie 1934: Les Peintres de la Réalité no 83 et 84 du catalogue.
Le no 12 Corbeille de raisins, pêches et grenades (1636), est passé en vente aux enchères chez Sotheby's New York le , no 93, estimé 200 000 $/3 000 000 $, il n'a pas trouvé preneur.
Le no 26bis (inédit) Bouquet de fleurs dans un vase en céladon sur un entablement, daté en bas à droite 1641, 26,7 cm.; Largeur 34,5 cm. Paris, collection particulière.
Le no 27 est passé en vente le , à Clermont-Ferrand, étude Vassy-Jalenques.
Le no 33 a été vendu à un collectionneur belge par la galerie Haboldt en 2006[8] Ce collectionneur belge est Louis Grandchamp des Raux, sa vente, Paris (Sotheby's-Artcurial) , n° 5.
Le no 49 (inédit) Nature morte aux prunes, collection particulière, Paris, très proche du no 10.
La Coupe au poète
À trois reprises, no 3, no 16 et no 22, Linard a représenté un bol en porcelaine sur lequel est représentée en caractères chinois[9] une version abrégée du poème : L’Ode à la falaise Rouge du poète chinois de la dynastie SongSu Shi (1037 - 1101).
« Pourtant, répartis-je, connais-tu l’eau et la lune ?
L’onde ne cesse de passer mais jamais ne s’en va ;
La lune croît et décroît sans être entamé.
Sous l’angle du changement, le ciel et la terre n’existent pas même le temps d’un battement de cils ;
sous l’angle de la permanence, les choses, tout comme nous, sont infinies.
Qu’avons-nous à leur envier ?
En outre, dans la nature, tout ce qui existe a un maître,
si ce n’est pas mon bien, je ne saurais en prélever la moindre parcelle.
Seules la brise limpide sur le fleuve et la lune étincelante entre les monts s’offrent à nos sens,
spectacle pour les yeux et musique pour nos oreilles.
Nous en jouissons sans limites, en profitons sans fin.
C’est un trésor que la création n’aura pu totalement dissimuler et qui alimente notre bonheur commun.»
Ce poème inspiré d'une excursion sur le fleuve Yangsté est une référence classique de la littérature chinoise.
Référence Bibliographique
Mickaël Szanto, « Pour Jacques Linard, peintre de natures mortes (Troyes,1597 - Paris, 1645) », Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, 2001, pages 25-61, 2002.
Philippe Nusbaumer, Jacques Linard 1597-1645, Catalogue de l'œuvre peint, Abbeville, 2006.
Notes
↑Registre baptistaire de la paroisse Saint-Rémy pour l'année 1597 folio 60 conservé à la médiathèque de l'agglomération troyenne.
↑ Albert Babeau, Linard Gonthier et ses fils, Troyes, 1888, page 8.
↑Valérie Bougault, « Les Peintres de la réalité : l’œil de Pierre Georgel », Connaissance des Arts, no 644, , p. 78
↑Cf. Singular vision, Haboldt, Paris 2012, p. 131, reproduit.
↑La date de la première représentation de porcelaine chinoise dans l'art occidental pourrait être 1514, date de création du tableau de Giovanni Bellini Le Festin des Dieux.