Hugues PernetHugues Pernet
Hughes Pernet, né le à Nantes (Loire-Inférieure.), est un diplomate français. Il fut le premier consul de France à Kiev le 23 mai 1990 et premier ambassadeur de France en Ukraine du 1er avril 1992 au 13 janvier 1993. BiographieHughes Pernet, né le à Nantes, est titulaire d'une licence d’histoire et diplômé du cycle supérieur de spécialisation sur l’URSS de l’Institut d’études politiques. Admis au concours pour le recrutement de secrétaires des Affaires étrangères (Orient) le 28 novembre 1977, il commence sa carrière comme troisième secrétaire à Sofia en 1977-1978 puis à l’administration centrale (Amérique) en 1979-1981, au secrétariat général de la sécurité nucléaire en 1981-1982. Il revient à l’administration centrale (Affaires économiques et financières) en 1982-1984, est nommé premier secrétaire à Moscou en 1984, deuxième conseiller au même poste de 1984 à 1987 puis à Washington de 1987 à 1990. Il est le premier consul général de France à Kiev nommé le 23 mai 1990 puis ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de France en Ukraine le 1er avril 1992 peu après l’indépendance de ce pays[1]. Il relate son séjour en Ukraine et les événements vécus dans un ouvrage paru en mars 2023 et plusieurs interviews[2]. Il quitte ce poste le 13 janvier 1993 pour une affectation en qualité de ministre conseiller auprès de l’ambassadeur en fédération de Russie Pierre Morel où il reste jusqu’en 1996. Il est ensuite ministre conseiller à Washington de 1996 à 1999, directeur de l’Europe continentale à l’administration centrale de 1999 à 2003 puis ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Belgrade, octobre 2003 [3]. Hugues Pernet a deux filles, Claire née en 1981 et Julie en 1982[4]. Il s’adonne à la sculpture[5]. Journal d'un ambassadeur de France à KievCet ouvrage est essentiellement le récit du séjour d'Hugues Pernet à Kiev de mai 1990 au 13 janvier 1993, comme consul puis ambassadeur de France. Création du consulat de France à KievLa création ex nihilo de ce consulat de France fait suite à la rencontre de François Mitterrand avec Mikhaïl Gorbatchev à Kiev le 6 décembre 1989 au lendemain de la chute du mur suivie de l’annonce en dix points du plan allemand sur la réunification, pour lequel il n’a pas été consulté. Le président aperçoit à sa descente d’avion le consul d’Allemagne et constate l’absence de représentant de la France. Il décide, en conséquence, de créer un consulat de France à Kiev[6]. Hughes Pernet, russophone ayant exercé des fonctions de conseiller d’ambassade à Moscou entre 1984 et 1987 après une première présence dans le cadre du service national en 1974 et 1975 où il suivait les cas humanitaires, ayant, de plus, été affecté en 1981 et 1982 au Secrétariat général de la sécurité nucléaire auprès du Premier ministre, expérience utile dans période suivant l’accident de Tchernobyl, était le plus qualifié pour ce poste[7]. La création du consulat fut publiée au Journal officiel le 6 juin 1990, après l’accord des autorités soviétiques, avec une modeste équipe comprenant, outre le consul Hugues Pernet, son épouse Françoise, attachée de presse, qui avait précédemment exercé les fonctions de traductrice à l’ambassade de France à Moscou de 1971 à 1976 et de 1984 à 1987, et du consul adjoint Jean-Ulric Cillard, s’installa à l’hôtel Dnipro le 25 juin 1990, rejoints par la suite par un conseiller commercial, un conseiller culturel et plusieurs collaborateurs[8]. Quelques jours plus tard, le 16 juillet 1990, le Soviet suprême d’Ukraine adoptait la Déclaration de souveraineté de la république socialiste soviétique d’Ukraine par 355 voix sur 359 suffrages exprimés. Cette Déclaration était un compromis entre la majorité dominée par le parti communiste majoritaire préemptant une évolution apparaissant inévitable, en même temps conservateur inquiet des orientations de Gorbatchev pouvant conduire au délitement du parti communiste de l’Union soviétique, et l’opposition du parti nationaliste Roukh dont la plupart des membres venaient d’être libérés des camps. La Déclaration instaurait la suprématie des lois de la République sur celles de la Fédération et prévoyait la formation d’une force armée dans le cadre d’un Etat neutre n’appartenant à aucune alliance militaire, les citoyens ukrainiens devant effectuer leur service militaire sur le territoire de l’Ukraine[9]. La fin de l’année 1990 est celle d’un déclin de l’économie soviétique et de l’Ukraine (baisse de 8 % du PNB) et de désorganisation des relations économiques à l’intérieur de l’URSS, enlisement s’accompagnant de conflits sociaux. Le consulat participait à la distribution de l’aide humanitaire apportée par des villes françaises jumelées et à l’installation d’un centre médical franco-ukrainien « les enfants de Tchernobyl »[10]. Hugues Pernet assistait aux débats à la Rada, transparence inouïe en Union soviétique. Russophone, il en comprenait l’essentiel, non la totalité des échanges en Ukrainien, langue proche du russe, la proximité étant équivalente à celle de l’italien et du français. Installation du consulat dans un bâtiment dédiéLe consulat, quittant son installation provisoire à l’hôtel Dnipro, emménage enfin dans un bâtiment neuf inauguré le 13 juin 1991 par le ministre des Affaires étrangères Roland Dumas par un discours citant Mikhaïl Gorbatchev et ne mentionnant pas les autorités ukrainiennes présentes, significatif de la grande prudence du gouvernement français et d'une part d'aveuglement de « Gorbimania »[11]. Le référendum fédéral lancé par Gorbatchev sur la conservation de l’URSS sous forme de fédération rénovées, sur l’appartenance de l’Ukraine à l’Union des Etas soviétiques sur la base de la Déclaration de souveraineté d’Etat de l’Ukraine donne 70,5 % d’approbation à la première question, 81,5 % à la deuxième mais avec des résultats divergents suivant les régions. Ceux de Lvov dans l’ouest étaient très inférieur, de 24,8 % sur la question fédérale, de 39,2 % pour la deuxième question mais de 82,3 % sur une question locale sur l’indépendance ajoutée dans cette ville[12]. Après le putsch manqué de Moscou du 19 août 1991, les parlementaires du Soviet suprême de la RSS d’Ukraine votent le 24 août 1991 par 321 voix sur 360 présents la proclamation d’indépendance de l’Ukraine qui serait soumise à un référendum le 1er juin 1991 en même temps que l’élection du président au suffrage universel. Il fut décidé la création d’un ministère de la Défense, le placement des troupes de l’armée soviétique, du KGB et du ministère de l’intérieur sous l’autorité du gouvernement et du Soviet suprême, d’Ukraine et le transfert des propriétés fédérales à la République[13]. Premières menaces voilées de la RussieDeux jours après cette proclamation, le président Eltsine déclare le 26 août 1991 :« La fédération de Russie ne remet pas en question le droit à l’autodétermination garantie à chaque Etat et peuple par la Constitution. Il existe néanmoins le problème des frontières, dont le règlement n’est possible et admis que s’il y a des accords d’alliés consacrés par un accord approprié. En cas de rupture de tels rapports, la fédération de Russie se réserve le droit de soulever la question d’une révision des frontières. Cela se rapporte à toutes les républiques contiguës, sauf les trois pays baltes. La Russie en a déjà reconnu l’indépendance nationale, en confirmant ainsi l’absence de litiges territoriaux dans les rapports bilatéraux de ces républiques. » Cette déclaration contenait une menace implicite concernant la Crimée et les régions orientales de l’Ukraine avec ses populations russes sur des territoires contigus à la Russie[14]. Le 27 août, les autorités ukrainiennes déclaraient être disposées à engager des négociations avec la Russie sur la base du traité entre les deux républiques signé le 19 novembre 1990 dont l’article 6 disposait que « chaque partie peut défendre les droits de ses citoyens résidant sur le territoire de l’autre partie, leur garantit une aide et un soutien conformément aux normes du droit international ». La déclaration menaçante du 26 août aboutit à l’envoi d’une délégation dirigée par le vice-président russe Alexandre Routskoï accompagnée du maire de Léningrad Anatoly Sobtchak accueillie aux cris de « Vive l’Ukraine indépendante, Sobtchak à Moscou ! ». Le communiqué final sur les pourparlers entre les deux délégations rappelait les articles 2 et 6 du traité du 9 novembre sur le respect de l’intégrité territoriale et le droit de chaque république de défendre ses concitoyens [15]. Au cours de rencontres du 11 au 17 septembre du ministre de la Défense Pierre Joxe à Moscou et à Tachkent, Alexandre Iakovliev proche conseiller de Mikhaïl Gorbatchev déclara : « Si l’Ukraine devenait complétement indépendante, la Crimée et le Donbass ne voudraient pas en faire partie. L’Ukraine perdrait ainsi une part importante de son potentiel économique »[16]. Lors d’une rencontre du 3 octobre avec le président François Mitterrand, Leonid Kravchouk affirma le refus de l’Ukraine d’entrer dans quelque Union que ce soit et vouloir n’avoir que des relations directes de république à république[17]. Leonid Kravchouk rappela par ailleurs le souhait de l’Ukraine d’être neutre et dénucléarisée et de ne pas participer à la décision du feu nucléaire. Il souhaitait cependant contrôler l’arsenal nucléaire sur son territoire et s’opposait à tout transfert d’armes autrement que pour leur destruction[18]. Indépendance de l'UkraineLe référendum du 1er décembre 1991 confirme l’indépendance de l’Ukraine par 90,32 % des suffrages exprimés, seulement 54,19 % en Crimée pour une participation également plus faible de 65,5 % et le président Leonid Kratchouk est élu par 61,9 % des suffrages exprimés[19]. Contrairement à la plupart des pays européens, le gouvernement français s’est abstenu d’envoyer un message de félicitations à la suite d’un scrutin incontesté[20]. Création de l'ambassadeLe consulat est transformé en ambassade de France en Ukraine, Hugues Pernet étant nommé ambassadeur par décret publié au Journal officiel du 1er avril 1992[21]. Dénucléarisation de l'UkraineLe président Kravtchouk demandait que le processus de dénucléarisation de l’Ukraine (transfert de 3600 têtes nucléaires soviétiques du sol ukrainien vers la Fédération de Russie), s’accompagne de compensations financières et de l’engagement des grandes puissances occidentales à garantir l’intégralité territoriale de l’Ukraine menacée par la Russie. Or les réponses des autorités occidentales, notamment américaines, étaient restées évasives. Les États-Unis, dont la priorité était à cette époque la zone Pacifique, ne souhaitaient s’engager qu’a minima, en rassurant les Ukrainiens sans inquiéter les Russes. Le mémorandum de Budapest du 3 décembre 1994 signé par les présidents Clinton, Eltsine et Kravtchouk contenait une déclaration de non-recours à l’arme nucléaire contre un État dénucléarisé mais sans engagement de défendre l’Ukraine en cas d’agression avec des forces conventionnelles[22]. Les germes du conflitLes prémices d’un conflit étaient perceptibles dès le début de l’indépendance de l’Ukraine perçue par Moscou comme une Sécession. Ses causes sont historiques, dès 1990 bien avant l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, et liées à la situation géographique d’un État sans frontières naturelles. En conclusion, Hugues Pernet estime qu’il faudrait « s’abstraire du contexte émotionnel et donner sa chance à la diplomatie pour résoudre une guerre impensable mais bien prévisible »[23]. DistinctionsChevalier de l'ordre national du Mérite BibliographieHugues Pernet, Journal du premier ambassadeur de France à Kiev 1990-1993 : aux origines de la guerre, Paris, Flammarion, , 327 p. (ISBN 978 2 0804 1995 8) Dans cet ouvrage, Hugues Pernet relate son expérience de consul de France à Kiev puis d’ambassadeur de France en Ukraine. Notes et références
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