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Déjà utilisée à l'époque romaine, l'ardoise est surtout exploitée à partir du Moyen Âge, d'abord dans des ardoisières à ciel ouvert (par gradins droits, desservis par treuils ou par plans inclinés), puis souterraine (par galeries et piliers abandonnés pour les couches horizontales, par grandes chambres desservies par des puits pour les couches en dressants). La révolution industrielle, qui débute en Angleterre dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, et se diffuse en Europe tout au long du XIXe siècle, bouleverse les formes d'organisation de la production manufacturière : la maîtrise de l'énergie hydraulique et celle des machines à vapeur favorise le développement de l'emploi des moteurs (actionnant par courroie des moteurs électriques qui fournissent l'électricité pour les pompes d'exhaure, les treuils d'extraction, l'éclairage des galeries, les grues, etc.) et la mécanisation des opérations de transformation (quernage, fendage, rabattage) conduisent à la transformation de l'industrie ardoisière qui passe du stade de l'exploitation artisanale à celui de la grande industrie[1].
Techniques d'extractions
Exploitation à ciel ouvert
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L'exploitation à ciel ouvert est la méthode d'extraction artisanale qui perdure jusqu'au XIXe siècle. Cette méthode est alors délaissée car lorsque l'exploitation atteint des profondeurs importantes, elle augmente les risques d'éboulement et d'accidents[2].
Exploitation souterraine
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L'exploitation souterraine permet d'extraire des schistes ardoisiers plus purs et avec moins de défauts que ceux extraits dans une carrière à ciel ouvert. Les blocs trop volumineux sont soit sciés avant d'être acheminés par wagonnets et remontés à la surface grâce au chevalement, soit directement remontés par dumpers grâce à une descenderie[4].
Processus de transformation
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L'exploitation à ciel ouvert ou souterraine consiste à débiter les blocs de schiste de centaines de kilogrammes. Les blocs extraits par les carriers sont amenés aux ateliers de querneurs qui les divisent en « blochets » ou « repartons » (terme usité en France) plus petits, répondant aux dimensions des différents modèles d'ardoises à obtenir. Ces éléments sont remis aux fendeurs d'ardoises, artisans à leur compte payés suivant le modèle et le nombre d'ardoises qu'ils débitent[Note 1], alors que les mineurs-fonceurs[Note 2] sont des salariés de la mine. Les fendeurs sont qualifiés d'ouvriers d'à-haut, par opposition aux mineurs qualifiés d'ouvriers d'à-bas[Note 3]. La dernière opération est le rabattage (appelée aussi rebattage ou rondissage) par laquelle l'ouvrier rebatteur, disposant d'emporte-pièces ou de découpoirs à main, donne à l'ardoise sa forme et ses dimensions, et dote l'élément de couverture d'un léger biseau (l'épaufrure) qui facilite l'écoulement des eaux et améliore l'esthétique[7]. Selon la taille des exploitations, les opérations de quernage, de fendage et de rabattage sont assurées par la même personne qui jusqu'au début du XXe siècle travaille le plus souvent en plein air sur le carreau, se réfugiant en cas d'intempéries dans des abris mobiles ou des cabanes individuelles, construites en pierre sèches avec les déchets de la carrière, servant de local à outils et de stockage des ardoises protégées du séchage avant le fendage[8].
Par pays
France
En France, l'industrie ardoisière connaît son apogée au XIXe siècle. L'Ouest de la France est le principal centre producteur, avec le Maine-et-Loire comme première région productrice. D'autres exploitations se trouvaient en Bretagne, en Normandie et en Mayenne. En dehors de l'Ouest, on trouve des exploitations dans les Ardennes[Note 4], dans le Massif central, les Alpes et les Pyrénées[10].
Il existe encore plusieurs petits producteurs de carrières comme les Ardoisières de Corrèze (19), Les Ardoises de Plevin (22), les Ardoisières du Neez (65), l’Ardoisière des Pyrénées (65) et Ardoisière des 7 Pieds (74).
Chaque année en France, les couvreurs posent 11 millions de m2 d'ardoises[Note 5], ce qui fait de ce pays « le premier consommateur au monde des ardoises naturelles, notamment le Grand Ouest où ce matériau s'est imposé grâce aux ardoisières d'Anjou » (les Ardoisières d'Angers-Trélazé qui ont fermé en mars 2014). Cependant, la marché français de l'ardoise connaît un déclin depuis les années 2010, en lien à la crise de la construction et à l'architecture contemporaine qui favorise les toits plats et les matériaux de synthèse[12].
Les Ardoisières d'Angers au XVIIIe siècle sont des exploitations à ciel ouvert par gradins droits.
Les fendeurs d'ardoises. Dans cette toile de Ludovic Alleaume réalisée vers 1887, deux ouvriers d'une ardoisière près d'Angers travaillent près de leur abri mobile[Note 7].
L'industrie ardoisière en Espagne(en) est un secteur économique important : en 2018, le pays a extrait 450 000 tonnes d'ardoise pour satisfaire près de 90 % de la production totale mondiale[15]. La Galice est la première région productrice du pays, les plus grandes compagnies ardoisières étant situées à Valdeorras au nord-ouest de l'Espagne[Note 9], mais également à Quiroga[Laquelle ?], Ortigueira et Mondoñedo. Cupa Pizarras (22 carrières, 180 000 tonnes, 430 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016) est le leader mondial de cette filière, devant le groupe allemand Rathscheck(de)[12].
Amérique du Nord
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Brésil
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Notes et références
Notes
↑Le fendeur achète la pierre au poids. Tâcheron payé au rendement, il en taille près en moyenne de 500 à 800 dans la journée. Il apprécie les dimensions d'ardoises qu'il peut extraire d'un bloc en tenant compte de ses défauts.
↑Le mineur-fonceur attaque le schiste au marteau, dans une foncée d'avancement (fossé au milieu dans le sens de la veine) qui permet d'attaquer la première tranche[5].
↑Ces ouvriers sont victimes de lésions pulmonaires (notamment la schistose ou « maladie des ardoisiers » chez les mineurs) et rhumatismales. « On estime que pour que le système fonctionne bien, une ardoisière doit employer un tiers de mineurs pour deux tiers de fendeurs[6] ».
↑Avec notamment Fumay, capitale ardoisière jusqu'en 1971, comme le rappelle la fresque des Scailleteux de Georges-Armand Favaudon inaugurée en 1988. Apposée sur un mur de soutènement de l'avenue Jean Jaurès au centre de Fumay, elle représente les différentes étapes du travail de transformation du schiste depuis son extraction jusqu'aux multiples phases de taille. Les ardoisiers appelés localement les "Scailleteux", sont réalisés en béton armé sur ce bas-relief. Le revêtement est réalisé en ardoise et calcaire de Givet[9].
↑« En 2008, en France, l’ardoise était le matériau choisi pour 11 % des surfaces couvertes (toitures)…Tout n’est pas de l’ardoise naturelle : cette dernière doit faire face aujourd’hui à la concurrence de matériaux de synthèse présentant l’apparence de l’ardoise, essentiellement de la fibre de ciment… Le matériau naturel reste toutefois bien positionné[11] »
↑La carte postale représente au premier plan, à gauche le transport des dalles de schiste à dos d'homme (hottée), le fendage des ardoises et leur stockage au centre, et à droite l'exhaure dans les carrières (puisement de l'eau à l'aide de seaux en bois).
↑Cet abri est une claie appelée tue-vent ou coupe-vent, recouverte de genêts et de paille et qui est déplacée selon le régime des vents dominants. L'ensemble des tue-vents d'un chantier forme ce que l'on appelle « la butte ». Dans de nombreuses ardoisières, les blocs de schiste, de qualité variable, sont attribués aux fendeurs par le contremaître ou par tirage au sort, évitant les rivalités entre ouvriers. Sur ce tableau, le querneur qui a entamé l'ardoise à la scie, se livre à l'opération du boucage (division de la plaque d'ardoise dans le sens de la longueur appelée longrain, grâce au bouc qui est un ciseau à querner). Son apprenti, dont la période d'apprentissage dure trois à quatre ans, fend un reparton au maillet et au ciseau graissé (frotté régulièrement sur un tampon huileux, le « graisseur »), dans le sens du fil, pour former des plaques d'épaisseur correspondant à quatre ardoises, appelées quartelles[13]. Avant d'être assis devant un établi muni d'une presse à pédale permettant de manœuvrer du pied ou du genou un grand ciseau, le fendeur travaillait debout, plié en avant. Il portait « généralement une épaisse couche de vêtements pour se tenir chaud, mais aussi pour se protéger des coupures. Chemise rembourrée, pull en laine, tablier, vieux pantalon entouré de « guêtres » de chiffon autour des mollets et maintenues à l’aide de ficelle ou de chambres à air de bicyclettes » étaient de rigueur, ainsi que les lourds sabots qui ont l'aspect de deux gros blocs de bois massifs permettant de caler le schiste contre leur face interne[14].
↑Depuis les sites ardoisiers de Bretagne mais aussi d'Anjou et des Ardennes, un cabotage actif s'est développé pour transporter des cargaisons d'ardoise en Angleterre. Cette loi de 1666 marque le déclin de la couverture en chaume et l'essor de celle en ardoise.
↑Fraguiña en Valdeorras, près de la commune d'O Barco (capitale mondiale de l'ardoise) est la plus grande mine ardoisière au monde[16]
Références
↑Paul Augé, Larousse du XXe siècle en six volumes, vol. 1, Librairie Larousse, , p. 322
↑Gérard Linden, Les mots des mines et carrières du Maine-et-Loire, Cheminements, , p. 17-18
↑Gérard Linden, Les mots des mines et carrières du Maine-et-Loire, Cheminements, , p. 19
↑Gérard Linden, Les mots des mines et carrières du Maine-et-Loire, Cheminements, , p. 22
↑Gérard Linden, Les mots des mines et carrières du Maine-et-Loire, Cheminements, , p. 114.