À la fin de ses études elle rejoint ses parents installées depuis 3 ans villa Champfleuri dans le quartier de la Californie à Cannes[2] où Danaé crée le parc et les jardins protégés depuis 1990 au titre des Monuments historiques[5]. Le sport est une tradition familiale[a] : le père d'Hélène est président du Golf Club de Cannes-Mandelieu[6], le cousin de son père André Marino et sa petite-cousine Lally sont des champions internationaux de golf[7] et Hélène elle-même fait du ski, de l'alpinisme, du hors-bord et organise des « courses haletantes de tortues » comme elle en informe ses anciennes camarades dans le magazine de l'école. Elle a aussi des activités plus civiques comme le scoutisme, la traduction en Braille d'articles pour les périodiques destinés aux aveugles ou la participation aux actions caritatives de la communauté britannique de Cannes, notamment auprès des jeunes enfants[3],[4].
Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, elle participe à l'organisation et au fonctionnement de la Cantine militaire de la gare de Cannes qui ravitaille les soldats partant défendre la frontière entre la France et l'Italie. L'un de ses frères est prisonnier de guerre[3]. À la création en 1942 du Centre d'entr'aide (CEA) pour les prisonniers de guerre rue Teisseire, Hélène Vagliano prend en charge à titre bénévole le service d'aide aux familles[8]. Elle est dès 1941 recrutée, sous le nom de code de Veilleuse, comme agent de renseignements sur les activités de l'ennemi et responsable d'un poste émetteur, dans la section cannoise du réseau Tartane-Masséna rattaché au réseau Phratrie du Bureau central de renseignements et d'action[b] et s'occupe également des passages en Espagne et en Afrique du Nord, de cacher des personnes en danger et de mettre des enfants à l'abri[9].
Trahie et dénoncée par une bénévole du centre d'entraide dont elle avait aidé le fils à quitter la France, elle est arrêtée par les miliciens de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme le au siège du CEA[2] avec d'autres camarades qui sont relâchés au bout de quinze jours[10]. Elle est conduite à la villa Montfleury, siège de la Gestapo à Cannes, où elle est interrogée et frappée pendant deux jours et deux nuits. Face à son mutisme elle est transférée à la prison de Grasse où les méthodes sont plus brutales encore : elle est marquée au fer rouge sur le visage et sur tout le corps mais refuse toujours de parler. Elle est conduite le à la villa Trianon, siège de la Gestapo dans le quartier Cimiez à Nice, puis incarcérée dans les caves des Nouvelles-Prisons où l'interrogatoire violent se poursuit quotidiennement. Ses parents sont arrêtés et transférés en même temps qu'elle. Ils sont également interrogés et frappés et on les fait assister à son calvaire dans l'objectif de la faire parler. Le 6 août elle signe, contre l'assurance de leur libération, une déposition déchargeant ses parents de toute responsabilité mais l'accablant complètement sans pour autant livrer aucun véritable nom ni aucune véritable adresse[11]. Elle a le temps de souffler à sa mère avant leur libération : « Je vais les envoyer partout en France, à la recherche de gens qui n'existent pas »[3]. Le 13 août elle réussit à leur faire parvenir une lettre les prévenant que la Gestapo envisage de les reprendre et une autre à son chef de réseau l'assurant qu'elle ne parlera jamais[11].
Au matin du 15 août elle reprend espoir en entendant l'annonce du débarquement de Provence. Le même jour à 15 heures elle est conduite en camion avec 23 autres prisonniers, dont elle soutient le moral jusqu'à la fin, au lieu-dit l'Ariane où ils sont abattus par trois rafales de mitraillette et achevés par une balle dans la nuque[12]. Le maréchal Montgomery adresse à sa mère une lettre en ces termes :
« Your daugter laid down life so that Europe might be free[12]. »
« Jeune fille d'une très haute élévation morale et d'un patriotisme ardent, a pendant plus de deux ans donné tout son temps et toutes ses forces au service du pays. D'un dévouement sans bornes et d'un courage tenace et réfléchi, a rempli en territoire occupé par l'ennemi un nombre incalculable de missions dangereuses, assurant des passages de Français en Espagne, cachant fréquemment chez elle des agents des armées alliées et fournissant régulièrement un courrier important de renseignements sur l'ennemi. Arrêtée par la Gestapo vingt jours avant le débarquement allié en méditerranée, torturée quotidiennement pendant quinze jours a eu devant ses bourreaux et en dépit des souffrances atroces qui lui étaient infligées, une conduite digne des plus beaux éloges. Fusillée le 15 août 1944 dans l'après-midi, est morte en héroïne soutenant jusqu'au bout le moral de ses camarades par son attitude courageuse devant la mort. »
— De Gaulle, président du gouvernement provisoire de la République française, Décret du 26 mars 1945 portant nomination d'Hélène Vagliano de la Direction générale ses études et recherches dans l'Ordre national de la Légion d'honneur au grade de Chevalier à titre posthume[14],[15],[b]
Décorations
Hélène Vagliano est récipiendaire, à titre posthume, des décorations suivantes :
L'arbre ci-après retrace la généalogie de la famille Vagliano dans laquelle s'inscrivent la saga des trois frères Marino(el), Panagis(el) et Andreas(el), fondateurs de la compagnie maritime[16],[17],[18], la famille d'Hélène Vagliano descendant de Marino[1], celle d'André Marino, champion de golf[7] et de ses filles Dorothée (Lally), championne de golf, et Sonia, membre du corps des Volontaires françaises également décorée de la Légion d'honneur[19] et auteur des Demoiselles de Gaulle[20], descendant d'Andreas.
Athanasios Vallianos (Kerameies(el), 1775 - Kerameies, 1842) qui épouse Kerasia. Ils ont six enfants :
Metaxa (Kerameies, 1798 - ?) qui épouse Rubina Theotokis Kambitzis. Ils ont cinq enfants :
Athanase (? - ?),
Stamoula (1839 - ?),
Elegko (? - 1839),
Diamantina (1842 - ?),
Royaume (1847 - 1906).
Spyridon (Kerameies, 1802 - Kerameies, 1892) qui épouse Eleni Sourvanou). Ils ont cinq enfants :
Marino (? - ?),
Michel (1857 - 1939),
Athanase (1865 - 1929),
Christoforos (1870 - 1925) (reste s'occuper des domaines à Céphalonie) qui épouse une fille Destounis. Ils ont cinq filles :
Maria (? - ?) qui épouse le comte Henri de Kersaint. Ils ont de nombreux enfants et petits-enfants.
Vassilis (? - 1912) qui épouse Orange. Ils n'ont qu'une fille :
Danae (1886 - 1958).
Panagis(el) (Kerameies, 1814 - Londres, 1902), meurt sans enfant et une grande partie de ses biens revient à son neveu, Athanasios. Deuxième des trois frères de la saga.
Nikolaos (Kerameies, 1819 - Kerameies, 1919) qui épouse Anthymia. Ils n'ont pas d'enfants.
Andreas(el) (Kéramies, 1827 - Marseille, 1887) qui épouse Ephrosyne Mela. Troisième des trois frères de la saga. Ils ont dix enfants :
↑Bien que liés au Golf Club de Cannes-Mandelieu dont son père puis son frère Francis sont présidents, les parents d'Hélène Vagliano, contrairement à ce qu'indiquent plusieurs auteurs, ne sont pas à l'origine du Vagliano Trophy(en). En effet, Marino (Athanasio) Vagliano (1882-1959), le père d'Hélène, et André (Marino) Vagliano (1896-1971), le champion de golf, sont deux personnes distinctes issues de deux branches différentes de la famille. Voir à ce sujet : (el) « Κληροδότημα Παναγή Βαλλιάνου », sur klirvaglianos.gr, « La saga Vagliano : André Marino Vagliano (1896 – 1971) », sur apgf.fr, Octave Justice, « Le golf-club à Cannes », Le Monde illustré, lire en ligne sur Gallica), André Cottalorda, La Fabuleuse histoire du sport cannois : de 1859 à nos jours, Cannes, Synergie éditoriale des auteurs indépendants, , 220 p. (BNF36593271) et Bernard Vadon, Golf Club de Cannes-Mandelieu : Histoire d'un centenaire 1891-1991, Paris, Golf Magazine BC Édition, , 95 p. (présentation en ligne).
Jean Védrine (dir) (préf. Johanna Barasz, Jean-Pierre Azéma, Hubert Védrine), Dossier Les prisonniers de guerre, Vichy et la Résistance (1940-1945) : recueil de témoignages d'informations et de commentaires sur les activités, en France, des prisonniers de guerre... évadés ou rapatriés avant 1945, dans l'administration PG, l'action sociale PG, la Résistance PG, Paris, Fayard, (1re éd. 1981), 931 p. (ISBN978-2-213-66627-3, BNF43717057, lire en ligne)
Catherine Daniélidès, Un siècle de présence grecque sur la Côte d'Azur, 1917- 2012, Nice, C. Daniélidès, , 261 p. (ISBN978-2-7466-5184-5, BNF42750401)
(el) Παναγιώτα Μοσχονά, Παναγής Α. Βαλλιάνος : Από τη μυθοπλασία στην ιστορία, Athènes, Κληροδότημα Παναγή Βαλλιάνου, , 289 p. (ISBN978-960-98620-0-4, lire en ligne)