Hérésie des JudaïsantsL'hérésie des Judaïsants (Jidov'stvouyouchtchié[1] - « Ceux qui suivent les traditions juives »), est un mouvement religieux lancé par Skhariya (ru) (ou Zacharie) le Juif, qui apparaît à Novgorod et Moscou dans la seconde moitié du XVe siècle. Développement historiqueLes adeptes de Skhariya/Zacharie mènent une intense campagne, et l'un des fidèles, l'archiprêtre Aleksei, parvient à convertir l'entourage d'Ivan III, grand-duc de Moscou. Cependant, bien qu'initialement tolérée, la secte est ensuite réprimée (Skhariya le Juif est exécuté en 1491 sur l'ordre d'Ivan III) et semble disparaître au début du XVIe siècle. Sa doctrine n'est connue que par les textes de ses persécuteurs, l'archevêque Gennade de Novgorod et surtout Joseph de Volokolamsk dans son Illuminateur. DoctrineDe nombreuses traductions à partir de l'hébreu furent réalisées (Bible, ouvrages d'astrologie, traductions de Maïmonide et d'Al-Ghazali pour l'usage des synagogues dans une langue russe caractéristique de la Lituanie de l'époque (Zacharie était de Kiev). Dans l'atmosphère d'effervescence intellectuelle qui caractérise Novgorod au XVIe siècle, les commentaires se développèrent alors sur la Genèse, les Prophètes, le Livre des Rois, le Livre des Proverbes, mais aussi sur d'autres ouvrages, tels que Sylvestre, pape de Rome ou le discours de Cosmas sur les Bogomiles ou encore sur les œuvres de Ménandre, Athanase d'Alexandrie, Denys l'Aréopagite. L'astrologie se popularisa, notamment avec la lecture des Six Ailes d'Emmanuel ben Jakov, une compilation de tables astronomiques du XVIe siècle. Les calculs des dates de la Pâque juive et celle de Pâques chrétienne orthodoxe s'opposaient et provoquaient un conflit avec l'Église : Gennade de Novgorod et l'Église orthodoxe prévoyaient en effet une fin du monde imminente avec l'entrée (calculée) dans le septième millénaire (selon une ère Anno Mundi), alors que les calculs juifs rapportaient l'époque contemporaine au sixième millénaire[2] d'une telle ère. Globalement, ce fut surtout le doute de plus en plus généralisé sur les Écritures, doute qui poussa peut-être à rejeter la divinité de Jésus[3] qui provoqua la réaction de l'Église orthodoxe russe. Sa pleine adhésion au judaïsme reste très discutée, malgré les accusations portées[4], mais une reprise d'au moins certaines pratiques semble tout à fait assurée. Certains chercheurs affilient ce mouvement aux cercles karaïms, d'autres considèrent qu'il n'y avait pas d'hérésie et que « c'était vraisemblablement un mouvement humaniste »[5]. Notes et références
Sources
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