Jacques François Dugommier

Jacques François Dugommier
Jacques François Dugommier
Jacques François Coquille peint par François Bouchot (1836).

Surnom Dugommier
Naissance
Trois-Rivières (Guadeloupe)
Décès (à 56 ans)
bataille de la Sierra Negra
Mort au combat
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Arme Armée francaise
Grade Général de division
Années de service 1750 – 1794
Commandement Armée des Pyrénées orientales
Conflits Guerre de Sept Ans
Guerres de la Révolution française
Faits d'armes Siège de Toulon
Bataille du Boulou
Bataille de la Sierra Negra
Distinctions Croix de Saint-Louis
Hommages Nom gravé sous l’arc de triomphe de l’Étoile : 33e colonne

Jacques François Coquille dit Dugommier[Note 1], né le à Trois-Rivières (Guadeloupe) et mort le lors de la bataille de la Sierra Negra (Espagne), est un planteur esclavagiste et général français du XVIIIe siècle.

Biographie

Créole issu d'une famille de colons

Créole blanc, Jacques François Coquille naît à Trois-Rivières, de Germain Coquille, conseiller du Roi au Conseil supérieur de la Guadeloupe, et de Claire Laurent. Dans cette famille de colons, riche et nombreuse, plusieurs de ses membres ajoutent des surnoms à leurs noms patronymiques afin de se distinguer. Jacques François ajoutera celui de « Dugommier » en 1785, du nom de la plantation caféière dite « Le Gommier », située au Palmiste à Basse-Terre, qu'il avait rachetée à ses parents en 1768[1],[2].

Carrière militaire

Entré tôt dans la carrière militaire, il sert à l’âge de quinze ans dans la compagnie des cadets-gentilshommes des colonies à Rochefort[3] ; il y obtient quelque avancement et mérite la croix de Saint-Louis.

Il combat dès 1759, en participant à la défense de la Guadeloupe contre les Britanniques, puis en 1762 à la Martinique, au cours de la guerre de Sept Ans.

Planteur esclavagiste

Il est réformé sur sa demande en 1763. Après 10 ans de service aux colonies, il se retire pour s’occuper de ses plantations à la Guadeloupe. En plus de la caféière qu'il détenait au Palmiste à Basse-Terre (habitation Le Gommier, sur laquelle 34 esclaves sont recensés en 1777), il possédait trois exploitations sucrières : les habitations Grand'Anse[Note 2] et Grands Fonds à Trois-Rivières[1], et l'habitation du Pérou aux Abymes (74 esclaves recensés en 1784)[2].

En 1765, il se marie à Sainte-Anne avec la créole blanche Marie-Dieudonnée Coudroy-Bottée (1740-1810), fille de Pierre-Antoine Coudroy-Bottée et Marie-Dieudonnée Néron[1].

En difficulté financière, il vend en 1777 sa plantation du Gommier à Pierre Charles Dolet, ancien officier d’infanterie et bourgeois de Bordeaux, qui de son côté lui cède le domaine viticole de Feydeau à Artigues-près-Bordeaux[Note 3],[2]. Dolet étant insolvable, Dugommier vendra une seconde fois cette plantation, à sa sœur, en 1784[2].

Patriote et révolutionnaire

Dès le début de la Révolution française, il fait partie avec Pautrizel des rares grands planteurs à être patriotes, pourtant majoritairement citadins. Leur volonté politique est de s’opposer au pouvoir jugé absolu des planteurs aristocrates qui peuplent l’assemblée coloniale et qui entourent le gouverneur de la Guadeloupe. Un long conflit oppose alors les deux camps[4].

En 1790, une partie des troupes du régiment de Guadeloupe, sous la conduite de Coquille Dugommier, participe à trois expéditions en 1790, en soutien aux patriotes de la Martinique, mais ne parviennent pas à renverser le gouverneur et l’assemblée coloniale[4]. Les aristocrates sortent vainqueurs du conflit. L’armement de leurs esclaves est l’une des principales clés de leur victoire, tandis que les patriotes, majoritairement citadins possèdent peu d'esclaves à armer (7 en moyenne)[4].

Dugommier quitte définitivement la Guadeloupe en juillet 1791, afin de représenter en métropole les intérêts des patriotes des colonies, en tant que député à la Convention. Il espère aussi y contracter un emprunt important, afin de résoudre ses difficultés financières[1].

En 1792, Dugommier endetté est obligé de vendre à distance son habitation de Grand'Anse à son ennemi royaliste Brindeau. Ce dernier essaiera d'armer les esclaves de la plantation afin d'attaquer des patriotes, mais les captifs se retourneront finalement contre leurs propriétaires royalistes[4]. Les insurgés bénéficieront de la mansuétude et de la protection de Pautrizel, ami et parent de Dugommier[4].

Commandant de l’armée d’Italie

À l'aide de la réputation de vrai républicain qu'il s'était faîte, il est nommé le 10 octobre 1792 maréchal de camp, mais sans emploi, lui permettant ainsi de toucher une pension de retraite plus élevée[1]. Il souhaite malgré tout réintégrer l'armée et recevoir une affectation.

Le 22 mai 1793, à force d'en faire la demande, est désigné pour succèder à Carteaux comme général de brigade à la tête de l’armée d'Italie qui assiège Toulon[Note 4] aux mains des Britanniques. Il comprend le plan du chef de bataillon Bonaparte, le fait appliquer et reprend la ville. Il se distingue par son humanité après la reddition de la place. En , il repousse à Gilette les troupes niço-piémontaises de l’Autrichien Nikolaus de Vins en plusieurs combats.

La campagne des Pyrénées-Orientales

Il est ensuite nommé à la tête de l’armée des Pyrénées Orientales le (16 nivôse an II). Il est chargé de reprendre le terrain perdu face aux Espagnols du général Ricardos. Il réorganise l’armée, et la repose après les durs combats de l’année précédente, des assauts inutiles sur les positions fortifiées des Espagnols.

Le , il remporte la bataille du Tech, succès confirmé par la victoire des Albères, le , remportée conjointement avec Moreau, sur les Espagnols et les Hollandais.

La victoire décisive du Boulou ou de Montesquieu, remportée sur les Espagnols du comte de La Union le 1er mai, lui assure la reconquête du Roussillon. Port-Vendres, défendu par le général La Union (qui avait sous ses ordres les 400 nobles français de la Légion Panetier) tombe au cours du mois de mai ; Collioure est reprise le 26. Le , c’est au tour de Commissari. Quelques combats assurent une avancée progressive : à Saint-Sébastien (ca) le , à Trèves le 8.

Il reprend le fort de Bellegarde le (le siège durait depuis le ). Le , une offensive audacieuse lui permet d’enlever la redoute et le camp de Coustouges, mettant en fuite l’ennemi qui abandonne la majeure partie de son matériel.

Le , par un dernier courrier adressé au Comité de Salut Public, il rend un vibrant hommage à Pierre Bayle, un garçon de 11 ans natif de Tourreilles, engagé volontaire, tambour à l’état-major du général Augereau, mort au champ d’honneur en battant la diane afin que les Espagnols n’entendent pas le déplacement de l’artillerie légère française.

Il est lui-même tué le à la bataille de la Sierra Negra[Note 5] (ou de Sant Llorenç de la Muga, ou de Figuières ou Figueres) en Catalogne. À la suite de cette bataille, Figueres est reprise le par Pérignon.

Il fut d’abord inhumé au fort de Bellegarde, dans le bastion qui regarde l’Espagne, et son nom est inscrit au Panthéon. Napoléon conserva son souvenir, puisqu’il légua 100 000 francs à son fils en mémoire du siège de Toulon. Il repose actuellement à Perpignan au cimetière Saint Martin, sous une pyramide au côté du général Dagobert, mort sous son commandement sept mois avant lui.

Hommages et souvenirs

Stèle où ont reposé ses cendres, du au . Fort de Bellegarde (Le Perthus).

Notes et références

Notes

  1. Parfois appelé Jacques Christophe Coquille.
  2. Connue plus tard sous le nom d'habitation Brindeau.
  3. Le château Feydeau, à Artigues-près-Bordeaux, est aujourd’hui le siège du Cuvier, Centre de Développement Chorégraphique d’Aquitaine.
  4. « Le brave Dugommier prend le commandement du siège de Toulon le 20 novembre. Il a quarante ans de service. C’est un des riches colons de la Martinique, officier retiré. Au moment de la Révolution, il se met à la tête des patriotes et défend la ville de Saint-Pierre. Chassé de l’île par les Anglais, il perd tous ses biens. Il a toutes les qualités d’un vieux militaire ; extrêmement brave de sa personne, il aime les braves et en est aimé. Il est bon, quoique vif, très-actif, juste, avait le coup d’œil militaire, du sang-froid et de l’opiniâtreté dans le combat. » (Le Mémorial de Sainte-Hélène).
  5. Voici en quels termes le duc de Bellune a raconté sa mort : « Du côté de la France, la montagne Noire s’élève presque à-pic ; sa pente va se perdre, à droite, dans le ruisseau de Darnuys, à gauche dans l’Obregal. Le comte de La Union, général en chef des troupes espagnoles, avait garni de retranchements toutes les hauteurs à la gauche de Darnuys et sous la montagne ; pas une éminence qui n’eut sa batterie. La mauvaise saison approchait. La Union paraissait décidé à la passer derrière ses 80 et quelques redoutes ; mais Dugommier, lui, avait résolu de se rendre maître de toutes ces positions formidables. Son plan était arrêté, et l’exécution en fut fixée au 17 novembre 1794. Pour mieux suivre les chances du combat, Dugommier s’était rendu à quatre heures du matin sur la montagne Noire, au centre de la ligne de bataille, avec le représentant Delbrel et tout son état-major. Dès que le jour permit de distinguer les objets, une pareille affluence de monde sur ce point fit présumer à l’ennemi que le général en chef s’y trouvait, et il y dirigea bombes et obus avec acharnement. L’action était engagée ; les opérations prescrites s’exécutaient avec précision et rapidité : Dugommier le vit et alla s’établir, pour déjeuner, au pied d’un mur en pierre sèche, qui formait une espèce de petit enclos, sur le sommet de la montagne ; près de lui se tenaient plusieurs de ses officiers, et le nègre Patoche son domestique, ou plutôt son ami le plus dévoué et le compagnon le plus fidèle de tous ses périls. Le représentant Delbrel était à cinquante pas de là dans une batterie d’où nous faisions feu sur le Castillet. Dugommier, tout en prenant de bon appétit son repas du matin, observait avec attention les mouvements de ses troupes et ceux de l’ennemi. Tout à coup, il lui semble que l’attaque de sa gauche se ralentit. Il se lève…, en ce moment un obus, parti des redoutes de Pasamilens, passe en sifflant au-dessus de notre batterie, et rase le mur du petit enclos. Dugommier tombe ; on accourt, on le soulève, on l’examine. Il avait trois côtes brisées et l’épaule droite emportée. Il n’était plus, le vaillant capitaine, le vertueux citoyen, le père de l’officier et du soldat. ».

Références

  1. a b c d et e Vauchelet, « Le Général Dugommier », Revue Historique, vol. 30, no 2,‎ , p. 276–381 (ISSN 0035-3264, lire en ligne, consulté le ).
  2. a b c et d Bernadette et Philippe Rossignol, « La famille Coquille de Guadeloupe et ses véritables origines : Le général Coquille Dugommier », Généalogie et Histoire de la Caraïbe,‎ (lire en ligne).
  3. Hildevert-Adolphe Lara, Contribution de la Guadeloupe à la Pensée Française, Paris, Jean Crès, (présentation en ligne), p. 11-15.
  4. a b c d et e Frédéric Régent, « Révoltes, factions, catégories juridiques et sociales en Guadeloupe (1789-1794) », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, nos 94-95,‎ , p. 87–99 (ISSN 1271-6669, DOI 10.4000/chrhc.1094, lire en ligne, consulté le ).
  5. Site de la mairie de Pointe-à-Pitre, rubrique « Raconter Pointe-à-Pitre ».

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes