Hélder Câmara
Hélder Pessoa Câmara, ou plus couramment, Hélder Câmara, né le à Fortaleza au Brésil et mort le à Recife, est un évêque catholique brésilien, archevêque d'Olinda et Recife de 1964 à 1985, qui est connu pour sa lutte contre la pauvreté dans son diocèse et dans le monde. BiographieFils de João Câmara Filho et d'Adelaide Pessoa Câmara, Hélder Câmara est l'avant-dernier d'une famille de 13 enfants. Sa mère est institutrice et son père journaliste[1]. Ordonné prêtre le à Fortaleza, il est nommé coadjuteur du cardinal Jaime de Barros Câmara, archevêque de Rio de Janeiro, le et consacré évêque par celui-ci le suivant. Le , il est promu archevêque d'Olinda et de Recife, dans le Nordeste, une des régions les plus pauvres du Brésil. Il le restera jusqu'au , où atteint par la limite d'âge, il part à la retraite. En 1955, il participe à la création du Conseil épiscopal d'Amérique latine (CELAM). Proche du cardinal Montini, qui deviendra plus tard pape sous le nom de Paul VI, il participe activement au concile Vatican II, s'opposant fermement à la tendance conservatrice. Au sein du CELAM, il contribue à la définition de « l'option préférentielle pour les pauvres », ce qui lui vaut d'être violemment attaqué par les groupes intégristes proches de Gustavo Corção. À peine nommé évêque de Recife, Hélder Câmara décide de quitter les lambris de son palais épiscopal pour s'installer dans une modeste maison au cœur des bidonvilles de sa ville[1]. Dom Hélder devint un défenseur des droits de l'homme au Brésil et une des figures de la théologie de la libération en Amérique latine, fermement engagé en faveur des plus pauvres, ce qui lui valut le surnom de « évêque des pauvres[2] » ou « évêque des bidonvilles[3] ». Petit par la taille, celui qui est appelé « père Hélder » par ses amis les plus proches - qui le surnomment aussi le « Mecejanense » (en référence à son origine de Messejana (pt)) - ressemblait à un géant dès qu’il prêchait en public[4]. Son engagement lui valut bien des critiques de la bourgeoisie brésilienne. Il est l’objet de nombreuses attaques dénonçant son passé anticommuniste intégraliste. Hélder Câmara critique la dictature militaire brésilienne, qui le surnomment « l'évêque rouge[5] », ce qui lui fit dire : « Je nourris un pauvre et l'on me dit que je suis un saint. Je demande pourquoi le pauvre n'a pas de quoi se nourrir et l'on me traite de communiste. » Marginalisé dans l'épiscopat brésilien et opposant à la dictature des généraux (1964-1985), il fait des séries de conférences en Europe et spécialement en France (en 1970 au Palais des sports ou en 1983 avec La Vie), pendant lesquelles il dénonce la situation de pauvreté du tiers monde, les ventes d'armes à son pays, la guerre du Viêt Nam et la violence de la dictature brésilienne. Proche des mouvements non-violents et se référant à Gandhi et Martin Luther King, il met en place une pastorale dirigée vers le service des pauvres, qui s'appuie sur le mouvement Action Justice et Paix (cf. Spirale de la violence, Paris, 1970) et sur un séminaire populaire dans lequel il souhaite que les futurs prêtres soient aussi bien formés à l'action sociale qu'à la théologie. En 1977, il participe à la Conférence des évêques d'Amérique latine sur la non-violence. Il est fait docteur honoris causa des universités de Louvain en 1970, Chicago en 1974, Amsterdam en 1975 et Uppsala en 1977. En 1979, Jean-Paul II lui rend hommage lors de son voyage au Brésil mais nomme, en 1985, José Cardoso Sobrinho pour lui succéder, contre la volonté de Câmara qui envisageait son évêque auxiliaire Mgr José Lamartine ou son héritier spirituel Mgr Marcelo Pinto Carvalheira, qui deviendra archevêque de João Pessoa[6]. Le nouvel évêque, qui a fait l'essentiel de sa carrière à Rome, se charge de faire table rase de toute son action pastorale libérationniste, fermant notamment l'Institut de théologie de Récife et le séminaire régional de Nord-Est II, renvoyant les prêtres étrangers dans leur pays et enterrant les travaux de la Commission Justice et Paix[7]. Dom Hélder reste fidèle au Saint-Siège et ne commentera pas ces démantèlements. L'écrivain italien Umberto Eco, dans Le Pendule de Foucault, le décrit ainsi : « Comment pouvais-je encore penser européen, quand j'apprenais que les espoirs de l'extrême gauche étaient entretenus par un évêque du Nordeste, soupçonné d'avoir sympathisé avec le nazisme dans sa jeunesse, lequel, avec une foi intrépide, tenait bien haut le flambeau de la révolte, mettant sens dessus dessous le Vatican effrayé et les barracudas de Wall Street, enflammant de liesse l'athéisme des mystiques prolétaires conquis par l'étendard menaçant et très doux d'une Belle Dame qui, transpercée de sept douleurs, contemplait les souffrances de son peuple ? »[8] Il meurt le . BéatificationLe , s'est ouvert à la phase diocésaine le procès en béatification de Dom Hélder, dans l'archidiocèse d'Olinda et Recife, à l'occasion des Journées mondiales de la jeunesse 2013, réunies au Brésil. Hélder Câmara est donc considéré par l'Église catholique comme « serviteur de Dieu ». À l'issue de cette phase diocésaine du procès, l'évêque Fernando Saburido demande en que la cause en béatification de Dom Hélder Câmara soit ouverte à Rome. Il écrit notamment que « Dom Hélder a été, et est, un grand exemple pour les gens qu’il a encouragés à vivre l'Évangile »[9]. Le , le Parlement brésilien, sur proposition du gouvernement, attribue à Hélder Câmara le titre de patron des Droits de l'Homme[10]. Distinctions
Œuvres
Notes et références
Voir aussiSources bibliographiques
Articles connexesLiens externes
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