Bien qu'il ait épousé, selon les sagas, Maer, une sœur du païen Sven le Sacrificateur[3], Inge est beaucoup moins prudent que son père Stenkil en matière de religion. Il supprime en effet brutalement les sacrifices sanglants rituels, les Blóts, et ordonne à tout le peuple de se faire baptiser et de payer la dîme au clergé[4]. Les Svear rassemblés à Uppsala lui intiment l'ordre de maintenir les anciens rites ou de se démettre. Devant son refus, ils l'accablent de pierres et selon Adam de Brême, il aurait alors quitté l'assemblée en « exultant d'avoir été jugé digne de souffrir cette injure au nom de Jésus »[5].
Vers 1084 une formidable réaction des païens menés par son beau-frère, le sacrificateur « Blot-Sven », l'oblige à abandonner son trône. Après trois ans d'exil au Västergötland, Inge sort de sa retraite, avec ses gardes du corps il traverse le Småland et l'est du Götaland pour venir en Svealand, attaquer son adversaire à l'improviste. Un matin, il encercle la résidence de Thjof, l'un de ses partisans où il séjournait et y met le feu. Tous les occupants sont brûlés vifs, Sven le Sacrificateur parvient cependant à s'échapper du brasier mais il est tué dans sa fuite[4],[3][6] .
Vers 1100, le Götaland est envahi par le roi Magnus III de Norvège. Ces incursions se terminent par deux combats dans les environs de Foxerne qui, selon la saga dédiée au roi norvégien, se concluent par de grands massacres de « Götar » et la soumission au moins temporaire à l'envahisseur d'une partie du Västergötland[7].
L'année suivante en 1101, afin de régler ces conflits territoriaux endémiques qui les opposaient, les trois rois scandinaves, Inge Ier de Suède, Magnus III de Norvège et Éric Ier organisent une conférence de paix à Konungahella (Kungahälla(sv)) à la frontière de leurs États. Un accord est conclu et à cette occasion Margaret une fille d'Inge épouse Magnus III. La sagesse du roi Inge lui assure une fin de règne heureuse et l'on entendait ses sujets proclamer : « Magnus est vigoureux, Eric est beau, Inge est aussi vigoureux et aussi beau qu'eux mais il est plus sage encore ! »[8]. Selon la Saga de Hervor et du roi Heidrekr, le roi Inge mourut de maladie sans doute vers 1105/1110. Il fut inhumé dans l'abbaye de Vreta, fondée avec sa seconde épouse sous le pontificat du papePascal II.
Union et postérité
Inge Ier épousa peut-être en secondes noces une princesse Elin, souvent confondue avec Hélène de Skövde, avec qui il eut trois filles. Les prénoms d'origine grecque de l'épouse et des trois filles du roi Inge, laissent penser que leur mère Elin (Hélène) pourrait être une chrétienne de rite oriental, peut-être princesse russevarègue :
Kristina, la fille aînée du roi Inge Ier, avait épousé en 1095Mstislav Ier Harald, le prince de Kiev qui suivait ainsi une vieille tradition d'alliance avec les Varègues suédois. La « Genealogia Regum Danorum », établie en 1194 pour son arrière-petite-fille Ingeburge de Danemark, reine de France, précise que cette Kristina, grand-mère du roi Valdemar Ier, « filia fuit Ingonis Suevorum regis et Helena regina »[9] (de Valdemar viennent aussi la suite des rois de Danemark et Richeza, mariée à Éric X de Suède) ; dans la descendance de Mstislav et Christine on trouve également la suite des Grands-princes de Kiev ou bien des rois de Norvège (cf. Christina de Norvège) ;
Inge Ier l'Ancien fut également le père d'un prince :
Rögnvald ou Ragnvald que l'on peut identifier sans certitude avec le roi Ragnvald Ier qui régna brièvement vers 1125 mais qui fut lui-même le père de la princesse Ingrid Rögnvaldsdotter.
↑Ex Wilhelmi genealogia Ingeburgis Reginae p. 165.
↑Saxo GrammaticusGesta Danorum, chapitre 13 § 1.1 : Duxit autem Margaretam, patre Ingone Sueonum rege, matre vero Helena natam, cuius castitatem rex Norvagiensium Magnus coniugio delibaverat.
Sources
Régis Boyer (traduction et présentation), La saga de Hervor et du roi Heidrekr : « Du Roi Ingi Steinkelsson », Paris, Berg International, (ISBN978-2900269534), Chapitre XVI.